Mitt Romney President? Smile, You're Fired

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La scène se passe lors d’un débat de la primaire républicaine. Newt Gingrich est en difficulté. Il lui faut une idée, quelque chose pour relancer sa campagne qui s’essouffle inexorablement. Coloniser la Lune ! Ça doit plaire aux Américains, eux qui se rêvent encore en pionniers, eux qui ont adoré Kennedy et sa « nouvelle frontière ». Alors, Gingrich est fier, visiblement heureux de son annonce.

Gingrich :

« Je ne veux pas être le pays qui est arrivé le premier sur la Lune, qui rebrousse chemin et dit : “ Ça n’a pas d’importance, laissons les Chinois dominer l’espace… ” C’est la voie du déclin national, et je suis pour que l’Amérique soit un grand pays, pas un pays en déclin. »

Romney :

« J’ai passé 25 ans dans les affaires. Si un cadre dirigeant était venu me voir pour me dire qu’il voulait dépenser quelques milliards de dollars pour installer une colonie sur la Lune, je lui aurais dit : “ Vous êtes viré. ” »

Passe d’arme sur la Lune entre Gingrich et Romney

Débat de la primaire républicaine à Jacksonville, en Floride, 26 janvier 2012. En anglais

« J’aime pouvoir virer les gens »

Un patron autoritaire et fier de son pouvoir. En novembre 2008, dans une tribune dans le New York Times, il avait déjà considéré qu’il fallait laisser Détroit – General Motors – faire faillite.

En janvier dernier, sur le ton de la blague, pour défendre le fait que les Américains puissent choisir leur compagnie d’assurance et en changer quand ils veulent, il avait fait parler son expérience de sympathique patron.

« Je veux que les individus aient leur propre assurance. Cela veut dire que les compagnies d’assurance doivent faire le maximum pour vous garder. Cela veut aussi dire que si vous n’en êtes pas satisfait, vous pouvez les virer. J’aime pouvoir virer les gens ! »

Mitt Romney : « J’aime pouvoir virer les gens »

9 janvier 2012, en anglais

On est loin de l’image du patron positif, celui qui crée de la richesse et de l’emploi.

Et puis, en mai dernier, lorsqu’on l’interrogea sur les 145 000 emplois crées par le « Stimulus Plan », le bon Mitt avait lancé :

« Renvoyons ces 145 000 Américains chez eux ! »

Une posture qu’a longtemps conservée l’ancien gouverneur du Massachusetts, certain qu’il s’agissait d’un atout décisif en période de crise économique. Un patron qui a connu le succès saura y faire avec un pays à la dérive !

12 millions d’emplois promis… Mais où ?

Après plusieurs semaines de matraquage publicitaire de la part des démocrates, on pensait que Romney chercherait à effacer cette image de patron sans cœur qui lui colle à la peau. Surtout l’image d’un patron qui a fait fortune en licenciant des gens…

Dans le débat qui l’a opposé à Barack Obama mercredi dernier, le candidat démocrate a, en effet, fait l’étalage de sa nouvelle panoplie empathique, celle d’un homme qui peut comprendre les difficultés des plus humbles même s’il ne leur ressemble pas.

Big Bird, personnage d’un dessin animé diffusé sur PBS, au chômage à cause de Mitt Romney

Et puis, soudainement, à nouveau, le patron a déchiré ce nouveau costume qui semble bien davantage plaire aux Américains. A part Barack Obama, il n’y avait qu’un seul autre être humain sur le plateau : le modérateur Jim Lehrer, une grande figure de PBS. Et Romney n’a pas pu s’empêcher. Pour illustrer son désir de diminuer les aides de l’Etat, il s’en prend à ce pauvre Jim.

« Je suis désolé Jim, mais je vais devoir couper les aides à PBS. »

Et sans parler de Big Bird qui affole la Toile.

Extrait du débat présidentiel, 3 octobre 2012, Denver (Colorado)

Alors forcément, quand Mitt Romney promet de créer 12 millions d’emplois, certains doutent quand d’autres se demandent s’ils ne seront pas en Chine ou en Inde…

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