Mitt Romney Trips over the ”Bain” Mat

Edited by Peter L. McGuire (proofing TP 8/12)

OPD 7/28

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Adepte des délocalisations, le fonds d’investissement créé par le candidat républicain a détruit des emplois aux États-Unis. L’ancien homme d’affaires cherche à botter en touche.

Taper là où ça peut faire mal et insister. Même s’il n’a jamais été boxeur, Barack Obama a bien compris ce précepte et l’applique avec précision sur son adversaire, Mitt Romney. Depuis le début du mois de juillet, le candidat à l’investiture républicaine est la cible répétée de messages qui mettent en cause son passé d’homme d’affaires à la tête du fonds d’investissement Bain Capital. Plusieurs spots télévisés rappellent aux Américains que Romney a toujours privilégié ses propres intérêts ou ceux de ses actionnaires, quelles que soient les conséquences sur l’emploi.

Des attaques dommageables pour un candidat qui mise beaucoup sur les questions économiques. Une partie de la campagne électorale de Romney est organisée autour du thème de la réindustrialisation des États-Unis, et, à plusieurs reprises, il a exposé sa politique visant à créer de « bons emplois américains ». Or une récente enquête du magazine Vanity Fair est venue rappeler qu’une grande partie de la gestion de Bain Capital consistait à « externaliser » (outsource) les entreprises rachetées, en d’autres termes à en favoriser la délocalisation, détruisant ainsi des emplois aux États-Unis.

Pour sa défense, Mitt Romney affirme que les principales délocalisations ont eu lieu après 1999, alors qu’il ne dirigeait plus le fonds et qu’il s’était engagé pour assurer la réussite des Jeux olympiques d’hiver de 2002 à Salt Lake City. Mais, s’il est vrai qu’il ne gérait plus Bain Capital (qu’il a fondé en 1984), le quotidien Boston Globe a révélé mi-juillet qu’il en était encore le seul propriétaire jusqu’en 2002, comme l’attestent plusieurs documents de la Commission américaine des opérations de Bourse. Bref, cela fait désordre et contribue à l’affaiblir face à un Barack Obama pourtant en position inconfortable. D’autant que l’ancien dirigeant cherche à botter en touche dès qu’il s’agit d’aborder son parcours professionnel. Pour de nombreux observateurs de la scène politique, Mitt Romney commet là une grave erreur qui pourrait lui coûter en définitive la victoire finale s’il ne change pas d’attitude.

Patrimoine caché

Le premier pas pour lui serait de reconnaître les bienfaits de l’économie globale, affirmait récemment le Financial Times. Selon le quotidien, une telle attitude lui permettrait de justifier à la fois son passé de « délocalisateur » et son désir de rapatrier des emplois sur le sol américain, effaçant toute contradiction entre son discours politique et les décisions prises par Bain Capital. Pour l’instant, cela ne semble pas être l’option envisagée. Romney refuse toujours d’assumer ses choix passés et continue à dénoncer dans ses discours Obama, le « délocalisateur en chef ».

À cette affaire s’ajoute le silence persistant du candidat républicain sur ses 3 millions de dollars (près de 2,5 millions d’euros) d’avoirs en Suisse et d’autres sommes placées dans divers paradis fiscaux dont le total avoisinerait les 30 millions de dollars. Et son refus de publier ses déclarations d’impôt antérieures à 2010 (année pour laquelle il a déjà fourni ce document). Entretenir le doute sur son patrimoine, voilà qui n’est pas de nature à inciter les électeurs à lui donner leur voix. Aux États-Unis, être riche n’est pas un crime et est même plutôt bien vu. Mais cacher cette richesse, notamment dans des pays qui comptent parmi les plus opaques en matière financière, est assurément un choix périlleux. À la différence de son adversaire, Barack Obama l’a bien compris et continue à taper là où ça fait mal.

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