Yes We Can, Take Two

Edited by Katya Abazajian

 

 

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Tous ceux qui pensent que Barack Obama aura du mal à refaire campagne en 2012 sur un message d’action, espoir et changement, comme en 2008, ont dû manger leurs pronostics mardi soir. Dans son SOTU, le très solennel discours annuel sur l’état de l’union, Obama a même repris d’entrée le slogan de 2008, promettant cette fois «une Amérique construite pour durer» et martelant : «We can do this», «Je sais que nous le pouvons, parce que nous l’avons déjà fait auparavant». Le président a aussi énuméré une longue liste de projets et réformes qu’il voudrait encore lancer et qui nécessiteraient forcément un deuxième mandat: réforme de l’immigration (c’était déjà à l’ordre du jour en 2008, mais il n’a pas eu le temps ou les soutiens suffisants pour s’y mettre), réforme fiscale (s’assurer que les millionnaires paient au moins 30% d’impôt sur le revenu, ce qui tombe particulièrement bien le jour où son challenger républicain Mitt Romney a dû révéler qu’il paie moins de 15% sur ses plus de 20 millions de revenus annuels), aide au refinancement des crédits immobiliers ou encore création d’un nouveau département de lutte contre les mauvaises pratiques commerciales chinoises…

Pour la première fois de façon aussi appuyée, Barack Obama a aussi brandi, en tout début puis de nouveau en conclusion de son discours, ce qui reste à ce jour le principal «acquis» de sa présidence, l’assassinat d’Oussama ben Laden. Jusqu’à présent, Obama avait eu le triomphe relativement modeste et n’en parlait pas trop, mais cela changera à mesure que la campagne électorale avance, nous avait prévenu un conseiller de la Maison Blanche l’été dernier. L’assassinat de Ben Laden est le seul point que les républicains ne peuvent attaquer ni contester.

Comme l’avaient deviné aussi les vieux renards de la politique américaine (Paul Begala, David Gergen…), avant même que ce SOTU ne soit prononcé, Barack Obama est en train d’essayer de «recadrer» le débat national sur des sujets qui pourraient lui être favorables: il a relativement peu parlé ce mardi de l’emploi ou de la dette, pour mettre plutôt l’accent sur le besoin de justice et d’équité, sociale ou fiscale. Si la question centrale en novembre 2012 est le taux de chômage, Obama aura du mal à gagner. Si le problème central devient les inégalités, les riches qui ne paient presque pas d’impôts et les pauvres menacés de perdre leur «filet de protection sociale», la bataille se présentera beaucoup mieux pour le président démocrate sortant. Pour cela, le mouvement «Occupy», qui oppose 1% d’ultra-nantis aux 99% restant de la population, est venu très à propos. Obama a repris et corrigé ses chiffres, opposant, lui, 2% de riches qui bénéficient de cadeaux fiscaux aux 98% des familles américaines qui gagnent moins de 250 000 dollars par an. A ces 98%, il promet de ne pas augmenter les impôts. Pour illustrer le propos, la secrétaire de Warren Buffett (qui est plus imposée que son milliardaire de patron, comme on commence à le savoir, depuis des mois que la Maison Blanche le martèle) avait été invitée à assister au débat, dans la loge de Michelle Obama. Qu’on se le dise: le problème numéro un n’est plus le chômage ou même la relance de l’économie, mais plutôt le besoin «de fairness» dans ce pays.

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