Obama Faced with Superman Syndrome

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Obama face au syndrome du superman

Même Clint Eastwood, l’homme qui murmurait aux oreilles des chaises, a avoué avoir pleuré il y a quatre ans en écoutant le « Yes We Can » d’Obama. Les républicains ont affiné leur stratégie durant leur Convention qui vient de s’achever en Floride. Une attaque frontale mais sur le mode de la déception.

Obama a déçu…« Nous aurions aimé qu’il réussisse », a même tenté de faire croire Mitt Romney. Une stratégie entamée, finalement, il y a quatre ans, et qui portera peut-être ses fruits dans quelques semaines.

Obama, le messie

La déception se mesure à l’espoir suscité. En pleine campagne 2008, l’équipe du candidat républicain John McCain avait produit une publicité négative présentant Barack Obama comme un homme qui n’en est pas un, un messie, « The One », un nouveau Moïse.

Cela n’avait pas marché : Obama a été élu. Pourtant, quatre ans plus tard, dans son discours de la Convention, Mitt Romney a réactivé ce mythe d’un Obama messianique pour s’en moquer à son tour. Et là, avec l’enracinement de la crise économique et sociale, le discours semble pouvoir davantage être entendu :

« Le Président Obama avait promis de ralentir l’élévation du niveau des océans et de guérir la planète. Ma promesse à moi est de vous aider, vous et votre famille. »

Le syndrome du superman

« Je n’ai pas peur du travail ordinaire de la présidence. Ce que je crains, c’est le résultat de l’idée exagérée que les gens se sont faite de moi.

Ils ont la conviction que je suis une sorte de superman, qu’aucun problème n’est au-delà de mes capacités…

Si quelques calamités sans précèdent devaient s’abattre sur la Nation […], je serais sacrifié par la déception irraisonnée d’un peuple qui en attendait trop . »

Ces mots, prophétiques, n’ont pas été prononcés par Barack Obama mais par Herbert Hoover qui en 1932 allait être balayé par la crise économique et Franklin D. Roosevelt. Mais le risque est bien le même aujourd’hui pour son lointain successeur démocrate.

En 2008, Obama avait bien senti le danger d’être présenté comme un messie, un superman. Alors, trois semaines avant l’élection, lors de l’« Al Smith Dinner » à New York, le candidat démocrate avait lancé à une salle hilare :

« Contrairement aux rumeurs que vous avez entendues, je ne suis pas né dans une mangeoire. Je suis en fait né sur Krypton et j’ai été envoyé ici par mon père, Jor-El, pour sauver la planète Terre.

La plupart d’entre vous savent que j’ai reçu mon prénom, “ Barack ”, de mon père. Ce que vous ne savez probablement pas, c’est qu’en Swahili, “Barack” signifie “ The One ”. Et je dois mon prénom à quelqu’un qui, manifestement, ne pensait pas, qu’un jour, je me présenterais à la présidence. »

Clouer Superman au sol

Reste que le problème des attentes démesurées ne s’est pas réglé par son élection. Et là aussi, Obama avait senti le danger. En novembre 2008, le soir même de sa victoire, il déclarait prudemment :

« La route sera longue. Notre ascension sera difficile. Nous n’y arriverons peut-être pas en un an, ni même en un mandat… »

Pas vraiment une rhétorique de sauveur. Ses supporters étaient, eux, nettement moins mesurés à l’image du réalisateur Spike Lee, qui dans la revue Ebony, considère, un mois après la victoire, que désormais les historiens devront dire « BB » (before ou avant Barack) et «AB» (after ou après Barack)…

En 1930, Walter Lippmann le plus grand observateur de la vie politique américaine d’alors avait parfaitement exprimé le risque pour Hoover (et Obama !) :

« En créant certaines attentes, la légende Hoover a établi un standard à partir duquel la population le juge ; je pense que la plupart des observateurs admettront que si sa première année s’est achevée dans une atmosphère de légère déception, la cause partielle en est l’incapacité du vrai Hoover d’être à la hauteur de ce qui est attendu de la légende Hoover. »

Pour les républicains, tout l’enjeu est là : confronter le « vrai » Obama à sa « légende ». Clouer Superman au sol.

Mais cette stratégie est très risquée car elle passe par une exigence paradoxale et dangereuse : rappeler ce que fut la légende, il y a quatre ans. Une exigence sur laquelle comptent bien surfer les démocrates pour la réactiver, sur le mode nostalgique. Rendez-vous la semaine prochaine pour la Convention démocrate.

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