When It’s Not Funny ….

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Lettre – Quand ce n’est pas drôle…

Jean-François Delisle – Montréal, le 1er août 2012 3 août 2012 États-Unis

On peut se gausser des propos de Mitt Romney sur la cause « culturelle » de la différence du développement économique entre Israël et la Palestine. Ils porteraient en effet à rire s’ils ne traduisaient à leur manière loufoque des préjugés très sérieux qui courent dans beaucoup de milieux pro-israéliens au sujet de la soi-disant « arriération culturelle » des Arabes, génératrice soutient-on, d’une certaine infériorité politique et économique. La vie des citoyens de ces sociétés « arriérées » est donc en toute logique considérée implicitement comme moins importante que celle des citoyens israéliens et américains, dont les pays sont vus souvent dans ces cercles comme des nations phares, tant sur la question de la démocratie que sur celle de la prospérité (sans rire !). Et pourtant…

Sans nier le dynamisme économique israélien, il faut tout de même reconnaître que l’État hébreu est le plus soutenu par les États-Unis et, à un moindre degré, par plusieurs gouvernements occidentaux ; il s’agit largement d’un État entretenu par des subsides étrangers. Une multitude d’accords commerciaux avantageux le lient à tous ces États. On peut dès lors se demander quelles seraient les performances économiques et commerciales israéliennes si cet appui se volatilisait, ou même diminuait.

Quant à la démocratie… faut-il rappeler que l’État hébreu s’est édifié par le recours répété à la violence sur les ruines de l’ancienne Palestine arabe et l’exil forcé de la population d’origine ? Beau début démocratique !

Au total, nous sommes peut-être là en présence d’une forme insidieuse de néocolonialisme : nos classes politiques sont bien prêtes à estimer les Palestiniens… à condition qu’ils consentent à nous imiter, c’est-à-dire à essayer de nous ressembler. Bref, à se convertir aux formes dominantes de notre organisation économique. Sinon, qu’ils restent dans leur trou !

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