Edited by Katya Abazajian
Iran. Barack Obama détient la clé
Benyamin Netanyahou paraît déterminé à faire parler la poudre en Iran. C’est la pire des options pour un Moyen-Orient, déjà miné par les guerres et les tensions. Le premier ministre israélien affirme que rien ne le dissuadera de bombarder les centrales nucléaires iraniennes. Selon de nombreux observateurs, les frappes sont programmées et la seule incertitude qui demeure est celle du moment où celles-ci interviendront. Le chef du Mossad, Tamir Pardo, rentre de Washington où il a informé la Maison-Blanche. Car sans la logistique de l’Oncle Sam toute initiative militaire israélienne apparaît quasi impossible à mettre en œuvre.
Le régime iranien affirme toujours qu’il ne vise pas autre chose que de se doter du nucléaire civil. Bien entendu, la plus grande vigilance de la communauté internationale s’impose, compte tenu de ce qu’est la théocratie iranienne. Mais la démarche de Téhéran n’est en rien illégitime. Surtout qu’adhérent au traité de non-prolifération nucléaire, le pays continue de se soumettre aux inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). La raison recommanderait donc de rester sur ce terrain politique de la surveillance et du dialogue pour obliger le régime des mollahs à respecter ses engagements « non proliférants. »
Si Netanyahou apparaît déterminé à passer outre, c’est qu’il est affaibli aujourd’hui sur la scène politique intérieure, avec la multiplication de mouvements sociaux qui traduisent le mécontentement d’une population doublement touchée par la crise et la gabegie militaire. Les frappes pourraient constituer une classique diversion et le moyen de resserrer les rangs derrière lui. En Iran, le pouvoir, affaibli lui aussi par le chômage et la flambée des prix, pourrait être tenté par une diversion analogue, dans l’espoir de ressouder la population derrière lui. D’où sans doute la multiplication des provocations anti-israéliennes des dignitaires du régime.
Reste que Barack Obama détient la clé. Peut-il renoncer à empêcher l’allié israélien d’intervenir dans l’espoir de donner des gages aux ultras du Parti républicain, candidats contre lui à la présidentielle de novembre, qui l’accusent de faiblesse à l’égard de Téhéran ? Ce calcul électoraliste-là ne jetterait pas seulement une ombre terrible sur la stature du président des États-Unis, il provoquerait une déflagration régionale aux conséquences incalculables.
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