.
Posted on October 6, 2012.
Le Lapsus de Barack Obama
Le président Barack Obama a fait un lapsus étonnant lors d’un discours àl’université Kent State. « Je veux que l’on exporte plus d’emplois. Euh, plus de produits. » Dans une habile pirouette qui a ravi ses partisans, ilse ravise très vite en faisant rire l’audience: « Pardon… Je me suis pris pour mon adversaire », a-t-il déclaré.
Et si ce lapsus avait plus de signification qu’une simple étourderie ? Obama est l’héritier d’une longue tradition démocrate qui a longtemps favorisé l’exportation massive des produits et des emplois américains au nom de la compétitivité économique et de la consommation de masse. Dans un beau livre, Pivotal Decade, l’historienne Judith Stein raconte la manière dont les emplois industriels aux Etats-Unis ont été bradés dans les années 1970 au profit de la dérégulation financière et économique.
Depuis les années 1950, les démocrates acceptent l’inéluctable déclin du tissu industriel et accompagnent le libre-échange et la dérégulation qui l’accompagne. C’est à un président démocrate, Bill Clinton, élu en 1992, que l’on doit le traité ALENA, qui crée une zone de libre échange du Canada au Mexique, et la dérégulation de l’ensemble des produits bancaires et financiers. Alors que la Chine est devenue le bouc émissaire des deux candidats, faut-il s’étonner de la fuite des emplois et du malaise du monde ouvrier et de la petite classe moyenne ?
Le destin d’une entreprise comme Radio Corporation of America (RCA) est emblématique de cette politique industrielle. Née en 1919, l’entreprise offre des emplois à Camden dans l’Etat du New Jersey et vend ses radios, puis ses téléviseurs aux Américains.
La crise de 1929 provoque un transfert des activités vers le Midwest, puis le Sud, afin de bénéficier d’une main d’œuvre bon marché et d’une paix syndicale. Rachetée en 1986 par le groupe Thomson, c’est vers le Mexique que le groupe se tourne.
Site industriel de RCA à Camden, New Jersey dans les années 1930.
A l’heure de la crise économique, les délocalisations industrielles et la crainte des marchés émergents occupent le devant de la campagne. Si le président Barack Obama critique le bilan économique catastrophique en la matière de l’homme d’affaires Mitt Romney, il ne doit pas oublier les inconséquences d’une politique industrielle défendue pendant de longues années par son propre camp.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.