Rick Santorum Scares Republican Establishment

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Passé en tête des sondages, le préféré de la droite chrétienne multiplie les propos extrémistes qui feraient le jeu d’Obama.

Dans une campagne républicaine censée se mener sur le terrain de l’économie, c’est le «théologien en chef» Error! Hyperlink reference not valid. qui mène le jeu depuis quelques semaines, caracolant en tête des sondages -à la grande inquiétude d’un establishment républicain qui le juge beaucoup trop extrême pour battre Error! Hyperlink reference not valid..

Chaque jour, tandis qu’il sillonne les petites villes de l’Ohio et du Michigan, cœur industriel du pays sinistré par le chômage, ce candidat chrétien conservateur, doué pour établir le contact avec les ouvriers paupérisés, ne perd pas une occasion de revenir sur les «valeurs», entre deux plaidoyers pour une renaissance de l’industrie manufacturière américaine. Critique du remboursement de la contraception et des tests prénataux, plaidoyer pour un désengagement de l’État fédéral de l’éducation, défense de l’enseignement du «créationnisme» (la version biblique des origines du monde) au même titre que des théories de l’évolution dans les cours de sciences… À chaque meeting, Santorum revient inexorablement sur ces sujets des fameuses «guerres culturelles» qui déchirent l’Amérique depuis des décennies, au risque d’affaiblir son potentiel de «rassemblement» dans la perspective de l’élection générale. L’équipe d’Obama affûterait déjà ses couteaux pour «le mettre en pièces».

«Dans les années 1930, on disait aussi: “C’est un type bien, pas de problème”, et puis on a vu ce qui s’est passé», a lancé Santorum il y a deux jours, dans une tirade qui semblait comparer le président démocrate à Hitler… Samedi dernier, il s’indignait contre «la fausse théologie» d’Obama en matière d’environnement, qui «n’a rien à voir avec la théologie de la Bible». Favorable à une reprise des forages pétroliers et gaziers tous azimuts, cet ami intime de «Big Oil» et «Big Gaz», qui nie le changement climatique, allait jusqu’à dire qu’Obama était prêt à sacrifier «le bien-être des Américains» pour «le supposé avenir de la planète», y lisant la volonté idéologique du président de «prendre le contrôle de la vie des gens».

Quitte ou double pour Romney

Pour l’instant, Santorum trouve un écho favorable dans l’électorat populaire conservateur. Il est en tête des sondages nationaux, avec 33,8% des intentions de vote contre 28% à Error! Hyperlink reference not valid.. Dans le Michigan, qui tient sa primaire le 28 février – et sera, de l’avis général, un quitte ou double pour Romney, car il ne peut se permettre de perdre l’État où il est né et où son père fut gouverneur -, Santorum est également en tête, à 34,7% contre 31,5% à Romney, même si l’écart se resserre.

Cela peut-il durer? Très inquiets, les «grands chefs» du Parti républicain s’interrogent. En privé, ils jugent Santorum trop à droite pour gagner la Error! Hyperlink reference not valid.. Ce qu’ils craignent, c’est un scénario à la Barry Goldwater, un ultraconservateur passionné qui avait gagné la primaire républicaine en 1964 pour finalement s’effondrer face au président démocrate Lyndon Johnson. «La pureté idéologique ne va pas de pair avec l’unité»,a averti le gouverneur du Mississippi Haley Barbour. Santorum peut-il «jouer dans la cour des grands?, interroge Jonathan Bernstein dans le Washington Post. Comparer Barack Obama à Hitler n’est pas un bon signe».

Les patrons du Parti républicain ont également la hantise d’une primaire dont les empoignades dévasteraient le champ de la droite jusqu’à l’élection. Dans ce cas de figure, la Convention de Tampa deviendrait le lieu d’un grand marchandage. On commence même à parler de l’émergence surprise d’un candidat providentiel – tel l’ex-gouverneur de Floride Jeb Bush (frère de George W.), un conservateur reaganien, plus rassembleur que les prétendants actuels…

Suspens jusqu’à mardi

Si Romney gagne finalement le Michigan et l’Arizona et s’impose lors des primaires du Super Tuesday, le 6 mars, l’investiture du parti ne devrait plus lui échapper. C’est toujours l’hypothèse que privilégie son équipe, qui insiste sur le resserrement des écarts dans les sondages et table sur l’impact d’une campagne de publicité massive menée par son super comité d’action politique (super PAC) d’ici au 28. C’est aussi le pari du journaliste John Gizzi, qui souligne l’absence de soutiens de l’establishment pour Santorum. Pas un sénateur et pas un gouverneur ne l’a pour l’instant adoubé. Les partisans de l’ancien sénateur de Pennsylvanie rétorquent que cette absence de soutiens en haut lieu ne l’a pas empêché de gagner le Missouri, par exemple. Le suspense va donc se prolonger au moins jusqu’à mardi prochain. Mercredi, un débat républicain télévisé, organisé par CNN à Mesa, en Arizona, devrait permettre de prendre le pouls d’une opinion volatile et difficile à décrypter.

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