Obama and Romney: The Fight for the Center

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Après avoir facilement remporté les primaires à New York, en Pennsylvanie, au Connecticut, à Rhode Island et au Delaware, Mitt Romney est désormais assuré d’être le concurrent de Barack Obama dans un peu plus de six mois. Les républicains se sont vus contraints de choisir le candidat de la raison, plutôt qu’un autre prétendant plus conservateur qui aurait été celui du coeur. Paradoxalement dans une Amérique plus fragmentée et polarisée que jamais, ce sont deux candidats fondamentalement modérés qui se disputeront les voix du centre et les suffrages décisifs pour l’emporter le 6 novembre des électeurs dits « indépendants », qui n’appartiennent ni au Parti démocrate ni au Parti républicain. A l’heure du Tea Party et du mouvement Occupez Wall Street l’élection américaine se jouera donc une fois de plus au centre. Ce qui explique l’émergence des stratégies concurrentes des deux candidats. Pour Barack Obama il s’agit aujourd’hui de droitiser l’image de son opposant républicain. « Ne vous fiez pas à sa prétendue modération, c’est un ultraconservateur déguisé », s’apprête à dire le président démocrate.

Pour Mitt Romney, à l’inverse, il ne s’agit pas de présenter Obama comme un ultralibéral au sens américain du terme, sinon comme un dangereux gauchiste. Les électeurs du centre, qui feront la décision, n’y croiraient pas. Il s’agit pour lui de se présenter en 2012 un peu comme Barack Obama en 2008, c’est-à-dire le candidat de l’espoir. « Les Américains sont fatigués d’être fatigués. » Romney entend bien exploiter le seul avantage comparatif qu’il ait réellement sur Barack Obama : son image entrepreneuriale.« Laissez-moi gérer l’Amérique comme j’ai géré ma carrière professionnelle. Vous aussi vous pouvez faire fortune. » En pleine crise économique, l’argument porte. Au moment où les créations d’emplois se réduisent comme peau de chagrin et où l’économie américaine semble donner à nouveau des signes de faiblesse, l’écart s’est considérablement rétréci entre les deux candidats à la présidence, même si les sondages donnent tous encore une courte avance au président en place. Mais l’on parie moins aujourd’hui qu’on ne le faisait hier sur la réélection quasi certaine d’Obama. L’économie repart à un rythme trop lent, l’opposition et même la méfiance d’une partie importante de la population américaine à l’égard de l’Etat n’ont fait que se renforcer au cours des quatre années de présidence démocrate. Obama a en face de lui un vrai challenger, même si Romney est tout sauf charismatique. Tout dépendra de l’état de l’économie américaine à l’automne 2012, à moins qu’une crise internationale majeure au Moyen-Orient ou en Asie ne s’invite dans la campagne. Les parallèles entre l’élection présidentielle américaine à venir et l’élection présidentielle française actuelle sont riches d’enseignements.

Sur un plan idéologique, Barack Obama est peut-être plus proche – dans sa volonté de lutter contre les injustices sociales -de François Hollande qu’il ne l’est de Nicolas Sarkozy. Mais comme le président français en exercice, il est dans la position inconfortable d’avoir été au pouvoir en pleine période de crise économique et financière. Comme Sarkozy aussi, mais dans un style on ne peut plus différent, Obama possède une personnalité charismatique. Sur le plan du charisme, c’est-à-dire de son absence, Mitt Romney et François Hollande paraissent beaucoup plus proches même si la bonhomie du socialiste n’a rien à voir avec la froideur du républicain américain. La volonté de changement apparaît moins grande aussi aux Etats-Unis qu’en France. Certes, l’enthousiasme qui animait en particulier les jeunes derrière la candidature d’Obama a très largement disparu. La tâche principale du président en place s’il veut être réélu consistera à ranimer la flamme de ses partisans. Mais il n’existe pas aux Etats-Unis à l’encontre d’Obama l’équivalent du rejet qui existe en France à l’égard de Nicolas Sarkozy. A aucun moment on ne lui a fait le reproche de ne pas être présidentiel. A l’inverse, si Obama a été accusé de quelque chose, c’est de ne pas savoir trancher de manière décisive entre plusieurs options. Un reproche que ses opposants font déjà à François Hollande en France.

Après le premier président noir en 2008, l’Amérique élira-t-elle en 2012 le premier Président mormon de son histoire ? Il est beaucoup trop tôt pour le dire.

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