Hollande Remains an Unknown “Socialist” for Many Americans

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Ni Barack Obama ni François Hollande n’y changeront rien. Les relations transatlantiques sont faites de préjugés bien incrustés. “François Hollande est antiriches. Il ne possède même pas son appartement”, expliquait, lundi 7 mai, une journaliste américaine aux téléspectateurs de la chaîne publique PBS. “Traditionnellement, les Français aiment les dépenses. Et les impôts”, assuraient deux responsables du think tank très conservateur American Enterprise Institute.

Un socialiste, donc, remplace “Sarko l’Américain”. Et “socialisme”, depuis le maccarthysme des années 1950, est un mot qui fait peur. “Aux Etats-Unis, un socialiste n’est pas un réformateur de centre gauche. C’est quelqu’un qui est opposé au système capitaliste et hostile à notre modèle américain”, explique Jonah Levy, professeur de sciences politiques à l’université de Californie à Berkeley, et spécialiste du rôle de l’Etat dans les politiques économiques européennes.

“MAIS QUI C’EST ?”

L’époque n’est plus à 1981, lorsque Washington paniquait à l’idée de voir entrer des communistes au gouvernement de François Mitterrand. Mais les Américains découvrent l’inconnu qui va accéder à l’Elysée avec scepticisme. “On se dit : ‘Mais qui c’est ce président ?’, ajoute Jonah Levy. Il a promis très peu. Il a bien caché son jeu. Alors on regarde les étiquettes.”

François Hollande est attendu à la Maison Blanche le 18 mai. Plus qu’une visite de politesse avant de se rendre au G8 de Camp David, à 90 km au nord-ouest de Washington, c’est une véritable visite de travail que préparent les Américains.

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LA PROMESSE AFGHANE

Le premier sujet qui les préoccupe est l’Afghanistan. Selon un haut responsable, la Maison Blanche a bien compris que, deux semaines après avoir été élu, François Hollande peut difficilement renoncer à sa promesse de retirer les troupes combattantes à la fin de l’année. Elle a aussi entendu le message que le candidat avait fait passer, avant même le premier tour, et qu’il a répété dans son entretien à Slate.fr : “Je veillerai à affirmer l’indépendance de la France sans compliquer la tâche de Barack Obama.”

Il n’empêche. Pour Marvin Kalb, de la Brookings Institution, autre cercle de réflexion, c’est un “mauvais signal” en direction des alliés qui seront tentés d’accélérer eux aussi le calendrier. “Comme nous l’avons appris au Vietnam, quand un camp commence à se retirer du combat, il perd du pouvoir dans la négociation”, estime-t-il. Jonah Levy pense lui aussi que “c’est un geste embarrassant pour le gouvernement Obama. Et il est perçu comme anti-américain”.

ENNEMI JURÉ DE L’AUSTÉRITÉ

L’autre sujet d’interrogations est la renégociation du pacte de stabilité. François Hollande a été présenté par les médias comme l’ennemi juré de l’austérité. Une position qui lui a valu les encouragements du Prix Nobel Paul Krugman (“Les Français se révoltent. Les Grecs aussi. Il était temps !”) et de figures de la gauche progressiste comme Norman Birnbaum. “Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, a critiqué l’insuffisante attention prêtée par l’Europe aux mesures de relance. Il ne sera pas mécontent des projets de Hollande, quoi que puissent en dire les Américains obsédés par les déficits.”

En fait, le message du Français ressemble fort à celui que Barack Obama défend face aux républicains, et qu’il a défendu au G20 : une “approche équilibrée” entre mesures de relance et réduction de la dette. “Nous avons des convergences sur le plan économique”, a souligné François Hollande à Slate.fr. Mais les Américains craignent qu’un désaccord franco-allemand ne conduise à l’énervement des marchés. Certains analystes pensent que la chancelière, Angela Merkel, pourrait se trouver isolée au G8. Le porte-parole de la Maison Blanche a exclu que le président américain se mêle de jouer les intermédiaires entre Paris et Berlin.

“NO DRAMA OBAMA”

Barack Obama et François Hollande “vont s’entendre à merveille”, pense Jonah Levy, qui compare la campagne sans agitation du candidat français au “No drama Obama” de 2008. Mais peuvent-ils être proches alors que le “socialisme européen” fait figure d’épouvantail dans la campagne présidentielle aux Etats-Unis ? “Nous avons toujours eu des relations très proches, indépendamment de qui est au pouvoir ici – démocrate ou républicain – ou en France”, a plaidé le porte-parole de la Maison Blanche.

Mais il a suffi que le New York Times affirme que la politique économique de François Hollande “convenait mieux”, en fait, aux positions de l’administration américaine pour que le chef de file néoconservateur Bill Kristol réplique que la démonstration est donc faite : “Obama est socialiste”…

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