The Video Embarrassment to Mitt Romney's Campaign

Edited by Jane Lee

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La vidéo qui embarrasse la campagne de Mitt Romney

Rien ne va plus dans le camp Romney. Dimanche soir, Politico racontait la lutte au sein de l’équipe de conseillers du candidat républicain. Aujourd’hui, ce sont des vidéos qui plombent sa campagne. Le magazine Mother Jones les a publiées, lundi 17 septembre, sur son site. Elles sont floutées pour garantir un peu d’anonymat à celui ou celle qui les ont tournées et mises en ligne – une certaine “Anne Onymous” – et à ceux qui ont accepté de payer pour écouter le candidat républicain, le 17 mai, lors d’un dîner chez Marc Leder, un gestionnaire de fonds d’investissement, à Boca Raton, en Floride.

Ces images sont une plongée dans l’intimité de la campagne de Mitt Romney. Elles montrent ce que donne un candidat quand il n’est pas tenu par un discours formaté pour les audiences télévisées. Comme il le dit : “On est ici entre nous, entre républicains.” Entre républicains, on considère que la moitié de la société américaine ne sert à rien, qu’il y a ceux qui travaillent pour réussir et les assistés, qu’il y a aussi ces brebis égarées d’indépendants à qui il faut savoir ouvrir les yeux, sans les brusquer, pour espérer gagner, le 6 novembre.

“47 % D’ASSISTÉS”

Et que dit Mitt Romney ? Que quoi qu’il fasse,

“il y a 47 % d’électeurs qui soutiennent Barack Obama, parce qu’ils dépendent de l’aide de l’Etat fédéral, qui pensent qu’ils sont des victimes, qu’il est du devoir du gouvernement de les assister, qui pensent avoir droit à une couverture maladie, à être nourris, à être logés, bref à tout ce que vous voulez. Et le président part dans la course avec 48, 49 %, il part avec un énorme avantage. Et comme 47 % des Américains ne paient pas d’impôts, notre discours sur les réductions d’impôts n’a pas de sens pour eux. Alors que lui [Barack Obama] parlera de réductions des abattements consentis aux riches, c’est l’argument qu’ils [les démocrates] sortent tous les quatre ans. Mon travail de candidat n’est pas d’essayer de les atteindre. Jamais je ne parviendrais à les convaincre de se prendre en main et de pourvoir par eux-mêmes à leurs besoins. Mon travail est d’essayer de convaincre les 5 à 10 % d’électeurs du centre, les indépendants, qui sont prévenants, qui votent pour l’un ou l’autre, en fonction d’une émotion, qu’ils aiment ou non le candidat.”

Et il poursuit, à propos de ces électeurs indépendants qui ont voté pour Barack Obama, qui continuent à apprécier le président, mais qui admettent être déçus par sa politique et ses résultats.

Ces électeurs ne veulent pas s’entendre dire qu’ils ont mal voté, juste que le président n’était pas au niveau.

En retour, il se dit certain que Barack Obama le dénigrera, s’attaquera à sa réussite, qu’il insistera sur les fermetures d”entreprises et les licenciements de salariés [d’entreprises reprises par Bain Capital]. Ce discours de la part du candidat démocrate peut rencontrer un certain écho, admet Mitt Romney.

Le candidat se veut rassurant pour son auditoire. Il évoque son équipe de campagne, composée de consultants qui ont travaillé à l’élection d’autres candidats à travers le monde, notamment celle de Benyamin Néthanyahou.

A un donateur qui lui reproche de ne pas attaquer Barack Obama avec des arguments intellectuels assez développés, le candidat lui répond que la campagne n’est pas un lieu pour les débats intellectuels. Il évoque son livre, les dossiers accessibles sur son site et estime que ce n’est pas ce qui va favoriser ou non son élection. Il estime que les publicités et les trois débats auront plus d’impact auprès des électeurs. Pour illustrer son propos, il renvoie à Barack Obama, qui a gagné en 2008 avec un programme basé sur deux thèmes : l’espoir et le changement (“Hope and change”).

S’il est en position d’être élu, et s’il est élu, les marchés réagiront bien, l’économie connaîtra un regain d’optimisme, les capitaux reviendront vers les Etats-Unis, estime-t-il. Si c’est Barack Obama qui l’emporte, le 6 novembre, il ne peut prédire comment réagiront les marchés. Il craint surtout une explosion de la fiscalité et un Congrès dominé par les démocrates, ce qui aura des conséquences effrayantes pour les Etats-Unis.

LIMITER LES DÉGÂTS

Très vite, les réseaux sociaux se sont emparés de ces commentaires. Gail Gitcho, la porte-parole du candidat a précisé, dans la soirée:

“Mitt Romney veut aider tous les Américains en difficulté dans l’Amérique d’Obama. Depuis le début de l’année, le gouverneur a rappelé son inquiétude face au nombre croissant d’Américains dépendant des aides du gouvernement, face au nombre accru de gens vivant grâce aux bons alimentaires, au fait qu’un Américain sur six soit pauvre et que 23 millions d’Américains soient à la recherche d’un travail. Le plan de Mitt Romney pour l’Amérique est de créer 12 millions d’emplois au cours des quatre prochaines années, de relancer la croissance et de faire diminuer le nombre de personnes qui dépendent de l’aide de l’Etat en trouvant un emploi.”

Un peu plus tard, à Orange County, en Californie, le candidat a précisé sa pensée : oui, ses commentaires ne sont pas tournés de manière élégante, oui, ils étaient délivrés au pied levé, en réponse à une question, et oui, il pourrait les dire de manière plus claire. Mais non, il ne retire rien sur les 47 % d’Américains qui sont assistés.

DÉRAPAGE D’OBAMA EN 2008

Barack Obama doit aussi savoir à quoi s’en tenir. En 2008, lors d’une levée de fonds à San Francisco, il avait lancé, devant son auditoire : “En Pennsylvanie, et dans des coins du Midwest, où il n’y a plus de travail depuis vingt-cinq ans, quand ils deviennent aigris, ils expriment leurs frustrations en se tournent vers les armes, la religion, ils n’aiment pas les gens qui ne sont pas comme eux, ils s’en prennent aux immigrés.”

L’équipe de campagne de Barack Obama n’a en tout cas pas tardé à réagir aux propos de Mitt Romney. Jim Messina, son directeur de campagne a publié un communiqué sur le site du candidat : “Il est choquant qu’un candidat à la présidence des Etats-Unis puisse dire devant un groupe de riches donateurs, derrière des portes closes, que la moitié des Américains se considèrent comme des victimes, ayant droit à des subventions, et ne veulent pas prendre leur vie en main. Il est difficile de se prendre pour le président des Etats-Unis en méprisant la moitié du pays.”

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