Benchmarks: The Union and the Rest of the World

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Repères – L’Union et le reste du monde

Mardi, Barack Obama a bien peu parlé de politique étrangère dans son discours sur l’état de l’Union. Le contexte y est pour beaucoup: les campagnes électorales portent rarement sur l’étranger lointain et presque toujours sur les questions de pain et de beurre.

Bill «It’s-the-economy-stupid!» Clinton l’avait compris, George W. Bush aussi. Les deux ont séduit les électeurs en s’adressant à leur portefeuille, même si les événements les ont ensuite forcés à consacrer une bonne partie de leur énergie à la politique étrangère.

En 2008, Barack Obama a parlé d’économie parce que ses compatriotes commençaient à pâtir, même si la crise ne lui a véritablement sauté au visage qu’après les élections. Contrairement à ce qui est arrivé à ses prédécesseurs, aucun événement international ne l’a obligé à détourner son attention des questions matérielles et «domestiques». La morosité continue de caractériser l’économie, déteignant fortement sur le discours électoral actuel.

Le président américain a quand même entamé son intervention de mardi avec l’Irak, Oussama ben Laden et l’Afghanistan. Comme il évoquait la fin (réelle ou souhaitée) de conflits impopulaires, on peut dire que c’était de bonne… guerre (électorale). Tout comme le fait de saluer le courage des militaires américains. Il n’a évidemment pas parlé des violences qui déchirent les deux pays dont ces derniers se retirent, ni des relations entre Washington, Kaboul et les insurgés afghans, qui tiennent à la fois du mariage open et des intrigues amoureuses à la Feydeau.

Barack Obama a habilement fait le lien entre la sécurité nationale et l’économie, affirmant que la meilleure façon de garantir la première consiste à relancer la seconde sur des bases assainies.

Il a haussé le ton à l’égard de la Chine, lui reprochant de tolérer le piratage des produits américains et de s’adonner en matière de commerce à des pratiques déloyales. «Nos travailleurs sont les plus productifs du monde et, s’ils jouent à armes égales, ils gagneront toujours», a-t-il dit avec l’assurance d’un quart-arrière à l’approche du Super Bowl.

D’aucuns ont fait un rapprochement avec un discours de 1952 dans lequel Dwight D. Eisenhower soulignait l’importance des assises économiques et fiscales de la puissance des États-Unis. Sans remonter aussi loin, on peut voir dans le volet étranger du discours de mardi un reflet fidèle du dernier énoncé de politique étrangère de Barack Obama.

Il était inévitable que le président aborde, ne serait-ce que succinctement, le dossier nucléaire iranien (pour dire que «toutes les options demeurent sur la table») et la relation avec Israël (pour dire qu’elle est «à toute épreuve»).

Barack Obama a salué le printemps arabe avec un peu plus d’emphase, rappelant que les États-Unis prôneront leurs valeurs et défendront leurs intérêts dans la région concernée, tout en admettant avec un mélange de résignation et de modestie que l’avenir y paraît incertain. Comme nombre de ses compatriotes, le président a compris que les États-Unis ne disposent ni des capacités ni du prestige nécessaires pour dicter leur conduite à tous les peuples de la Terre.

Au fond, il n’avait peut-être pas besoin de s’étendre très longuement sur les enjeux planétaires mardi, étant donné la minceur des idées qu’ils inspirent au camp adverse.

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