Malgré le scandale causé par ses propos sur le viol, il refuse d’abandonner la bataille sénatoriale.
Grand front, cheveux blonds rares soigneusement peignés sur le côté, mâchoire carrée, allure traditionnelle. Error! Hyperlink reference not valid., 65 ans, est le nouveau visage de la rébellion de la base conservatrice du Parti républicain. Un visage qui embarrasse Error! Hyperlink reference not valid., déjà bien occupé à faire le grand écart entre les revendications extrêmes des Tea Party et des chrétiens conservateurs, et les humeurs plus modérées des indépendants qu’il va devoir aller chercher au centre un à un, s’il veut avoir une chance de battre Barack Obama.
Malgré le formidable scandale qu’il avait déclenché au mois d’août – en justifiant son opposition totale à toute forme d’avortement même en cas de viol ou d’inceste, au motif que les femmes vraiment violées auraient instinctivement le pouvoir de prévenir leur grossesse -, ce représentant du Missouri a en effet décidé mardi de ne pas se retirer de la course sénatoriale cruciale dans laquelle il est engagé contre la démocrate sortante Claire McCaskill. Une décision en forme de pied de nez à l’establishment du parti de l’Éléphant et à Romney lui-même, qui l’avaient pressé de jeter l’éponge. «Ce choix n’est pas le mien. C’est celui des électeurs qui m’ont fait confiance», a lancé Todd Akin pour justifier sa décision.
Avant son dérapage, Akin avait remporté haut la main la primaire républicaine du Missouri. Devançant la démocrate de 10 % à 18 % dans les sondages, cet ancien militaire semblait assuré de faire basculer le siège très convoité de cet État plutôt conservateur dans l’escarcelle de la droite, qui a besoin de quatre victoires sénatoriales additionnelles pour arracher une majorité au Sénat.
Mais, au mois d’août, ses stupéfiants propos sur le viol avaient suscité un véritable tollé à travers le pays et le camp républicain. Ce dernier fulminait de voir Akin apporter de l’eau au moulin des démocrates, qui accusent la droite de mener une «guerre contre les femmes». Le Comité national républicain avait annoncé qu’il retirait son soutien politique et financier au représentant Akin, dont le taux de popularité avait chuté drastiquement dans les sondages. Tous les grands donateurs du camp conservateur avaient fait de même. Mais le rebelle du Missouri, un ancien ingénieur militaire violemment anti-État, qui prône l’éducation à la maison, «n’aime pas» le système de sécurité sociale américain, défend le port d’armes en toutes circonstances et considère les prêts d’État aux étudiants «comme un cancer», espère aujourd’hui compenser ce tir de barrage en mobilisant la nébuleuse chrétienne conservatrice en sa faveur. «Akin se fait des idées s’il pense que les groupes financiers vont changer d’opinion, notait mercredi, sceptique, Jennifer Duffy, du Cook Political Report. Lui ouvrir les caisses du parti reviendrait à fragiliser d’autres candidats, qui seraient immédiatement assimilés à lui.»
Donné largement battu
Pourtant, plusieurs groupes chrétiens, comme le Fonds sénatorial des conservateurs que dirige le faiseur de roi Tea Party Jim DeMint, semblent tentés de sauver «le soldat Akin».
Le Parti républicain de l’État du Missouri a aussi indiqué qu’il allait s’engager aux côtés d’Akin. Signal important, l’ancien candidat présidentiel Newt Gingrich a animé une soirée de levée de fonds à Saint Louis pour le candidat. «Voulons-nous laisser le Sénat aux démocrates oui ou non?», a-t-il questionné.
Donné largement battu fin août par les sondages (41 contre 50), Akin est aujourd’hui au coude-à-coude avec son adversaire démocrate. L’affaire promet donc d’être suivie de très près dans le Grand Old Party (GOP). Car si Akin devait être gagnant au Sénat et Romney perdre la présidentielle, l’affaire ferait le jeu des radicaux du Parti républicain, persuadés qu’il faut en finir avec les «mous» comme Romney et McCain. Pour aller chercher plus à droite les candidats présidentiels conservateurs.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.