The Millionaires Who Pull the Election Strings

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É.-U.: ces milliardaires qui tirent les ficelles électorales

L’argent a toujours joué un rôle important dans la politique américaine. Mais un changement dans la loi sur le financement électoral permet désormais à une poignée de milliardaires de porter leur candidat favori à bout de bras. Sans leur aide, les Rick Santorum et Newt Gingrich ne pourraient probablement pas participer aux prochains scrutins de la course à l’investiture républicaine, qui auront lieu aujourd’hui au Kansas et mardi au Mississippi et en Alabama.

En savourant sa victoire dans la primaire de Géorgie à l’occasion du «super mardi», Newt Gingrich n’a pas manqué de remercier, comme il se doit, les électeurs de cet État.

Il a cependant omis de rendre grâce à la personne la plus importante, sans laquelle il n’aurait probablement pas participé aux scrutins de la journée. Non, il ne s’agit pas de sa femme Callista, mais plutôt du magnat des casinos Sheldon Adelson, huitième fortune des États-Unis, dont la famille a versé 11 millions dollars à un «super PAC» favorable à l’ancien président de la Chambre des représentants.

Un super quoi? Un «super PAC» est un comité d’action politique qui peut recueillir des sommes d’argent illimitées auprès d’entreprises, syndicats ou individus pour appuyer un candidat. Seule condition: ces comités ne peuvent coordonner leurs activités avec les campagnes de leur candidat favori. Une condition qui ne veut pas dire grand-chose: le «super PAC» favorable à Gingrich, appelé Winning Our Future, est, par exemple, dirigé par l’ancien porte-parole du candidat.

Arrêt controversé

Nés dans la foulée d’un arrêt controversé rendu par la Cour suprême en 2010, les «super PAC» sont en train de changer profondément la façon dont sont financées les campagnes électorales aux États-Unis. Les «super PAC» permettent en effet de contourner la loi qui limite à 2500$ les dons directs à un candidat. Résultat: une seule personne avec beaucoup d’argent, comme c’est le cas de Sheldon Adelson, peut avoir un impact considérable sur la course à l’investiture d’un grand parti.

«Je suis contre les gens très riches qui essaient d’influer sur les élections ou qui influent sur elles. Mais tant que c’est faisable, je vais continuer», a confié récemment Adelson au magazine Forbes avant d’ajouter: «Il se peut que je donne 10 ou 100 millions de dollars à Gingrich.»

Mais Adelson n’est pas le seul milliardaire à jouer ce jeu. Foster Friess, gestionnaire d’un fonds commun de placement dans le Wyoming, a également signé un énorme chèque pour le «super PAC» favorable à Rick Santorum.

Tout comme Gingrich, Santorum aurait probablement mis fin à sa campagne sans l’aide de ce «super PAC» appelé Red, White and Blue Fund, qui a financé des campagnes publicitaires ayant contribué à ses victoires dans trois des dix États du «super mardi».

Un faible pour le GOP

Mitt Romney et Barack Obama peuvent également compter sur l’aide de «super PAC». Mais les milliardaires semblent avoir un faible pour les républicains. Sur un total de 14 milliardaires ayant versé de l’argent à des «super PAC», 12 l’ont fait pour appuyer des candidats ou des groupes associés au Grand Old Party.

Le plus important des «super PAC, American Crossroads, fondé par le stratège républicain Karl Rove, a recueilli 51 millions de dollars en 2011. Son plus généreux donateur est le milliardaire du Texas Harold Simmons, qui a versé au moins 10 millions de dollars au comité.

Magnat des casinos à Las Vegas et fervent sioniste, Sheldon Adelson a mis une toute petite partie de son immense fortune au service d’un «super PAC» favorable à un vieil ami, Newt Gingrich, qui lui a notamment fait plaisir en qualifiant les Palestiniens de «peuple inventé». Mais le milliardaire de 78 ans répète qu’il n’a rien contre Mitt Romney, le favori pour affronter Barack Obama. On le soupçonne en fait d’aider Gingrich afin d’empêcher Rick Santorum, dont il n’apprécierait guère le catholicisme exacerbé, de devenir l’unique solution de rechange à Romney.

Foster Friess

Gestionnaire d’un fonds commun de placement dans le Wyoming et chrétien fondamentaliste, Foster Friess a trouvé en Rick Santorum un candidat à la présidence qui partage ses idées sur la place de la religion en politique. Le milliardaire de 71 ans pense également que l’ancien sénateur de Pennsylvanie serait un meilleur candidat que Mitt Romney ou Newt Gingrich pour affronter Barack Obama. Il a dû s’excuser récemment pour une blague douteuse sur la contraception. «Dans mon temps, les filles utilisaient l’aspirine Bayer comme contraceptif, a-t-il dit. Elles la mettaient entre leurs genoux.»

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