The Plight of the Forgotten Palestinian People

<--

ELECTIONS AMÉRICAINES

Le calvaire du peuple palestinien oublié

Par Pr – Jeudi 13 Septembre 2012 – Lu 322 fois

Taille du texte :

Pour la première fois depuis une vingtaine d’années, le problème palestinien qui faisait partie de la politique étrangère américaine des candidats, a disparu de l’écran radar

«Celui qui m’a changé en exilé m’a changé en bombe… Palestine est devenue mille corps mouvants sillonnant les rues du monde, chantant le chant de la mort, car le nouveau Christ, descendu de sa croix, porta bâton et sortit de Palestine.» Mahmoud Darwish

Les élections américaines approchent à grand pas- moins de 60 jours nous séparent de cet important événement pour les Américains. Chaque camp s’apprête pour le grand soir. L’adoubement d’Obama à la convention démocrate de Charlotte a donné un coup de fouet à la candidature d’Obama dont on dit qu’il devance son adversaire républicain. Trois débats sont prévus dans l’intervalle, chacun s’attaquant aux points faibles de l’autre. On dit que Mitt Romney n’attaquera pas trop tard la mesure concernant la santé, ” l’Obamacare “, car lui-même l’avait mis en place quand il était gouverneur du Massachussetts. Pourtant, le colistier de Romney a promis de détricoter cette avancée qui fait que plusieurs millions d’Américains de condition modeste peuvent se soigner.

Pour la première fois depuis une vingtaine d’années, le problème palestinien qui faisait partie de la politique étrangère américaine des candidats, a disparu de l’écran radar. Est-ce que la paix est revenue? Que les Israéliens et les Palestiniens vivent côte à côte dans deux Etats séparés comme le souhaitaient Obama et avant lui Bush et Clinton? Est-ce que nous avons affaire à un Etat de tous ses citoyens palestiniens et israéliens? Est-ce que le peuple palestinien a disparu? Rien de tout cela! En fait, les deux protagonistes veulent éviter les sujets qui fâchent et qui risquent de leur aliéner le vote juif, notamment celui de l’Aipac sachant qu’il n’y a pas de vote arabe aux Etats-Unis (Musulmans et Chrétiens), bien que plus nombreux, ils sont plus atomisés que jamais. Pendant ce temps-là, le président palestinien Mahmoud Abbas plane. Il fait comme s’il dirigeait un Etat avec toutes ses prérogatives. (1)

Le cas de la colonie Ariel en plein coeur de la Cisjordanie est un exemple type de normalisation rampante. La décision appartient désormais à l’armée israélienne, décisionnaire en Cisjordanie. C’est elle qui se prononcera in fine sur la transformation du collège d’Ariel en établissement universitaire. La banalisation d’une colonie de près de 18.000 habitants fichée au coeur de la partie Nord de la Cisjordanie, que les Israéliens appellent Samarie. L'”Université de centre Samarie”, si elle voit le jour, sera un élément supplémentaire de l’occultation d’une réalité en cours également dans les têtes. A mieux y regarder, il manque encore une chose à Ariel: son inclusion au tracé de la “clôture de sécurité”érigée unilatéralement par Israël en Cisjordanie. Une décision lourde de sens puisque l’annexion de facto d’Ariel au territoire israélien signifierait l’échec du projet à l’origine de la colonie: la création d’un continuum territorial jusqu’à la vallée du Jourdain, dans le double objectif de contrôle du nord de la Cisjordanie et d’obstacle à la création d’un éventuel Etat palestinien.

Le minimum syndical de Ban Ki-moon

En fait, la colonisation rampante se normalise. ” La justice écrit Gilles Devers, a cela de pratique qu’on peut lui faire dire souvent ce que l’on veut bien entendre. Les opposants israéliens à la colonisation ne juraient jusqu’à présent que par le rapport Sasson, rédigé en 2005, qui concluait à l’illégalité des points de colonisation sauvages, Israël répétant depuis bientôt deux décennies qu’il ne crée plus d’implantations nouvelles en Cisjordanie. A partir des mêmes prémisses (la connivence entre les colons et les autorités israéliennes), un autre rapport, signé par le juriste Edmond Lévy le 10 juillet, est célébré par les Israéliens installés de l’autre côté de la Ligne verte parce qu’il conclut à la légalité de ces points de colonisation, du fait justement des “garanties” données de facto par l’Etat juif à ses habitants. (2)

