Ingérence américaine
Invité par le quotidien El Khabar à s’exprimer dans le cadre d’un forum, l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger M. Henry S. Ensher a déclaré que le gouvernement américain serait prêt à jouer le rôle de médiateur entre l’Algérie et le Maroc dans la résolution de leurs conflits, ” si les deux parties le souhaitaient “. Les Etats-Unis soutiennent, selon lui, tous les efforts visant à la réouverture des frontières entre l’Algérie et le Maroc et à la résolution des conflits qui caractérisent les relations entre les deux pays. A propos des prochaines élections en Algérie, l’Ambassadeur US pense que ” les nouveaux partis, qui ont eu leur agrément, n’ont pas assez de temps pour se faire connaître et faire connaître leurs projets et programmes “. Ainsi, non content de livrer au public la position de son pays sur le problème des frontières entre l’Algérie et le Maroc, le diplomate s’autorise franchement des appréciations sur les prochaines élections électorales. Il va même pousser le bouchon plus loin en estimant qu’une partie des Algériens soutiennent les idées des islamistes, “ce qui est une chose normale, puisqu’ils partagent ensemble la même société et le même pays et parce qu’ils font partie de la société”. Ce n’est pas tant le contenu de ces déclarations qui pose problème mais leur caractère d’immixtion dans les affaires internes de notre pays. L’ambassadeur ignore-t-il qu’il est tenu à l’obligation de réserve de par ses fonctions diplomatiques ? Mesure-t-il les conséquences de ses propos, dans le pays même où il exerce officiellement, lorsqu’il se laisse aller à évoquer l’idée que ” seuls les résultats sur le terrain ” permettraient de savoir si le processus des réformes en cours est positif ou négatif ? Ces déclarations, apparemment anodines, sont l’expression manifeste d’une ingérence dans les affaires internes d’un pays souverain et devraient susciter des protestations officielles de Medelci. Après celles, similaires jusqu’à un certain point concernant l’avènement éventuel d’un pouvoir islamiste, émises par Xavier Driencourt l’ambassadeur de France à Alger, lors d’une récente rencontre avec la presse, il semble que les représentants agréés de ces deux puissances prennent de plus en plus leurs aises ici, au point de se départir des usages les plus courants dans les relations bilatérales. La manœuvre consiste probablement à préparer le terrain d’un changement qui verrait une Algérie islamisée, à l’instar des autres pays de la région, et soumise aux monarchies du Golfe, dont nul n’ignore l’immense nature démocratique, pour le plus grand intérêt des Occidentaux. Pour eux, une Algérie qui ferait exception ferait aussi désordre. Voilà pourquoi ces ambassadeurs n’hésitent pas, à la veille d’une échéance électorale cruciale, à outrepasser leurs obligations. Il est vrai néanmoins, comme l’avoue M. Henry S. Ensher lui-même, que “les Américains connaïssent mal l’Algérie”.
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