(TAMPA) Le 8 août dernier, Glenn Kessler, le détecteur de mensonges du Washington Post, a décerné un maximum de quatre Pinocchios à une publicité du camp de Mitt Romney accusant Barack Obama d’avoir «éviscéré» la réforme de l’aide sociale promulguée par Bill Clinton en 1992.
Ce verdict cinglant, soutenu par plusieurs autres «fact-checkers» du journalisme américain, a-t-il incité l’équipe du candidat républicain à retirer sa publicité? Oh que non.
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«Notre publicité la plus efficace est notre publicité sur l’aide sociale», a déclaré Ashley O’Connor, une des stratèges de Mitt Romney, à l’occasion d’une rencontre organisée hier matin à Tampa par ABC News et Yahoo! News. «Il s’agit d’une information nouvelle.»
Mais les quatre Pinocchios du Washington Post ne démontrent-ils pas qu’il s’agit d’abord et avant tout d’une information mensongère? Neil Newhouse, le sondeur de Mitt Romney, a offert une réponse à cette question qui a créé des remous sur l’internet.
«Les vérificateurs de faits abordent ces questions avec leurs propres idées préconçues, et nous ne laisserons pas les vérificateurs de faits dicter notre campagne», a-t-il déclaré.
Tensions raciales
La publicité de Mitt Romney sur l’aide sociale n’est pas seulement critiquée pour sa nature mensongère ou trompeuse. Elle est aussi dénoncée par des démocrates et des commentateurs qui y voient une stratégie bien arrêtée du camp républicain pour attiser le ressentiment des Blancs à l’égard des Noirs.
Une chose est incontestable: Mitt Romney doit faire le plein de votes blancs pour pallier son énorme retard sur Barack Obama auprès des Noirs et des Latinos. Et l’efficacité de la pub sur l’aide sociale se trouve peut-être là.
Mais Mitt Romney n’est pas seul à récolter des Pinocchios. Barack Obama a récemment été pris en défaut par les vérificateurs de faits accusant Mitt Romney dans une pub de vouloir interdire l’avortement en toutes circonstances.
Dans un cas comme dans l’autre, la tactique est la même, selon Bill Adair, créateur et éditeur de PolitiFact, le site de vérification des faits du Tampa Bay Times, qui a remporté un prix Pulitzer en 2009.
«Ils prennent un grain de vérité et s’en servent pour tirer des conclusions qui ne sont pas justifiées par les faits», a dit Adair hier lors d’une rencontre avec des journalistes de la presse étrangère. «C’est l’approche classique.»
Bill Adair est fier du travail que les autres «fact-checkers» américains et lui accomplissent dans le cadre de la campagne présidentielle actuelle. Mais la multiplication des sources d’information et des moyens de communication ne facilite pas leur tâche.
«Au début du XXe siècle, Mark Twain disait qu’une fausseté avait le temps de faire le tour du monde avant que la vérité ne mette ses bottes. C’est encore plus vrai aujourd’hui. Et c’est le plus grand changement des 20 dernières années», a dit le détecteur de mensonges du Tampa Bay Times.
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