Are the Israelis Arbiters of the American Presidential Election?

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Quand on entre au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, que l’État d’Israël a construit pour que l’horreur de l’Holocauste reste à jamais inscrite dans la mémoire des hommes, le premier thème qui saisit le visiteur, c’est l’obsession, réitérée maintes fois par Hitler dès son accession au pouvoir en 1933, d’éliminer les Juifs. Comme l’on sait, cette menace laissa à l’époque le monde plutôt indifférent. Au point qu’on se berça même d’illusions après Munich sur la capacité des démocraties à faire rentrer dans la normalité des bonnes moeurs internationales ce dictateur jugé alors comme tout juste un peu fou et mythomane. On connaît hélas la suite.

La bombe iranienne n’en finit plus d’effrayer

Or voici que les Israéliens ont l’impression, peut-être excessive – mais va savoir -, que l’histoire bafouille aujourd’hui. Il leur suffit d’entendre, et eux ne le prennent pas à la légère, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejab, répéter dans tous ses discours qu’il veut faire disparaître l’État hébreu de la carte du monde. Et ils sont obligés de constater que l’opinion internationale s’inquiète certes de la volonté de Téhéran de se doter de l’arme nucléaire, mais fait confiance à la diplomatie pour neutraliser cette menace.

D’ailleurs les négociations continuent, n’est-ce pas ? Après Bagdad, le 23 mai, une nouvelle réunion doit avoir lieu le 18 juin à Moscou. C’est peu dire que le gouvernement israélien va en examiner les résultats, s’il y en a, avec une particulière attention. Car Benyamin Netanyahou considère lui que le problème n’est pas de savoir si Téhéran va réussir à se doter de l’arme nucléaire, mais de discerner dans combien de temps les armes de destruction massive fabriquées clandestinement par l’Iran vont être une menace pour Israël. Il juge donc qu’à la fin de la rencontre de Moscou, sauf progrès très significatif et geste de bonne volonté vérifié de la part de Téhéran, il lui restera une fenêtre de tir de cinq mois, avant l’élection américaine, pour tenter un coup de force et détruire des installations nucléaires dont il ne veut même pas envisager qu’elles puissent avoir une finalité civile.

Vers un soutien à Mitt Romney

Certes, le Premier ministre israélien a pesé et soupesé les risques qu’il fait courir au monde et à son peuple en cas de frappe solitaire contre l’Iran: l’unité iranienne ressoudée avec des prurits nationalistes comme jamais ; le monde islamiste dans une effervescence comparable à celle d’après la guerre des Six Jours ; l’Occident embarrassé, à commencer par l’allié américain ; les Russes et les Chinois fous furieux ; et, bien sûr, les risques d’attentats contre les intérêts et les citoyens israéliens partout dans le monde.

Mais Netanyahou, un des Israéliens qui connaît le mieux les États-Unis, où il a passé une partie de sa vie, est porté à croire l’adversaire d’Obama, Mitt Romney lorsqu’il a déclaré récemment : “Si vous réélisez Barack Obama, l’Iran aura l’arme nucléaire. Si vous votez pour moi, cela ne se fera jamais.” Problème : le Premier ministre israélien est sceptique sur les chances de Romney d’accéder à la Maison-Blanche. Mais se souvient qu’après son élection de 2008 Obama avait tendu la perche aux Iraniens pour des relations plus normales. Et que Téhéran en avait profité pour accélérer son programme nucléaire.

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