Mitt Romney, King of the Tax Swindle

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Estimée à 250 millions de dollars, la fortune de Mitt Romney a fait l’objet d’une vaste enquête du magazine Vanity Fair, révélant une habileté peu commune au contournement fiscal. Comptes off-shore, maquillage de comptes, des informations qui arrivent à un moment difficile pour le candidat républicain, incapable d’obtenir un soutien indéfectible de son camp, le magnat de la presse Rupert Murdoch.

Une bonne campagne présidentielle américaine n’échappe pas à l’épisode de la maîtresse cachée ou le scandale sur la fortune de l’un ou l’autre des candidats.

Le duel Obama-Romney part sur bonnes bases. Pas de maîtresse venue du fond des âges pour le moment, mais beaucoup de questions sur la fortune du candidat républicain.

Sous pression depuis le début de l’année par la multiplication des polémiques la fiscalité « avantageuse » dont il bénéficie, Mitt Romney a encore passé une semaine difficile. Déjà en janvier, l’ancien gouverneur du Massachussets avait été contraint comme les autres candidats républicains de publier ses feuilles d’impôts sur son site Internet, révélant alors qu’il ne payait que 15% de ses revenus au fisc, soit largement moins que la moyenne des salariés américains.

Détenteur d’une fortune estimée entre 190 et 250 millions de dollars, sorte de « Tapie à l’américaine », pilleur d’entreprise en difficultés ayant bâti sa fortune sur le dos des milliers de salariés licenciés, pionnier des délocalisations, l’ancien gouverneur du Massachusetts, âgé de 64 ans, à la tête d’un fonds d’investissement (Bain capital) a déclaré des revenus de 21,7 millions de dollars pour 2010 et de 20,9 millions pour 2011. Au total pour ces deux années-là, Mitt Romney a donné 7 millions de dollars à des oeuvres de charité – pour l’essentiel à l’Eglise mormone, dont il est membre – et payé 6,2 millions de dollars d’impôts fédéraux. Les trois millions de dollars de contributions versées en 2010 représentent un taux d’imposition de 13,9% et les 3,2 millions de dollars payés l’an dernier un taux de 15,4%. Il profite ainsi en particulier, comme de nombreux Américains aisés, de niches fiscales instaurées en 2001 et 2003 sous l’égide de l’ancien président républicain George W. Bush.

Murdoch lâche Romney

Un argument aussitôt utilisé par les démocrates pour illustrer les disparités de la fiscalité américaine. Sans citer nommément son concurrent, Barack Obama n’avait pas hésité à ironiser sur les candidats à la présidence «qui ne doivent pas être nommés» et qui se font selon lui les avocats à la fois d’une réduction des déficits et d’une baisse de la fiscalité pour les plus aisés.

Déjà la chaîne ABC, avait révélé en avril que Romney aurait investi des millions de dollars sur une douzaine de comptes off shore aux Iles Caïman quand il était à la tête du Bain Capital, de 1980 à 1999. Cette semaine, le magazine Vanity Fair en a remis une couche en allant jeter un œil dans les comptes obscurs et off-shore du candidat républicain.

Officiellement en retrait de ce fonds d’investissement, l’article de Vanity Fair détaille ainsi comment Mitt Romney continue d’avoir des intérêts personnels dans au moins 12 des 138 fonds gérés par Bain Capital aux îles Caïmans, ce qui contredit les affirmations de Mitt Romney. Par ailleurs, de tels investissements sont tenus secrets, rendant du coup l’évaluation du montant réel des biens du candidat tout simplement impossible. Vanity fair avance le chiffre « d’au moins 30 millions de dollars ».

Il dispose aussi d’un compte en banque en Suisse, fort de 3 millions de dollars selon sa feuille d’impôt 2010, ainsi que d’autres intérêts dans des paradis fiscaux comme les Bermudes, selon le magazine.

Un malheur n’arrivant jamais seul, Romney a vu un soutien indéfectible du camp républicain prendre ses distances avec sa campagne. Dans un message sur Twitter, le magnat de la presse Rupert Murdoch estime qu’il n’a ni les convictions ni le courage pour s’en prendre à Obama, soulignant par exemple que l’équipe de pros qui entoure Obama sera difficile à battre.

Le New York Times révèle encore que lorsque Romney a récemment visité le Wall Street Journal, « tout le monde est resté sur sa faim et personne n’a été convaincu par le candidat, que la rédaction a commencé à appeler « le consultant en chef ».

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