Edited by Mary Young
Nétanyahou s’expose au côté de Romney
Le premier ministre israélien s’est engagé comme jamais derrière le candidat républicain rival d’Obama.
Les récentes gaffes de Mitt Romney mettent Benyamin Nétanyahou dans une position délicate.
Le premier ministre israélien, dont les rapports avec Barack Obama ont toujours été notoirement tendus, s’est engagé ostensiblement depuis le début de la campagne présidentielle américaine en faveur du candidat républicain, misant ouvertement sur la défaite du président sortant. Les faux pas de Romney et la remontée d’Obama dans les sondages commencent à faire douter de l’habileté de cette tactique. Jusqu’au sein du Likoud, on se demande si le premier ministre n’a pas misé sur le mauvais cheval, s’aliénant un peu plus un président démocrate qui pourrait bien être réélu.
La sympathie naturelle de Nétanyahou pour les républicains a été renforcée par ses relations difficiles avec Obama. Le courant n’est jamais passé entre les deux hommes, en désaccord sur la colonisation comme sur quasiment tous les sujets. Obama, qui s’était un peu hardiment engagé dès son élection à relancer le processus de paix entre Israël et les Palestiniens, s’est heurté avant tout à la complexité du dossier. Mais la résistance de Nétanyahou aux pressions de Washington a été perçue à la Maison-Blanche comme une marque de mauvaise volonté patente.
Parlant parfaitement l’anglais et bon connaisseur de la scène politique américaine, Nétanyahou a de son côté régulièrement défié Obama sur la scène politique américaine, allant se faire applaudir par le Congrès pendant l’une de ses visites aux États-Unis.
La nomination du milliardaire mormon comme candidat républicain face à un Obama affaibli par la crise économique est apparue comme l’alternative rêvée pour Nétanyahou. Les deux hommes se sont connus à la fin des années 1970, quand ils avaient travaillé pour la même société de conseil à Boston. Romney a de son côté multiplié les critiques contre la politique d’Obama au Proche-Orient, fustigeant son manque de soutien à Israël et donnant tous les gages possibles à la droite israélienne.
Lors de sa visite en Israël en juillet dernier, Romney a pris publiquement position pour la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, qualifiant la société palestinienne de «culturellement inférieure» à la société israélienne. Romney a aussi manifesté son soutien inconditionnel à Israël face à la menace du programme nucléaire iranien. Ses déclarations sur les Palestiniens qui «ne s’intéressent absolument pas à la paix», dévoilées dans une vidéo tournée lors d’un dîner de levée de fonds, montrent qu’il a totalement épousé les vues de Nétanyahou.
Un pari aventureux
La prise de conscience d’une possible défaite de Mitt Romney a fait soudain apparaître l’engagement du dirigeant israélien dans la politique intérieure du puissant allié américain comme un peu aventureux. «Ce qui se passe est sans précédent, analyse l’éditorialiste Sima Kadnon dans le Yedioth Aronoth. Un premier ministre qui se considère comme un spécialiste des États-Unis, qui croit connaître la politique américaine et être capable d’en tirer les ficelles, manœuvre contre l’Administration en place à Washington d’une façon encore jamais vue.»
Presque certain d’être réélu l’an prochain, Nétanyahou doit maintenant envisager la perspective de voir son face-à-face avec Obama se poursuivre encore quatre ans. Le président américain, libre de toute préoccupation électorale, pourrait se montrer moins patient pendant son second mandat à l’égard de l’allié israélien.
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