The Battle of Jarnac from Carter to Obama

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En accusant l’hôte de la Maison-Blanche de violation des droits de l’homme, l’ancien président met en péril la campagne d’Obama.

Les vieux présidents ont parfois la dent dure avec leurs successeurs. Valéry Giscard d’Estaing nous en a donné quelques aperçus. Mais ce qui est classique en France est exceptionnel aux États-Unis. La sortie de Carter contre le président Obama passe d’autant moins inaperçue. Jimmy Carter a été un mauvais président, qui n’a pas vu venir le premier choc pétrolier, n’a pu empêcher l’invasion soviétique de l’Afghanistan et a laissé tomber le Shah d’Iran. Ce qui lui a valu une prise en otage de l’ambassade des États-Unis à Téhéran qui a duré 444 jours. Et ce qui accessoirement a précipité ce pays dans les bras des mollahs islamistes. Un glissement vers le fanatisme religieux le plus belliqueux à la tête d’un État, dont nous n’avons sans doute pas fini de payer les conséquences.

Une guerre de prix Nobel

Mais depuis qu’il a quitté la Maison-Blanche, en 1981, piteusement battu après un seul mandat, son idéologie candide et humaniste, qui a provoqué des désastres lorsqu’il était président, a permis à Jimmy Carter de se forger une stature de vieux sage, sachant intervenir en faveur des droits de l’homme partout où ils sont menacés, donnant de sa personne pour résoudre des conflits devant lesquels sèchent les diplomates traditionnels. Afrique du Sud, Panama, Haïti, Rhodésie, Bosnie, Palestine, le talent de médiateur de Carter a souvent été mis à contribution. Et a parfois donné des résultats positifs. Ces actions lui ont même valu le prix Nobel de la paix en 2002, qui saluait aussi, il est vrai, l’homme des accords de Camp David.

L’accusation qu’il vient de lancer contre Barack Obama de violer les droits de l’homme en cautionnant et en développant les attaques de drones contre des cibles réputées dangereuses mais pas toujours suffisamment identifiées et avec souvent des dommages collatéraux, comme on dit pudiquement, n’est évidemment pas infondée. Mais elle paraît tout de même incongrue à plus d’un titre.

Une sortie qui peut faire mal

D’abord parce qu’à quatre mois d’une élection, pas gagnée d’avance, attaquer le candidat de son camp sur l’un de ses points forts, son image d’homme juste, altruiste et généreux, c’est un peu lui tirer une balle dans le pied. Ensuite parce que dans la phase délicate du retrait progressif des troupes américaines d’Afghanistan, les drones semblent particulièrement efficaces pour frapper les chefs terroristes jusqu’au Pakistan et éviter pour aboutir au même résultat de risquer la vie de dizaines de GI.

Le vieux président a tout de même mis le doigt là où cela fait mal puisque, aujourd’hui même, la Secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a fini après sept mois de tension avec le gouvernement du Pakistan par dire que le gouvernement américain était désolé d’une frappe de drones qui, en novembre, en raison d’une erreur de cible, avait tué 24 soldats pakistanais. Mieux vaut tard que jamais.

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