Mitt Romney, His Wife and His Frayed Jeans

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Mitt Romney, sa femme et son jean effiloché

Mitt Romney, «le futur président américain » comme il est d’usage de dire en campagne électorale, a quelques atouts encore peu connus, que l’on a pu observer lors d’un petit meeting ce mardi à Florence, en Caroline du Sud. Le plus évident est son épouse Ann Romney, une -fausse- blonde, moins spectaculaire sans doute que Callista Gingrich ou (dans un tout autre genre) Michelle Obama, mais très engagée elle aussi dans la campagne de son mari. C’est elle ce mardi, comme dans la plupart des meetings de Romney maintenant, qui est chargée d’introduire son mari et de rompre la glace. «Les gens se demandent pourquoi nous faisons tout cela, lance-t-elle depuis la petite estrade de la salle des fêtes de Florence. Et bien tout cela est ma faute ! » Après la précédente campagne pour les primaires de 2008, elle avait dit « Plus jamais ça ! » explique Ann, qui souffre par ailleurs d’une sclérose en plaques, actuellement en rémission. Et Mitt de rétorquer : « Tu as dit ça après chaque grossesse ! » A force de « plus jamais ça », le couple en est à cinq enfants et une seconde campagne électorale qu’Ann Romney assume corps et âme : « J’ai pu constater que le pays va dans la mauvaise direction. Et j’ai demandé à Mitt : Tu peux arranger cela ? » Il le peut, dit-il…

Selon un fidèle de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, qui connaît la famille Romney depuis plus de 30 ans (mais qui vote plutôt Obama), Ann est bel et bien un pilier pour Mitt, ce n’est pas du chiqué. « Elle est plus importante pour lui que la présidence » assure ce coreligionnaire qui a longtemps travaillé aux côtés de Mitt du temps où il présidait aux destinées des Mormons de la région de Boston. Dans cette campagne, Ann Romney a surtout le grand mérite d’apporter une touche de chaleur humaine à son mari, autrement perçu comme plutôt guindé, plus à l’aise parmi les colonnes de chiffres que parmi ses concitoyens.

Mitt Romney n’est pas de ceux qui enflamment les foules, peut-on encore constater ce mardi à Florence, où une centaine seulement d’électeurs ont fait le déplacement. Son speech dure moins de 20 minutes, pendant lesquelles il réussit tout de même à rappeler trois fois que le pire pour les Etats-Unis serait de devenir comme… l’Europe (c’est l’un de ses leitmotiv, déjà évoqué ici, et nous y reviendrons). Tandis que ses adversaires républicains l’attaquent à tout va, pas une fois Romney ne daigne même les évoquer. Sa défense est indirecte: à tous ceux qui le jugent trop peu conservateur, il assure qu’il représentera bel et bien un “contraste net” avec Obama, lequel conduit donc les Etats-Unis vers cet ignoble modèle “socialiste” européen.

La surprise vient à la fin, quand le discours est terminé. Mitt Romney reste sur le podium et prend le temps de serrer une à une toutes les mains qui se tendent. Pendant presque une demi-heure, il salue, félicite les vétérans, fléchit les genoux pour être à la bonne taille sur les photos, signe ses affiches électorales et gratifie tout le monde de généreux «How are you ? », « Happy to sign ! » Tout le monde peut s’approcher et découvrir que le favori de la course républicaine à l’investiture porte un jean qui se termine en ficelles sur des chaussures un peu râpées. Tout multimillionnaire soit-il, Mitt fait toujours très attention à ne pas trop dépenser, avaient déjà fait savoir ses proches. C’est une pose bien sûr, pour briser l’image du rupin très au-dessus des préoccupations de l’Américain moyen. Mais lorsqu’il fait ainsi le tour de toutes les mains qui se tendent, un mot gentil pour chacun, on se prend à croire, comme son entourage l’assure aussi, qu’en petit cercle Mitt Romney n’est pas du tout aussi froid et hautain qu’il en a l’air.

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