Ban Ki-moon a prévenu Israël lundi 10 septembre que la poursuite du blocus de la bande de Ghaza ne ferait que condamner les habitants de l’enclave côtière à une pauvreté durable susceptible de profiter aux extrémistes. Intervenant devant le Conseil des Droits de l’homme, le secrétaire général de l’ONU a également imputé “les immenses souffrances humaines” des Ghazaouis “aux tirs aveugles de roquettes” sur Israël à partir de la bande de Ghaza et aux graves violations des libertés fondamentales. “J’exhorte Israël à lever ses sévères restrictions afin d’alléger la situation désespérée dans laquelle se trouvent les civils”, a-t-il dit en référence au blocus imposé par le gouvernement israélien.

“Maintenir une large et dense population dans une situation de pauvreté persistante n’est dans l’intérêt de personne si ce n’est des (groupes) les plus extrêmes de la région”, a-t-il déclaré. Ban Ki-moon, dont les propos ont été repris par le Haut Commissaire aux droits de l’homme, Navi Pillay, devant les 47 membres du Conseil, a, en outre, exhorté le gouvernement israélien à respecter les droits des Palestiniens et le droit international. Elle a appelé l’Etat juif à soutenir les efforts visant à créer “un État palestinien indépendant, souverain, démocratique et viable ” en paix avec Israël. Une solution durable au conflit dans la région passerait par la conclusion d’un accord qui mettrait fin à 45 ans d’occupation. Or, les discussions entre Israël et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie autour d’un éventuel accord de paix sont au point mort, chaque partie accusant l’autre. Les Palestiniens considèrent notamment que les colonies israéliennes sont un obstacle majeur à toute discussion constructive. Navi Pillay a évoqué ce point lors de son intervention devant le Conseil: l’expansion des colonies “ainsi que la violence des colons israéliens à l’encontre des Palestiniens” sont une source de tension, a-t-elle dit, appelant les autorités israéliennes à relâcher les quelque 4000 prisonniers palestiniens détenus sans aucune forme de procès. Elle a cependant également critiqué les tirs de roquettes palestiniens. Le Hamas, de son côté, se défend de se livrer à des tirs de roquettes systématiques sur des villages israéliens et des villes situées à la frontière, déclarant qu’il s’agit uniquement de réponses sporadiques et isolées visant à se protéger.

On le voit, Ban a fait le minimum syndical, il met sur le même plan l’occupant et l’occupé, les tirs de pétards – qui sont surtout des réactions d’orgueil sans lendemain – des Palestiniens à titre d’exemple ont une efficacité mille fois plus faible que celle des hélicoptères Apache ou des drones prédators. Mieux, il en appelle à son bon coeur, au bon coeur de l’occupant, n’appelant naturellement à aucune sanction, tout entier occupé par le dossier syrien.

C’est un fait, le dossier palestinien ne fait plus vendre, il n’intéresse pas les Américains et le lobby pro-israélien veille au grain. ” A entendre les deux discours prononcés par les deux candidats à l’élection présidentielle américaine du 6 novembre au cours de leurs conventions respectives, on peut faire le pronostic qu’en matière de processus de paix, si on peut encore oser cette expression, la lumière ne viendra pas avant longtemps de Washington. Personne n’est censé douter de l’attachement de l’un comme de l’autre à Israël, mais en moins de vingt mots pour l’un comme pour l’autre: Mitt Romney s’est montré le plus lapidaire: “President Obama has thrown allies like Israel under the bus”.

Romney, Obama et la disparition du dossier palestinien

Les intéressés devront s’en contenter. Barack Obama, qui a enregistré sur ce dossier l’un de ses revers les plus cuisants et qui a pris ses distances depuis deux ans avec ce casse-tête, n’est, cependant, pas allé jusqu’à oublier l’objectif de la paix:”Our commitment to Israel’s security must not waver, and neither must our pursuit of peace”. C’est également court. Bref, l’évitement est en vogue. Sans doute pour longtemps.

Dans la bataille particulièrement âpre qui s’est engagée aux Etats-Unis entre Barack Obama et Mitt Romney, tous les coups comptent. Les atermoiements démocrates sur la référence à Jérusalem comme capitale d’Israël ont été mis à profit par le camp républicain pour mettre en cause la sincérité du lien à Israël, un sujet de très large consensus aux Etats-Unis. De quoi s’agit-t-il? Après avoir été initialement retirée, cette référence a été maladroitement réintroduite dans la plate-forme du Parti démocrate comme l’a raconté Corine Lesnes sur son blog. Au final, le texte concernant Israël est le suivant: “President Obama and the Democratic Party maintain an unshakable commitment to Israel’s security.

