At Cape Canaveral Romney Isn’t Promising the Moon

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Dans la bataille contre la morosité, le pessimisme et le sentiment de déclassement qu’est aussi la campagne 2012 pour la présidentielle américaine, la relance de la conquète spatiale est un thème forcément porteur. Surtout pour les républicains qui ont beau jeu de dénoncer l’arrêt par Barack Obama du programme Constellation de retour sur la Lune, comme relevant de l’abandon national. Surtout dans l’Etat de Floride où le centre spatial de la Nasa à Cap Canaveral et ses sous-traitants, fournissent des milliers d’emplois.

Newt Gingrich, jamais en retard d’une idée farfelue susceptible de provoquer la polémique, a proposé d’installer «une colonie permanente sur la lune pour exploiter ses ressources» minérales. Mitt Romney, son principal adversaire pour la primaire républicaine du 31 janvier en Floride, ne pouvait pas rester muet sur un pareil sujet.

Il a donc tenu un meeting, vendredi 27 janvier, à Cap Canaveral, dans le hangar d’Astrotech, une entreprise d’ingéniérie spatiale. En bras de chemise, requinqué par sa bonne prestation au débat télévisé de la veille et par des sondages suggérant qu’il a rattrapé son retard sur Gingrich, il a affirmé qu’ «il [était] temps de redonner une ambition spatiale aux Etats-Unis». «Pour attirer les électeurs de la région du centre spatial, je pourrais promettre des centaines de milliards de dollars. Je sais que ce serait très populaire. Mais c’est simplement une mauvaise chose à faire», a dit-il dit, en guise de pique à son rival, mais sans jamais citer son nom.

Dans ce dossier spatial, républicains et démocrates jouent à fronts renversés. Alors que ces derniers, plus favorables à l’intervention de l’Etat fédéral dans l’économie, ont réduit drastiquement les dépenses publiques, les républicains, soucieux de faire vibrer la corde patriotique, font miroiter une relance des investissements de l’Etat. Mitt Romney, a rappelé qu’il a fait une grande partie de sa carrière «dans le privé» et indiqué que les missions dans l’espace devaient avoir des retombées commerciales et technologiques, notamment en matière de climatologie, de santé et de défense. L’énoncé de ce dernier thème a déclenché un tonnerre d’applaudissments dans une assistance où se trouvaient beaucoup d’anciens combattants (M. Romney commence systématiquement ses réunions en demandant aux «veterans» de lever le bras et en les faisant applaudir).

«Dire que depuis Obama, nous sommes dépendants d’une fusée russe pour accéder à notre station spatiale, grommelait Alicia, 54 ans, comptable, à la sortie du meeting. Avec le programme spatial, le président actuel a renoncé à une partie de ce qu’est l’Amérique». Tout en réclamant «moins d’Etat et de gouvernement», elle souhaite des dépenses publiques dans ce domaine «qui fait la grandeur de ce pays».

Comme les quelque 200 personnes présentes – pas un seul Noir et peu de jeunes -, elle a bu les paroles du candidat à la nomination républicaine, qui a qualifié la conquête spatiale d’ “élément de l’exceptionnalisme américain”. «Je ferai tout pour que l’Amérique reste le plus grand pays du monde», a-t-il lancé, sans indiquer la moindre orientation précise. La veille, lors du débat télévisé, il avait prudemment déclaré qu’une fois élu, il consulterait des scientifiques et des industriels sur le sujet, afin de valider son idée d’un «programme fort, éclatant» associant l’industrie privée et la défense. «Je ne chercherai pas à établir une colonie sur la lune. Je pense qu’un tel projet coûterait des centaines de milliards, voire des trillions. Je préfèrerais reconstruire des logements ici, aux Etats-Unis».

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