Au moment où les nuages s’accumulent au-dessus de la tête du président Sarkozy, le ciel semble s’éclaircir pour le président Obama aux Etats-Unis. Certes la plus grande prudence s’impose : les pronostics peuvent se renverser encore de multiples fois.
Mais dans ce diagnostic, qui constitue beaucoup plus une photo instantanée de l’équilibre des forces politiques en présence qu’une prévision, trois considérations entrent en jeu : l’état de l’économie, le rejet relatif des présidents-candidats en exercice (même si, en France, Nicolas Sarkozy ne s’est pas officiellement déclaré) et, enfin, le comportement des principaux partis d’opposition des deux cotés de l’Atlantique.
Aux Etats-Unis une légère reprise se confirme, même s’il est impossible de prédire ce que sera la conjoncture dans neuf mois. A l’inverse, en France, dans les moins de quatre-vingt-dix jours qui nous séparent de l’élection, aucune embellie ne se profile à l’horizon.
Aux Etats-Unis, Obama a certes très largement perdu le soutien des électeurs indépendants, qui avait été décisif pour sa victoire en 2008. Il a également déçu une partie importante de son électorat démocrate, qui l’a trouvé bien tiède en matière de réformes et qui lui reproche de ne pas avoir pris suffisamment de distance par rapport à Wall Street. Ses qualités d’orateur exceptionnel l’ont presque desservi. A l’heure de la crise, l’Amérique ne souhaitait pas tant un Démosthène qu’un Roosevelt. Mais, en dehors d’un électorat ultraconservateur et pour partie raciste, il n’y a pas rejet de sa personne, mais refus de sa politique ou déception par rapport à son action. En France, le rejet du président Sarkozy est d’une tout autre nature. Il semble plus lié à son essence qu’à ses performances, mêmes si certaines dimensions sécuritaires de sa politique passent mal auprès d’un électorat de sensibilité humaniste qui s’était rallié à lui, faute de mieux, au deuxième tour des présidentielles de 2007. C’est le caractère subjectif, émotionnel de ce rejet qui le place dans une situation, en apparence au moins, plus difficile que celle de Barack Obama.
Restent le comportement et les choix de l’opposition. Il y a un peu plus de dix jours, la course à l’investiture républicaine semblait s’être achevée avant même d’avoir commencé. Le choix de la raison l’emportait sur celui du coeur. Les républicains n’aimaient pas Mitt Romney, pas assez conservateur à leurs yeux, mais il avait une qualité rare. Il semblait être le plus éligible des républicains. L’appétit de pouvoir semblait l’avoir emporté sur toute considération idéologique. Ce bel équilibre s’est brutalement renversé. Les républicains n’avaient pas trouvé de raisons d’aimer Romney, ils ont enfin trouvé des raisons de le rejeter. Sa fortune est insolente, la modicité, parfaitement légale, de son taux d’imposition fiscale est indécente. Peu importe que son rival Newt Gingrich soit également fort riche, lui est un « vrai conservateur ». Peu importe aussi qu’il appartienne par son statut social, son éducation et sa richesse aux élites qu’il dénonce avec virulence. En cette période de crise économique, une frange importante du Parti républicain semble plus obsédée par l’argent que par le sexe et détourne son regard des frasques conjugales de Gingrich pour se concentrer sur les feuilles d’impôt de Romney. Certes rien n’est joué et la campagne risque d’être longue. Mais, aujourd’hui, la dynamique électorale semble s’être renversée en faveur de Gingrich, le candidat a priori le moins redoutable pour Obama en raison de ses excès et de son imprévisibilité totale.
En France, à l’inverse, au sein du Parti socialiste, l’appétit de pouvoir semble l’avoir emporté sur toute considération idéologique. La tâche du président Sarkozy face au candidat de la raison du Parti socialiste semble plus difficile que celle du président Obama s’il se retrouvait en novembre prochain face au candidat de coeur du Parti républicain. Des deux côtés de l’Atlantique, il existe, du fait de la profondeur de la crise économique, un thème unificateur : celui de la justice sociale. Les citoyens sont prêts à consentir à des efforts pour peu qu’ils soient équitablement répartis entre toutes les couches de la société. La moindre taxation (relative) des plus riches ne constitue pas seulement un argument de campagne d’Obama contre Romney. C’est une thématique plus globale qui joue objectivement en faveur du président en fonction aux Etats-Unis et en faveur de Hollande en France.
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