Mitt Romney a détaillé ce lundi sa politique étrangère. Dénonçant la passivité de Barack Obama, le candidat républicain assure vouloir «changer de cap au Moyen-Orient». Retour sur cinq points de désaccord des deux adversaires.
Elle est longtemps restée absente de la campagne présidentielle. Mais de plus en plus, voilà que la politique étrangère se fait une place dans les discours des deux candidats. Ce lundi, Mitt Romney, qui s’est montré critique du bilan du président démocrate, lance les hostilités en annonçant les clés de sa «diplomatie offensive» dans un discours à l’Institut militaire de Virginie. Retour sur les cinq grands dossiers internationaux sur lesquels les deux candidats ont des avis bien tranchés. Et des propositions différentes.
Le terrorisme au Moyen-Orient
C’est sur ce dossier que Mitt Romney entend bien se démarquer du président en place. Le candidat républicain juge que la menace pesant sur les Etats-Unis est «sous-estimée» par l’administration en place. Pour preuve selon lui, l’attentat de Benghazi, qui a coûté la vie à l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye et à trois autres américains le 11 septembre. «Je sais que le président espère un Moyen-Orient plus sûr, plus libre et plus prospère, allié des Etats-Unis.», a déclaré l’ex-gouverneur du Massachusetts dans son discours lundi. «Je partage cet espoir. Mais l’espoir n’est pas une stratégie.» Le candidat républicain entend donc «changer de cap au Moyen-Orient», en appuyant les «paroles par des actes», et propose d’augmenter le budget américain de la défense. Le site de campagne de Barack Obama, qui présente son programme pour les élections de novembre, se contente de vanter, parmi plusieurs points de son bilan en politique étrangère, l’assassinat d’Oussama ben Laden, qui aurait «sévèrement affaibli Al-Qaeda».
Le conflit israélo-palestinien
Sur le programme affiché sur son site de campagne, Mitt Romney critique la stratégie de son rival dans la résolution du conflit : selon lui, Obama n’aurait pas dû s’éloigner d’Israël, pour mieux gagner la confiance des pays arabes. Car, pour le républicain, «il ne pourra y avoir de paix durable au Proche-Orient que si Israël sait qu’elle est en sécurité». Redevenir pour Israël autre chose qu’un «ami intéressé», mais aussi réduire le soutien aux Palestiniens, s’ils continuent à associer le Hamas dans leur demande de reconnaissance à l’ONU : voilà ses deux priorités.
Romney promet aussi de subordonner l’aide financière à l’Egypte au respect du traité de paix avec Israël. Mais, dans une vidéo filmée par une caméra cachée, il révèle à son insu ne pas croire en la création d’un Etat palestinien, alors qu’il défend généralement en public une solution à «deux Etats». Une ambition que défendait également le candidat Obama en 2008, mais qu’il semble avoir mis entre parenthèses pour cause d’année électorale. Il a pourtant rappelé cet engagement à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU le 25 septembre : «La route est difficile, mais la destination est claire : un Etat d’Israël juif, en sécurité, et une Palestine indépendante, prospère.»
L’Iran
Il faut à tout prix empêcher l’Iran de développer l’arme nucléaire, même si cela implique le recours à la force : sur ce point, les deux candidats sont bien d’accord. En revanche, ils diffèrent sur la ligne rouge à ne pas dépasser. Pour Obama, il faudra attendre que le gouvernement iranien prenne des mesures directes pour acquérir l’arme. Pour Romney, la détention prouvée d’une «capacité nucléaire» par Téhéran, sans forcément que celle-ci serve à produire une arme, suffirait pour justifier une attaque. A l’intérieur de son programme, le candidat républicain promet un nouveau train de sanctions, essentiellement financières. Mais il entend également montrer au régime iranien, non plus par des mots, mais par des actes, que l’option militaire est sur la table, en restaurant la présence de forces aériennes dans le golfe Persique et l’Est de la Méditerranée.
L’Afghanistan
A priori, ce n’est pas sur ce dossier que les candidats vont le plus s’écharper. Tous deux sont d’accord avec le principe d’une fin des combats, prévue d’ici la fin 2014 par l’administration Obama. Pas de division non plus sur une réduction à venir, d’ici à la fin du conflit, du nombre de troupes américaines dans le pays. Mais là où Barack Obama et Mitt Romney tombent en désaccord, c’est bien sur les modalités de cette transition. Si Barack Obama veut négocier la paix avec le gouvernement afghan et les talibans, cette option n’est pas envisageable pour son adversaire républicain : «Je ne négocie pas avec les talibans. C’est aux Afghans de décider seuls de la façon dont ils dessineront leur futur», a-t-il tranché durant un débat des primaires républicaines.
La Syrie
C’est peut-être le sujet le plus brûlant, et là non plus, les deux candidats ne manquent pas de diverger. Lors de son discours à l’Institut militaire de Virginie, Romney a accusé son rival d’avoir «échoué à montrer la voie en Syrie». Il a répété vouloir fournir aux rebelles «les armes dont ils ont besoin», ce que refuse d’envisager l’administration Obama, au prétexte que la composition de cette opposition est encore trop floue. Si le républicain souhaite voir son pays s’impliquer davantage en Syrie, aucun des deux candidats ne soutient pour l’instant le principe d’une intervention contre le régime de Bachar-al-Assad. L’actuel président note toutefois, dans une conférence de presse en août à la Maison Blanche: «La ligne rouge, pour nous, sera franchie si nous voyons que des armes chimiques sont échangées ou utilisées. Là, cela changerait mon équation.»
Si le bilan de Barack Obama est critiqué, Mitt Romney doit encore convaincre des grandes lignes de sa politique annoncées ce lundi. L’écart entre les deux candidats dans l’opinion américaine reste pourtant faible : 46% des Américains estimeraient que Barack Obama ferait «mieux» que Mitt Romney en politique étrangère, contre 40% pensant l’inverse, selon un sondage réalisé fin septembre. Les débats télévisés des 16 et 22 octobre, consacrés à la politique étrangère, offriront une occasion aux électeurs de comparer les programmes des deux candidats sur ces questions. Et peut-être de relancer une campagne de plus en plus incertaine après le premier débat du 3 octobre.
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