Edited by Katya Abazajian
C’est une question dérangeante pour la zone euro. Même si tout n’est pas rose, loin de là, aux Etats-Unis, la situation s’y améliore progressivement alors que les pays européens s’enfoncent dans une nouvelle récession, moins de trois ans après la grande crise.
Bien sûr, le taux de chômage outre-Atlantique reste au-delà de 8%, un niveau extrêmement élevé pour eux (minoré par toutes les personnes qui ont quitté le marché de l’emploi), mais ce taux a baissé de près de deux points alors qu’il bat des records en Europe, à plus de 11%. Et même si la croissance faiblit, autour de 2%, elle reste positive, quand la zone euro va traverser une nouvelle récession en 2012, dont on se demande s’il sera possible d’en sortir en 2013…
Cette situation est paradoxale car la crise que nous traversons est venue de la finance dont New York est un centre mondial (comme Londres et Singapour) et que le marché immobilier étasunien s’est totalement effondré. Du coup, théoriquement, la récession devrait être plus dure outre-Atlantique que chez nous et la reprise plus lente. C’est tout l’inverse en réalité. La récession a été aussi forte des deux côtés de l’Atlantique, et nous ne parvenons pas à relancer l’économie.
Les raisons de cette divergence atlantique sont nombreuses. Les deux principales sont assez évidentes. A Washington, on compte sur la reprise économique pour réduire les déficits et priorité claire est donnée à la première. Dans les capitales européennes, une austérité sauvage a cassé la croissance dans beaucoup de pays, fragilisant du coup le rééquilibrage des finances publiques. Cette austérité suicidaire est notamment dénoncée par Paul Krugman et Joseph Stiglitz.
L’ÉCART DEVRAIT S’ACCENTUER
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Mais il y a également eu une grande divergence dans la politique monétaire. Alors que la BCE augmentait légèrement ses taux il y a un an, avant de les baisser, constatant son erreur, la Fed les a maintenu au plus bas. En outre, alors que la BCE aide presque exclusivement les banques (en leur prêtant notamment 1000 milliards en début d’année ), la Fed monétise la dette publique, poussant les taux à la baisse. Bref, la banque centrale soutient bien plus l’activité outre-Atlantique.
Comme le rapporte The Economist dans un récent dossier, la divergence a toutes les chances de s’accentuer. En effet, si du côté européen, rien ne semble permettre de relancer la machine économique, beaucoup de facteurs positifs se cumulent aux Etats-Unis. L’endettement des ménages est passé de 133 à 114% de leurs revenus depuis 2007, annulant la moitié de la hausse accumulée depuis le début des années 1990. La fin du désendettement aidera la croissance.
Ensuite, le maintien d’un dollar bon marché aide les exportateurs. Le pays a réduit d’un tiers son déficit commercial, ce qui a apporté 2 points de PIB depuis 2006. Le marché immobilier semble avoir atteint son point bas et semble devoir se retourner positivement, procurant un soutien à la croissance. Les banques se sont bien plus restructurées qu’en Europe. Enfin, le pays profite également de la manne des gaz de schistes, qui font même revenir l’industrie pétrochimique.
Il ne s’agit pas ici de dire que la politique suivie aux Etats-Unis doit servir d’exemple, loin de là. Mais cela permet de constater à quel point les pays européens sont coincés dans une impasse qui pousse nos économies dans la récession. Et cette impasse a un nom : l’UE, l’euro et le libre-échange.
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