The British Press Mocks Romney’s “Olympic Gaffe”

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oh my web La visite outre-Manche du candidat républicain à la présidentielle américaine a été marquée par des imbroglios en cascade, largement évoqués dans la presse ce vendredi.

Sa visite devait permettre à Mitt Romney d’assoir sa stature internationale, en pleine campagne pour la présidentielle américaine. Le candidat républicain s’est rendu à Londres mercredi, à deux jours du coup d’envoi des Jeux olympiques d’été. Mais à peine a-il posé le pied outre-Manche que le challenger de Barack Obama a fauté : dans un entretien à la chaine télévisée NBC diffusé mercredi soir, à la veille de sa rencontre avec le Premier ministre David Cameron, il a qualifié de «troublantes» et «peu encourageantes» les défaillances d’une société privée chargée d’assurer la sécurité des Jeux et la grève – finalement annulée – des agents d’immigration et des douanes britanniques.

Pis, Mitt Romney s’est ouvertement interrogé sur l’engouement populaire des Britanniques pour ces Jeux. «Est-ce qu’ils se retrouvent tous ensemble pour fêter ce moment olympique ? On le verra seulement quand les Jeux commenceront vraiment», a-t-il demandé.

Pied de nez

Cet impair, bien que très critiqué, semble avoir un impact inattendu sur les sujets de Sa Majesté. Ainsi, dans le Telegraph, l’historien spécialiste des Etats-Unis Tim Stanley appelle, avec beaucoup d’humour, ses concitoyens à faire un pied de nez à cet étranger. «Alors oui, pour beaucoup d’entre nous, les JO sont synonymes d’embouteillages et de touristes par milliers, mais cette critique venue d’ailleurs va nous pousser à exagérer notre enthousiasme.» «Cette édition 2012 restera dans les annales comme celle du pied de nez à Mitt Romney, celle qui a vu un pays tout entier se mobiliser pour montrer à cet homme d’affaires Yankee à la chevelure volumineuse que nous, les Britanniques, nous savons recevoir», poursuit-il.

Pas rancunier, l’historien rappelle également que le démocrate Barack Obama a déjà, lui aussi, commis quelques impairs. Il en veut pour exemple le coffret DVD offert par le président américain à Gordon Brown en 2009. «Pour l’amour de Dieu, Obama allait rencontrer un Premier ministre, pas un petit neveu pour les fêtes de fin d’année.» Tim Stanley appelle ainsi à ne pas exagérer cette polémique outre mesure, en soulignant que certaines des critiques de Romney, notamment sur les questions sécuritaires, avaient suscité des débats mouvementés, y compris au Royaume-Uni.

En outre, Mitt Romney a une certaine légitimité sur la question : les journaux britanniques, fair play, rappellent que l’ancien homme d’affaires et multimillionnaire avait été appelé à la rescousse des Jeux d’hiver de Salt Lake City de 2002, en proie à des difficultés financières.

Riposte

Pour autant, la perfide albion n’entend pas en rester là. Jeudi, peu avant leur rencontre, le Premier ministre conservateur David Cameron a répliqué en assurant que «non seulement le pays est tout entier derrière les Jeux», mais aussi que les Britanniques sont «très doués pour accueillir les gens du monde entier». Et Cameron d’ajouter «qu’il est plus difficile d’organiser des JO dans l’une des villes les plus vivantes, les plus actives, les plus animées du monde qu’au beau milieu de nulle part», allusion cinglante aux Jeux de Salt Lake City. Une pique qui semble avoir irrité le maire de Salt Lake City, qui a proposé d’accueillir Cameron «au milieu de nulle part». Avec une carte.

De son côté, Romney, faisant marche arrière, a mis en avant «l’enthousiasme» qu’il a pu observer chez les Britanniques au moment du passage de la flamme olympique. Une «volte face» et «une pagaille embarrassants» pour The Independent, qui évoque «une première rencontre fort peu diplomatique» pour un éventuel futur chef d’Etat.

Piqué au vif, le maire de Londres Boris Johnson a pour sa part profité de la fête organisée à Hyde Park jeudi soir pour célébrer l’arrivée de la flamme olympique pour répondre à son tour à l’impertinent Américain. Le Dailymail se délecte de cette «apogée d’une journée désastreuse pour Romney» et relate les propos du maire de la capitale britannique. Devant 60 000 personnes, Boris Johnson a harangué la foule : «Un certain Mitt Romney se demande si nous sommes prêts pour les JO. Are we ready?», a-t-il fait mine de s’interroger devant une foule réceptive et enthousiaste.

«Même héritage anglo-saxon»

Mitt Romney n’est pas le seul à blâmer pour cet imbroglio diplomatique. L’un de ses conseillers aurait ainsi expliqué au Daily Telegraph que Romney et Cameron partagent «le même héritage anglo-saxon et il (M. Romney) pense que la relation privilégiée est quelque chose de spécial». Allusion implicite aux origines kenyanes de Barack Obama.

Selon le Guardian, l’équipe républicaine a par la suite démenti que l’un de ses membres ait tenu de tels propos et tenterait désormais de «rattraper le coup», en particulier vis-à-vis des électeurs américains. Pour couronner le tout, le quotidien de gauche relate la rencontre de Romney avec le leader travailliste Ed Miliband, au cours de laquelle le républicain a appelé son hôte «Mister Leader», signe qu’il avait oublié son nom pour le Guardian, qui qualifie ces impairs de «cadeaux électoraux» pour le camp Obama.

En attendant, le tabloïd The Sun préfère clore cette guéguerre transatlantique en résumant ainsi la position britannique : «Vous allez voir ce que vous allez voir.»

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