Obama and the Polls

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Si je mets le mot Obama dans le titre, j’obtiens plus de clics de lecteurs…c’est fou non ?

Je prends connaissance depuis quatre jours d’une série de sondages qui montrent que la défaite très nette de Barack Obama lors du débat télévisé de la semaine passée a pratiquement effacé son avance dans les sondages.

Ce phénomène appelle plusieurs commentaires.

1) Les sondages nationaux sont d’un intérêt moyen.

Le Président des États-Unis est élu par un collège de grands électeurs issus de 50 scrutins dans 50 États. Il faut donc s’intéresser aux sondages par État. Et surtout aux sondages dans les États traditionnellement coupés en deux. Les fameux “swing states” censés faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Pour faire simple il faut suivre avant tout: la Floride, la Virginie et l’Ohio. Si Mitt Romney ne remporte pas une majorité dans ces trois États là, il devient très difficile pour lui de gagner. Les indications pour le moment sont que sa bonne performance dans le premier débat lui profite surtout en Floride et en Virginie. Mais la qualité des sondages étatiques est douteuse…

2) Il reste deux débats

Le Président Obama ne sera pas aussi mauvais dans les deux autres débats. Je refuse de l’imaginer.

Ayant constaté les dégâts causés par son attitude détachée et professorale à Denver, il aura à coeur d’être chaleureux, précis et tranchant dans les deux autres confrontations. Il va devoir aussi être plus aggressif. C’est un risque car il aime passer pour un grand calme. S’il est trop aggressif, certains “indépendants”, c’est à dire des indécis souvent centristes, en particulier des femmes, pourraient s’en offusquer.

N’oublions pas que Mitt Romney est conscient que les termes du second débat, prévu le 16 octobre, ont changé. Le candidat républicain aura certainement tenu compte de la plus grande difficulté qu’il devra affronter face à un adversaire désormais sur ses gardes. Et surtout Mitt Romney devra se montrer à la hauteur de sa première performance. Un troisième et dernier débat est prévu le 22 octobre.

3) Les sondages n’élisent pas les présidents

Les électeurs élisent. Les sondeurs sondent. La prise en compte de la participation est toujours délicate et fait toute la différence.

Sur ce point le Président Obama a un problème sérieux: la mobilisation de la droite contre lui est collossale. Les républicains sont montés à bloc. La victoire très nette de leur candidat lors du premier débat leur a redonné espoir et énergie. Elle facilite aussi la levée de fonds pour leur candidat. Le Tea Party est déchaîné. Ses activistes jouent un rôle mal mesuré par les sondeurs.

En revanche la mobilisation des “indépendants” qui avait fait gagner Barack Obama en 2008, ne sera probablement pas aussi bonne en 2012. Il avait promis d’être “post partisan”. Mais il n’a jamais pu séduire ou rallier plus qu’une petite poignée de sénateurs républicains. En outre, il n’est pas tellement populaire auprès des leaders démocrates du Capitole.

Côté démocrate, la gauche sera-t-elle aussi motivée qu’en 2008 ? C’est possible car sa peur de Mitt Romney est grande.

Historiquement les Présidents sortants sont presque toujours réélus. George Bush père et Jimmy Carter sont les seuls exemples récents de défaites après un seul mandat.

4) Il est faux de dire que la situation économique détermine l’élection du Président.

Ce qui compte est la perception de la tendance de la conjoncture dans les mois qui précèdent l’élection.

Or Barack Obama aujourd’hui profite d’une remontée relative de l’optimisme des américains. La situation reste assez mauvaise. Mais elle est perçue comme moins mauvaise qu’il y a six mois. Cela suffit à faire la différence. Si la confiance des américains avait chuté depuis trois mois, Mitt Romney serait clairement en tête.

Il faut cesser de répéter qu’aucun Président ne peut gagner si le chômage est au dessus de x%. Ces précédents historiques n’ont guère de valeur. Le taux de chômage est lui-même très dépendant du taux de participation à la population active. Or ce taux a plongé depuis 4 ans. Le “vrai taux de chômage”, de ce point de vue, est aujourd’hui clairement supérieur à 10%.

5) Les républicains ont de bonnes chances de garder la majorité à la Chambre

Le resserrement de l’écart entre les deux candidats, voire sa disparition, est de bon augure pour les républicains. Si l’Amérique voulait balayer la majorité républicaine de la Chambre, il est probable que les sondages le diraient déjà. Or ce n’est pas le cas. Plus le jeu sera serré entre Barack Obama et Mitt Romney, plus les républicains auront le sourire.

Une courte victoire du Président Obama a de bonnes chances de reconduire une majorité républicaine modestement affaiblie. Quelques extrémistes du Tea Party semblent en difficulté. Mais les républicains disposent de 50 sièges d’avance sur un total de 435.

Une reconduction de la majorité républicaine à la Chambre des représentants serait un casse tête humiliant pour le Président sortant: il devrait alors faire des compromis avec un parti qu’il traîne dans la boue depuis 4 ans et qui le lui rend bien. La différence est que pour sauver son second et dernier mandat, car la constitution américaine lui interdit de se présenter trois fois, Barack Obama sera obligé cette fois-ci de faire des compromis. Notamment en matière fiscale…

Un tiers du Sénat est par ailleurs renouvelée le 6 novembre. Les démocrates semblent en mesure de conserver leur courte majorité à la chambre haute. Mais des suprises sont possibles.

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