Washington hésite à épauler les rebelles
Les Etats-Unis se méfient des opposants, dont ils ne savent rien.
Des «mesures supplémentaires» seront envisagées si la pression diplomatique ne suffit pas en Syrie, ont fait savoir mardi les porte-parole de la Maison Blanche et du département d’Etat américain. L’administration Obama suggère ainsi qu’elle pourrait enfin passer à l’acte en Syrie, comme le demandent de plus en plus de républicains, notamment John McCain, candidat malheureux à la présidentielle de 2008.
Concrètement, cela signifierait apporter un soutien logistique aux rebelles syriens ou assurer la sécurité de «zones protégées». Dans l’immédiat, Maison Blanche et département d’Etat continuent pourtant de souligner que l’heure reste à la diplomatie : «Nous ne voulons pas prendre des mesures qui contribueraient à une plus grande militarisation en Syrie», a rappelé mardi le porte-parole de la présidence, Jay Carney. Les militaires américains font valoir que des «zones protégées» ou des «corridors humanitaires» requerraient la neutralisation des forces aériennes syriennes, et donc une opération militaire de grande ampleur, dont ils ne veulent pas.
Ces déclarations contradictoires traduisent surtout le grand embarras de la diplomatie américaine, tétanisée par l’évolution de la situation en Syrie. Washington serait très heureux de voir tomber le régime de Bachar al-Assad, allié de l’Iran et pourvoyeur d’armes au Hezbollah. Mais les services de renseignement américains n’accordent guère davantage de confiance aux rebelles syriens, qu’ils voient liés aux sunnites irakiens et infiltrés par Al-Qaeda. Il serait «prématuré» d’armer ces rebelles, «tant que nous n’aurons pas clarifié qui ils sont et ce qu’ils représentent», soulignait récemment le général Martin Dempsey, chef d’état-major des armées. «Si on veut livrer des armes à l’opposition syrienne, on ne peut de toute façon pas le faire ouvertement, ajoute un diplomate occidental. Cela se fait, ou se fera, via les alliés qui sont sur place : Qatar, Arabie Saoudite…»
A défaut d’intervenir ouvertement sur le terrain, les Etats-Unis continuent donc de se démener sur la scène diplomatique. La secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, participera demain à la Conférence des amis du peuple syrien, à Tunis. L’idée est d’y rassembler une «coalition internationale la plus large possible» pour maintenir la pression sur Bachar al-Assad, durcir les sanctions contre le régime et renforcer l’opposition en l’encourageant à inclure toutes les composantes de la société syrienne.
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