Obama’s Priority: US-Taliban Dialogue

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Le dialogue américano-taliban, priorité d’Obama

Le gouvernement de Washington voudrait arriver à annoncer l’ouverture de véritables et durables négociations avec l’ensemble des intégristes afghans au prochain sommet de l’Otan qui se tenir à la fin du mois de mai à Chicago.

Le président Hamid Karzaï est toujours en veine de confidences pour conserver son pouvoir fort contesté ! Se confiant comme à son habitude à la presse américaine, qu’il affectionne particulièrement, il lève le voile sur des « secrets » peu confidentiels : les négociations en cours avec les talibans. Elles sont engagées avec les États-Unis, mais le président Karzaï, dans un entretien au Wall Street Journal publié hier, affirme que le gouvernement afghan y est désormais associé : « Il y a eu des contacts entre le gouvernement américain et les talibans, il y a eu des contacts entre le gouvernement afghan et les talibans, et il y a eu des contacts, tous ensemble, incluant les talibans. »

un jeu de dupes

Vraie ou fausse, la déclaration alimente le jeu de dupes de la fin de partie occidentale en Afghanistan. Une fin de partie qui se joue en plusieurs actes. Le premier est centré sur le dialogue engagé depuis plusieurs mois entre Washington et les dirigeants de l’insurrection intégriste afghane. D’après le quotidien Washington Post, qui se réfère à déclarations de membres de l’administration américaine, l’envoyé spécial des États-Unis pour l’Afghanistan et le Pakistan, Marc Grossman, a déjà participé à plusieurs rencontres à la fin de 2011. Début janvier, le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, confirmait que son mouvement ouvrait au Qatar un bureau de représentation pour « officialiser » ces contacts. Les États-Unis sont pour leur part très demandeurs d’une accélération du processus : leur espoir est de pouvoir annoncer l’ouverture de véritables négociations à l’occasion du sommet de l’Otan prévu les 20 et 21 mai à Chicago. Et ce en dépit de l’opposition des forces laïques afghanes.

Tenu à l’écart des contacts exploratoires entre Américains et talibans, le gouvernement afghan tente de jouer de son côté sa propre partition. Pour les islamistes, Karzaï « est un homme de paille des puissances étrangères, incapable de prendre des décisions autonomes », selon leur porte-parole, et il n’est pas question de l’avoir pour interlocuteur. Les talibans veulent récupérer au départ des forces de l’Otan le pouvoir intégral à Kaboul. Washington a, à plusieurs reprises, voulu rassurer son encombrant allié. Mais hier Karzaï a enclenché l’acte II de la tragédie afghane. Il s’est rendu à Islamabad pour participer à un sommet de deux jours avec les présidents iranien Mahmoud Ahmadinejad et pakistanais Asif Ali Zardari consacré aux questions de sécurité, notamment à la rébellion des talibans et au soutien dont ils bénéficient au Pakistan. Si Karzaï n’a fait aucune mention d’une implication pakistanaise dans les discussions avec les insurgés, il a estimé que la coopération avec son voisin « faciliterait les choses ».

Un message lourd de sens. Alors que les États-Unis et leurs alliés au sein de l’Otan ont avancé d’un an leur retrait d’Afghanistan – selon le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, les forces américaines comptent passer à un « rôle d’entraînement, de conseil et d’assistance », dès mi-2013 –, quels seront les acteurs de la scène afghane et, en premier lieu, les interlocuteurs privilégiés de Washington ? S’il est urgent pour Barack Obama d’obtenir un accord politique de principe, l’arrangement fondamental est déjà entériné par le partenariat stratégique conclu entre Washington et Kaboul. Ce pacte définit les modalités de la présence américaine en Afghanistan à l’issue du retrait de l’ensemble des unités de combat de la coalition. Et notamment le maintien de bases militaires américaines sur le sol afghan pour un délai de dix ans.

LES VÉRITÉS DE L’OFFICIER DAVIS Au retour de sa dernière mission en Afghanistan, le lieutenant-colonel Davis a rédigé un rapport «Vérités, mensonges et Afghanistan» : « Dans leurs comptes devant le Congrès et le peuple américain, écrit l’officier, les hauts gradés ont tellement déformé la réalité de la situation en Afghanistan qu’il est devenu impossible de discerner la vérité. Ces paroles fallacieuses ont discrédité le pays aux yeux de ses alliés et de ses ennemis, réduisant dans une très large mesure notre capacité à instaurer une situation politique favorable. [L’opération militaire] a coûté des milliards de dollars que le Congrès n’aurait jamais fait débloquer s’il avait su la vérité ; ce comportement de nos principaux chefs militaires a certainement prolongé la guerre. »

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