Combien de capitales à Jérusalem?

A strong and secure Israel is vital to the United States not simply because we share strategic interests, but also because we share common values.(…) President Obama will continue to press Arab states to reach out to Israel. “Jerusalem is and will remain the capital of Israel. The parties have agreed that Jerusalem is a matter for final status negotiations. It should remain an undivided city accessible to people of all faiths.”” L’aile gauche démocrate a manifestement interprété ce changement comme une insupportable concession aux pro-Israéliens. Malgré les protestations de nombreux délégués démocrates. Le programme de gouvernement du parti du président américain, a donc été modifié in-extremis mercredi dernier, au soir, afin d’y faire référence à Jérusalem, comme “capitale d’Israël”. (5)

Pour l’histoire, lors de son déplacement en Israël, Mitt Romney a assuré les Israéliens à Jérusalem que cette dernière serait la capitale éternelle d’Israël.

Le dossier du nucléaire civil iranien

Le deuxième dossier important qui est lié aussi à la politique extérieure américaine, est le dossier iranien. Ni les printemps arabes, ni la débâcle financière européenne ne trouvent grâce aux yeux des candidats. Les dirigeants israéliens font le forcing pour définir une ligne rouge qu’ils veulent la plus coercitive possible en menaçant d’intervenir eux-mêmes.

Dans cet ordre, le président américain Barack Obama a décliné une demande israélienne de recevoir le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de sa prochaine visite aux Etats-Unis. Cette ” rebuffade ” survient au moment où Israël et les Etats-Unis affichent de plus en plus ouvertement leurs divergences sur le dossier nucléaire iranien. Washington, privilégiant à ce stade la voie diplomatique, a opposé, lundi 10 septembre, une fin de non-recevoir aux demandes répétées de M.Netanyahu d’imposer à l’Iran une “ligne rouge claire” pour l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire. Les Etats-Unis ont prévenu Israël que fixer une “ligne rouge” ou une date butoir à l’Iran pour son programme nucléaire controversé ne serait “pas utile”, Washington privilégiant la voie de la diplomatie et des sanctions contre Téhéran.

Quant au candidat républicain, il estime qu’un Iran nucléaire est “le plus grand danger auquel l’Amérique et le monde peuvent être confrontés”. Le candidat républicain à la Maison-Blanche, Mitt Romney, a déclaré que le traitement du dossier iranien par Barack Obama était peut-être son “plus gros échec”, tout en promettant une approche différente s’il est élu dimanche dans une interview à la chaîne NBC. Cependant, selon le journal anglais Sunday Times de dimanche, Israël réfléchirait à lancer une impulsion électromagnétique (IEM) sur l’Iran pour paralyser l’ensemble de ses réseaux de transport et de communications, et arrêter ainsi le développement de son programme nucléaire. (6)

Conclusion

Selon toute vraisemblance, Obama serait élu. Il a eu des rapports très difficiles avec le Premier ministre israélien qui non seulement lui a tenu tête, mais de plus a fait fi de ses “recommandations”. L’idée de deux Etats côte à côte devient de plus en plus une vue de l’esprit. Les Palestiniens de Cisjordanie s’accommodant de leurs conditions avec un Premier ministre qui a les faveurs de l’Occident. Les Ghazouis, eux, savent ce que c’est que la misère morale et matérielle survivant en apnée, ils n’attendent rien de l’Occident. Les élections palestiniennes sont prévues, on peut penser que si les Palestiniens votent mal, ils vont encore subir. Le ” printemps arabe ” s’est arrêté aux portes de la Cisjordanie et même la tentative des jeunes ” facebookés ” enjoignant leurs dirigeants de Ghaza et de Ramallah, a fait long feu. Il faut espérer qu’Obama une fois réélu aura les coudées franches pour faire aboutir le dialogue avec l’Iran et pour ramener à la raison les Israéliens pour arriver à un Etat israélo-palestinien qui sera l’Etat de tous ses citoyens ramenant enfin la paix dans cette région du monde qui a vu l’avènement des religions révélées. Amen!

About this publication