Le retour de l’Amérique conservatrice
Pour une tempête, c’est une tempête ! Pas seulement celle qui a soufflé une nouvelle fois le malheur et le drame sur Haïti avant de s’avancer vers le sud des États-Unis. Encore qu’Isaac aura aussi marqué la convention républicaine de cette année, en en repoussant l’ouverture à ce mardi.
Non, ce coup de vent qui décoiffe l’Amérique, c’est l’élan qui semble porter ces jours-ci le duo Romney – Ryan, qui s’avancera donc à partir de maintenant à découvert dans la course à la présidentielle, face à Barack Obama. À découvert et totalement décomplexé. Les Républicains vont lancer un duo d’ultraconservateurs face à celui qui faisait encore figure, il y a quatre ans, d’espoir fou dans un pays décidément apeuré par les idées de partage et de solidarité.
Voilà la réponse de l’Amérique profonde à l’aventure Obama. Comme si elle s’était fait peur elle-même en se donnant un président noir, un président à l’inclinaison sociale pourtant tout juste assumée. Quelques avancées dans le domaine de l’accès à la santé (durement arrachées !), l’ouverture vers une éducation plus égalitaire, des prises de position franches dans quelques conflits sociaux auront suffi à faire de Barack Obama un dangereux gauchiste aux yeux de la vieille Amérique conservatrice.
Ce n’est évidemment que le point de départ de la campagne de ces deux-là, et le président sortant est loin d’être battu. Mais quelques études lancées avant la convention qui s’ouvre aujourd’hui à Tampa (Floride) semblent dire que les deux camps vont démarrer au coude à coude, ou presque. Obama et l’espoir qu’il avait levé en battant Hillary Clinton dans la course à l’investiture démocrate, face à ce qui se fait de plus conservateur, de plus à droite dans ce grand pays depuis bien longtemps.
Mitt Romney a longtemps cherché comment se positionner face à Obama. Ouvertement et totalement libéral dans le domaine de l’économie, il a fini par s’adjoindre un colistier capable de soutenir une position encore plus à droite que la sienne, pour les questions de société. De toute la fougue de sa jeunesse, Ryan annonce haut et fort que l’Amérique qu’il imagine pour la fin de cette année se bâtira autour de retraites privatisées, d’accès aux soins toujours plus précaires, d’interdiction pure et simple de l’avortement, de baisse des impôts pour les grands entrepreneurs, et il ne parle même pas, évidemment, du mariage gay.
Toute une partie de la vieille Amérique est folle de lui. S’il permet à Romney de l’emporter en novembre, le souffle Obama n’aura pas duré bien longtemps.
Un mandat et c’est tout. Avant le retour de l’Amérique du rêve individualiste.
Mitt Romney a longtemps cherché comment se positionner face à Obama… Il s’est adjoint un colistier capable de soutenir une position plus à droite que la sienne.
ERIC DUSSART
La Voix Du Nord
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