Obama: Great Speaker, Poor Communicator

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Après deux semaines de conventions républicaine et démocrate, les Américains sont empruntés. Ils ont rarement été confrontés à un choix aussi radical. D’un côté, une Amérique prônant le moins d’impôt et d’Etat possible, un individualisme débridé et une conception maximaliste de la liberté. De l’autre, un pays qui n’est pas prêt à couper dans les programmes sociaux, qui estime que la cohésion sociale n’est pas un vain mot et qui pense que l’Etat doit investir massivement dans l’éducation et les infrastructures avant qu’il ne paie le prix fort pour ces manquements.

A Tampa comme à Charlotte, l’économie a été le thème ­archi-dominant. Les Etats-Unis vont mieux qu’il y a quatre ans, mais 12,8 millions d’Américains restent sans emploi et la dette étatique a franchi le seuil vertigineux de 16 000 milliards de dollars. Jeudi à Charlotte, un jour après le discours flamboyant de Bill Clinton, Barack Obama a cherché un nouveau fil narratif. Oubliés les promesses et le rêve de 2008. «Vous m’avez élu pour vous dire la vérité», a-t-il déclaré. Le message du président s’articule désormais autour de l’espoir. L’Amérique ne recule plus, elle va de l’avant. La présidentielle 2012 est une confrontation de valeurs. Elle pourrait aussi exacerber le clivage racial entre Blancs d’un côté, Hispaniques et Afro-Américains de l’autre.

Au-delà de la ferveur des délégués démocrates, mobiliser l’électorat reste une gageure. En Caroline du Nord, le taux d’inscription des électeurs hispaniques auprès du Parti démocrate est inférieur à 2%. Le grand orateur du Caire (sur le monde arabe) et de Philadelphie (race) a longtemps omis d’expliquer aux Américains le sens de son action pour redresser l’économie et pour tenter de lever les inquiétants blocages de Washington. Trop sûr de lui, convaincu que la rationalité ne mérite pas d’explications, qu’elle s’impose d’elle-même. Obama, un grand orateur, mais un mauvais communicateur. Réalisant que l’économie allait être un obstacle de taille à sa réélection, il a travaillé son message sur la défense de la classe moyenne, première victime des errements de la démocratie et de l’économie américaines.

A Charlotte, Barack Obama, hanté par la perspective d’une défaite, a réussi à maintenir la flamme de l’espoir. Mais il n’est pas sûr qu’il ait emballé l’Amérique. En quatre ans de présidence, il a appris le pragmatisme et le réalisme. C’est moins accrocheur.

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