Bill Clinton: Powerful Support for Barack Obama

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Bill Clinton, un soutien de poids pour Barack Obama

VIDÉO. Obama a compris que Clinton, l’un des présidents les plus populaires des États-Unis, pouvait être un atout décisif.

Barack Obama et Bill Clinton mercredi, sur la scène de la convention démocrate à Charlotte. © Pablo Martinez Monsivais / AP/Sipa

Par Michel Colomès

Ce n’est pas seulement sur un coup de colère qu’Obama a refusé à Al Gore de prendre la parole à la convention démocrate de Charlotte. L’ancien vice-président est le chantre d’une écologie dont – tant mieux pour lui, tant pis pour les purs militants – il a fait un juteux business, mais qui n’est plus une priorité à l’heure de la crise. Il a donc dû se contenter de jouer les commentateurs pour une chaîne de télévision. Ce n’est pas non plus l’effet du hasard si l’ancien président Jimmy Carter a été cantonné, au premier jour des festivités, à un rôle d’orateur modeste, n’intervenant même pas à la tribune, mais par le biais d’un circuit vidéo. Carter a laissé l’image d’un président idéologue et bardé de bons sentiments, mais son manque de réalisme est un contre-modèle pour un pays qui cherche le rebond dans un paysage économique et géopolitique bouleversé

“Personne, mieux qu’Obama…”

C’est, en revanche, délibérément que Barack Obama a demandé à Bill Clinton de faire mercredi soir le discours proposant officiellement à la convention de le proclamer candidat du Parti démocrate pour l’élection du 6 novembre. À 66 ans, avec sa crinière devenue blanche, sa voix un peu voilée de crooner, le président démocrate des années heureuses a allumé le feu dans l’arène de Charlotte. “Personne, aucun président et pas même moi, n’aurait pu réparer mieux qu’il l’a fait les dégâts dans notre économie qu’Obama a trouvés en 2008”, a-t-il martelé. Au passage, il a très habilement rendu hommage à Ronald Reagan et George Bush (le père, pas le fils) pour mieux enfoncer Mitt Romney “qui ne cherche pas à trouver des jobs pour les Américains, mais seulement à prendre son job au président” !

On pouvait l’imaginer, mais on n’a pas été déçu : la tonalité passionnée de la prestation du président des années 1990 tranchait avec l’approbation donnée du bout des lèvres à Obama, lors de la convention de Denver, en 2008. Il faut se souvenir qu’à l’époque le futur président avait écrasé, lors des primaires, Hillary, la femme de Bill, dont il allait pourtant faire sa secrétaire d’État sitôt à la Maison-Blanche. Et Bill, qui s’était beaucoup impliqué dans la campagne de son épouse, avait eu du mal à digérer les attaques ad hominem, venant du camp Obama et allant même jusqu’à le soupçonner de racisme, lui dont l’empathie avec la communauté afro-américaine est tellement connue qu’il avait été, en son temps, surnommé “le premier président noir des États-Unis”.

Conseils

Avant leurs embrassades de la nuit dernière sur la scène de la convention démocrate, leurs véritables retrouvailles datent d’après la dégelée subie par les démocrates aux élections de mi-mandat, en 2010. En décembre, Obama invite Bill Clinton à la Maison-Blanche. Ils passent trois heures en tête-à-tête au cours desquelles l’ancien président explique à son successeur qu’il prend d’excellentes initiatives, mais qu’il ne sait pas les valoriser. Il lui dit son admiration d’avoir réussi une réforme du système de santé que lui-même n’avait pu mener à bout. Mais il lui reproche de ne pas avoir su la vendre au public américain. Bill dira plus tard à un conseiller d’Obama : “Si vous n’allez pas vers les autres pour expliquer ce que vous faites, c’est perdu, car ils l’oublieront.” Ce jour-là, en tout cas, Barack est tellement convaincu de la démonstration de Bill qu’il improvise une conférence de presse commune. Et situation exceptionnelle, comme le président est appelé à d’autres engagements, il laisse son prédécesseur seul face aux journalistes. Ce que Bill adore, évidemment.

En lui donnant la vedette américaine de la convention, Barack Obama n’a pas seulement voulu rendre hommage à Bill Clinton, un des présidents – en dépit de ses frasques – les plus appréciés des électeurs américains. De manière subliminale, le choix de ce porte-parole de prestige met l’accent sur l’indispensable pragmatisme que le président admet qu’il lui faudra pratiquer pour son second mandat, lui qui, avec des accents à la Carter, avait défendu le rêve d’une société différente lors de l’élection de 2008. Accessoirement, l’extraordinaire succès dont a bénéficié Bill Clinton, pour qui la chaleur, l’empathie sont une seconde nature, rappellera peut-être au président sortant qu’il ne suffit pas d’être un président très adulé, parce que différent, pour réussir. Il faut aussi savoir aller vers les autres et leur expliquer ce qu’on fait. Ce qui a jusqu’ici cruellement manqué à Barack Obama.

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