L’été rêvé d’Obama
MICHEL COLOMÈS
Le Point.fr – Publié le 23/08/2012
Avant les conventions qui vont officiellement désigner les candidats à la présidentielle américaine, Obama a plutôt le vent en poupe.
À quelques jours de la convention républicaine qui, à Tampa, en Floride, du 27 au 30 août, doit introniser son adversaire, Mitt Romney, la situation ne pouvait guère se montrer plus favorable pour Barack Obama.
– Le voyage en Europe et en Israël du candidat républicain a été ponctué de fautes de goût – comme sa critique de la gestion des JO de Londres – et de gaffes diplomatiques, certes vénielles, mais qui font mauvais effet quand on prétend avoir vocation à gérer les affaires de la plus grande puissance du monde.
Un jeune et contesté colistier
– Le choix de Paul Ryan comme colistier du ticket républicain a certes l’avantage d’avoir réveillé une campagne électorale un peu molle. Les positions radicales de Ryan, sur le budget, l’économie ou les sujets de société apportent une note polémique qui tranche avec la fadeur sans charisme de Mitt Romney. Mais si le jeune (42 ans) et flamboyant représentant du Wisconsin au Congrès n’est certes ni mou, ni flou, s’il peut séduire les tenants du fameux Tea party, son néolibéralisme est tellement excessif qu’il décoiffe même dans le camp républicain. Autant dire qu’il n’a aucune chance de convaincre les “swinging votes”, ces électeurs indépendants et modérés qui, comme dans toutes les démocraties, font l’élection.
– Enfin la réforme du système de santé, la grande oeuvre du premier mandat d’Obama, qui a obtenu cet été le feu vert de la Cour suprême, et celle de la couverture médicale des plus âgés semblent d’après un sondage publié par le New York Times obtenir une très large approbation des électeurs américains. Certes le sondage n’a été réalisé que dans trois États, la Floride, le Wisconsin et l’Ohio. Mais s’il s’agit d’États gagnés par Obama en 2008, les républicains y ont, depuis, remporté plusieurs élections locales. Et l’avance du président sortant avait fondu très sérieusement au cours des derniers mois. Heureusement pour lui, à défaut de compter sur son seul talent – qui ne fait plus recette comme il y a quatre ans – il peut tabler sur les maladresses et excès de ses adversaires.
Des projets de réformes contestés
Le projet de réforme du “medicare” proposé par Romney sur les idées de son colistier a de quoi, en effet, défriser les retraités américains. Il s’agit non pas de couverture maladie, mais d’un forfait, versé par l’État à tout Américain de 55 ans, avec lequel il devrait se débrouiller pour se soigner jusqu’à la fin de sa vie, en souscrivant des assurances privées dont on sait qu’elles peuvent augmenter dramatiquement plus on avance en âge. Rien d’étonnant donc à ce que 60 % des électeurs interrogés rejettent cette proposition et préfèrent garder l’actuel système.
Après cet été flamboyant et pour poursuivre son avance à l’automne, on peut faire confiance à Barack Obama pour scruter le moindre dérapage républicain au Tampa Bay Times Forum, la semaine prochaine. Dans le style de celui du représentant républicain du Missouri, Todd Akin, la semaine dernière, assurant que les grossesses après un viol étaient rares “parce que le corps féminin a les moyens d’empêcher la fécondation”. Cette énormité, qui voulait être un argument pour refuser l’avortement aux femmes violées, a provoqué un tollé tel dans toute l’Amérique et particulièrement dans l’électorat féminin que, penaud, le camp républicain demande aujourd’hui à Akin de renoncer à son projet de se présenter, en novembre, pour le Missouri au Sénat. C’est une autre bonne nouvelle pour Obama, car le Missouri faisait partie des États qui risquaient de lui faire perdre la majorité au Sénat.
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