Will Republicans Succeed in Limiting Voting Access?

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Les républicains qui pourraient vaincre Obama ne sont pas nécessairement ceux qu’on pense. Si Mitt Romney l’emporte par le même genre de marge que George W. Bush en 2000, il devra probablement sa victoire aux législateurs d’États républicains qui s’affairent depuis quelques mois à mettre des bâtons dans les roues de groupes d’électeurs traditionnellement démocrates.

À la veille des conventions nationales qui marqueront le début de la « vraie » campagne, les sondages donnent une courte avance à Barack Obama. Le 6 novembre prochain, le vote devrait être serré et on pourrait rester debout tard dans la nuit pour attendre le décompte final des voix dans une dizaine d’États du « champ de bataille », où le gagnant pourrait l’emporter par des marges de quelques milliers, voire quelques centaines de votes. On répétera alors à satiété le vieil adage selon lequel « chaque vote compte ». Malheureusement, s’il n’en tenait qu’aux législateurs et aux gouverneurs républicains de plusieurs États du « champ de bataille », plusieurs milliers de votes ne seront pas comptés, car des milliers de citoyens n’auront pas pu s’inscrire sur les listes électorales ou ne pourront pas exercer leur droit de vote.

Le refrain commence à être connu : ceux qui risquent de porter les coups les plus durs à Barack Obama en cette année électorale n’auront pas nécessairement leur nom sur le bulletin de vote. À quelques semaines du vote, la plupart des observateurs chevronnés s’attendent à une lutte très serrée en novembre, alors que les États du « champ de bataille » se gagneront par des marges très faibles. C’est en prévision de ces élections serrées que les législateurs républicains des États les plus contestés se sont attelés à la tâche pour assurer à leur parti tous les avantages possibles au moment du vote, dont notamment le resserrement des normes d’admissibilité au vote par des nouvelles règlementations qui visent parfois de façon transparente certaines catégories d’électeurs largement acquis au parti démocrate. La stratégie n’est pas difficile à comprendre. Le vote des jeunes, des démunis, des Afro-Américains et des hispanophones tend à favoriser largement les démocrates, alors il suffit de rendre l’inscription sur les listes électorales ou la production de pièces d’identité sur les lieux du vote plus difficiles pour ces groupes, qui ont déjà moins tendance à voter que les électeurs blancs d’âge mûr et de milieux plus favorisés.

Le dernier épisode dans cette entreprise de suppression du vote est une loi en Pennsylvanie, un État où le vote est toujours serré, qui obligera les électeurs à montrer une pièce officielle avec photo pour attester de leur identité. On sait que les États-Unis n’ont pas de carte de citoyenneté comme bien d’autres pays, ni d’assurance maladie, comme chez nous. On sait aussi que la grande majorité d’entre eux n’ont pas de passeport. Bien sûr, il reste le permis de conduire, mais c’est là que le bât blesse : la grande majorité de ceux qui n’en ont pas sont plus jeunes, moins riches, ou membres de groupes minoritaires . Bref, ce sont surtout des démocrates. L’objectif de ces lois est de restreindre la fraude électorale, mais ceux qui proposent ces lois sont en général incapables de prouver qu’une telle fraude existe. En fait, les raisons qui motivent les républicains à promouvoir ces lois sont en général assez transparentes, comme le disait le leader républicain de la Chambre des représentants de l’État, Mike Turzai, qui applaudissait le passage d’une loi « qui assurera la victoire de Mitt Romney en Pennsylvanie en 2012 » (voir ici). Les démocrates feront évidemment des efforts considérables pour permettre à leurs électeurs de surmonter cet obstacle, mais la tâche est énorme. Plus de 750 000 électeurs (9% du total) n’avaient pas la documentation nécessaire au moment de l’adoption de la loi et devront se la procurer avant novembre. Ce nombre dépasse la marge de victoire de Barack Obama en Pennsylvanie en 2008 (620 478).

La Pennsylvanie n’est pas le seul État où des mesures de restriction du vote ont été adoptées au cours des derniers mois par les législatures républicaines. Dans certains cas, toutefois, les tribunaux fédéraux ont pu renverser ces lois parce qu’on a jugé qu’elles enfreignaient les droits civils de certains groupes minoritaires. C’est ce qui est arrivé plus tôt cette année au Texas et au Wisconsin, où les lois étaient assez explicitement conçues pour faciliter le vote des électeurs proches du Parti républicain au détriment des groupes traditionnellement démocrates. Par exemple, une carte de permis de port d’arme était acceptable dans ces deux lois, mais pas une carte d’étudiant.

En Ohio, probablement l’État baromètre le plus convoité, la controverse la plus récente concernait la décision du secrétaire d’État (républicain) responsable de l’administration des élections de permettre l’ouverture des bureaux électoraux de comtés pour le vote anticipé en fin de semaine dans les comtés à prédominance républicaine, tout en niant cette extension des heures d’ouverture dans les comtés démocrates. Devant le tollé général d’une affaire qui a pris une envergure nationale, le secrétaire d’État a reculé pour approuver une ouverture uniforme des bureaux de vote anticipé en Ohio, qui resteront toutefois fermés pendant les weekends (lire à ce sujet l’éditorial du New York Times de mardi dernier).

Des efforts semblables de restriction du vote sont en cours ou ont été complétés dans une douzaine d’autres États, come le rapporte le Brennan Center for Justice. Le gouverneur républicain de la Floride a aussi causé une grande controverse plus tôt cet été en effectuant une « purge » des listes électorales qui a forcé des milliers d’électeurs à s’engager dans des démarches onéreuses pour récupérer un droit qu’on n’avait aucun motif solide de leur retirer.

L’histoire américaine démontre que la progression du droit de vote vers l’idéal d’inclusion de tous les citoyens du pays n’a jamais été chose facile. La mémoire des reculs qui ont suivi la période de la reconstruction après la Guerre civile est particulièrement douloureuse. Mais depuis cette époque, le progrès du droit de vote avait été un mouvement à sens unique. Les républicains qui pourraient défaire Barack Obama sont aussi ceux qui pourraient inverser ce mouvement. Faut-il vraiment que l’étroit chemin vers la victoire passe par un tel détour ?

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