Evidemment, une victoire de Rick Santorum dans le Michigan, la patrie de Mitt Romney, aurait confirmé la révision déchirante des Primaires républicaines, la possible investiture d’un quasi fondamentaliste religieux et, à coup sûr, le triomphe d’Obama en Novembre. Mais c’est raté. Romney l’emporte par 41% des voix dans un Etat dont, certes, son père a été gouverneur pendant douze ans. Son style s’est affirmé. L’empoté d’hier commence à entrer dans son rôle de présidentiable. Il semble même enfin croire ce qu’il dit. Malgré sa culture Mormon, le favori est bien moins crédible sur le terrain des valeurs morales que sur celui de la relance économique. Un job pour lequel son passé de businessman repreneur d’entreprise constitue un gage de crédibilité. En théorie.
Il n’y a qu’un seul problème. Santorum, fort ce soir de 38% des voix dans le fief de Romney, est devenu un rival crédible, capable d’infliger de véritables terreurs à son adversaire. S’il n’a pas brillé lors du dernier débat en Arizona, Santorum a surtout commis une erreur de stratégie en s’attardant trop sur l’électorat évangélique conservateur du Michigan plutôt que de miser sur le populisme économique cher aux cols bleus. Il n’en reste pas moins dangereux sur ce terrain, en particulier en raison de son contact privilégié avec les milieux plus modestes. Santorum révèle toujours la plaie de Romney : la déconnection du hobereau fils de millionnaire avec l’Américain moyen. Une faille élitiste qui pourrait lui couter cher lors du Super Tuesday du 6 mars dans un Etat « working class » comme l’Ohio. Privé de son héritage d’enfant du pays, de la notoriété et du prestige dont il a profité dans Michigan, Romney pourrait souffrir dans un Etat industriel où le désarroi social touche aussi les ouvriers conservateurs.
Gingrich, laminé dans le Michigan, n’a pas perdu l’espoir de remonter la pente mardi prochain. Et le Super Tuesday pourrait apporter de nouvelles surprises au favori mal aimé Mitt Romney.
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