Facebook Wasn’t Founded on the Promise of a Pension

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Il n’y a pas de CDI chez Facebook

L’euphorie suscitée par l’introduction prochaine en bourse de Facebook me conduit à tenir à nouveau des propos politiquement incorrects. Quelqun a-t-il remarqué que l’Amérique capitaliste et inégalitaire continue d’innover, de créer de la richesse et des emplois ? Comment s’appelle le Mark Zuckerberg français ?

Il est encore possible et même recommandé aux États-Unis de s’enrichir par le travail et la prise de risque. Le fondateur de Facebook agé de 27 ans détiendra encore après l’introduction en bourse de sa société, 56, 9% de ses droits de vote. Peut-on imaginer en Europe qu’un jeune (il a encore l’air très jeune) puisse ainsi contrôler un empire de 100 milliards de dollars ?

Oui Mark Zuckerberg a réussi à changer le monde. Comme Steve Jobs hier, comme Sergey Brin (fondateur de Google), comme Michael Dell (fondateur de Dell Computers), comme Bill Gates (cofondateur de Microsoft), comme Reed Hastings (fondateur de Netflix), comme Larry Ellison (fondateur d’Oracle) ou Jeff Bezos (fondateur d’Amazon)…la liste est longue.

Plus de 800 millions de personnes se sont abonnées à Facebook. L’entreprise vieille de huit ans, en croissance de 88%, gagne déjà plus d’un milliard de dollars par an. Mark Zuckerberg a fait cela sans subvention publique. Sans protection contre la concurrence étrangère. Sans instruction de fonctionnaire d’élite. Sans avoir lu Alain Minc ou Jacques Attali. Sans obéir à un plan quinquennal. Sans passer de concours qui donne accès à une carrière, un emploi et une pension à vie.

Lorsque l’action de Facebook sera cotée, probablement au printemps, quelque 1000 personnes sur le campus de Facebook à Menlo Park (Californie) deviendront millionnaires. Aucun de ces salariés n’est protégé par un contrat à la française. Ils ne sont pas syndiqués. Ils travaillent comme des fous. Sans compter leurs heures. Ils ne savent pas ce que sont les RTT, les vacances de février, les allocations familiales, les aides à la rentrée et les tickets restaurant.

Ils savent en revanche que rien n’est acquis. Qu’en ce moment même il y a quelque part dans un garage, dans un dortoire d’université, en Inde, en Chine ou aux États-Unis, un autre petit malin qui est en train d’inventer quelquechose qui peut en quelques mois anéantir la suprématie de Facebook.

Ils savent que cette menace n’est maîtrisée par personne. Ils ne militent pas pour qu’une loi vienne les protéger. Aucun parlementaire, aucun expert, aucun ministre, aucun gourou, aucun Barack Obama, ne peut dire quand ou comment l’innovation technologique va changer le statu quo actuel sur internet ou ailleurs.

C’est le marché qui décidera. Ce marché est imparfait, sujet aux modes et phobies. Il est constitué entre autres d’apporteurs privés de capitaux, comme Goldman Sachs par exemple. La banque qu’il faut absolument conspuer si l’on veut paraître respectable, mais fait partie de ces multiples institutions capitalistes qui ont permi à Facebook d’en arriver là aujourd’hui. Oui la finance est nécessaire pour créer des emplois. Non les banquiers ne sont pas tous des voleurs et des parasites.

Ce marché est aussi constitué de millions d’internautes à la recherche de moyens de communiquer, de se distraire ou de renverser les gouvernements qui les oppriment. Ce marché, c’est le capitalisme en marche.

Un système chaotique qui ne prétend pas réduire toutes les inégalités. Un système qui ne garantit pas que le bien triomphe du mal, qui ne sauve pas les bébés phoques. Un système qui n’apporte pas la réponse à tous les problèmes. Un système qui accorde trop d’importance à l’argent comme mesure unique du succès.

Mais un système qui mieux que les autres crée la richesse nécessaire pour ensuite servir le bien-être général. Un système qui se nourrit de la liberté de créer, de prendre des risques, de réussir. Un système qui récompense le travail et décourage la passivité et la revendication. Un système qui ne discrimine pas en fonction de la religion, de l’origine ethnique, du sexe ou de l’accent que l’on a quand on parle. Un sytème qui s’il est bien reglementé, reste ouvert, change le monde, refuse l’immobilisme, les privilèges, les rentes de situation, les corporatismes et la centralisation des pouvoirs.

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