Les États-Unis, le nouvel Eldorado des hydrocarbures grâce au schiste ?
Romain Renier
La production d’hydrocarbures américains progresse tellement que les États-Unis pourraient dépasser l’Arabie Saoudite et devenir le premier producteur mondial en 2020. Ce grâce au prix du baril élevé qui permet la rentabilité de la nouvelle méthode d’extraction des huiles et gaz de schiste par fracturation hydraulique.
Les États-Unis seraient-ils en passe de devenir le premier producteur mondial d’hydrocarbures ? Ils en prennent en tout cas le chemin, si l’on en croit les prévisions du département à l’Énergie américain qui inclut dans ses statistiques le “crude”, mais aussi d’autres formes d’hydrocarbures sous forme liquide tels que les biocarburants.
Le “nouveau moyen-orient”
D’après le département à l’Énergie (EIA), la production devrait atteindre un record à 11,4 millions de barils par jour en 2013, faisant des États-Unis le deuxième producteur mondial derrière l’Arabie Saoudite qui devrait atteindre les 11,6 millions de barils par jour la même année. Rien que cette année, la production totale est sur les rails pour progresser de 7% par rapport à l’an dernier et atteindre une moyenne de 10,9 millions de barils par jour. Soit sa plus forte progression en un an depuis 1951, surprenant même jusqu’aux experts. Selon Citibank, on peut attendre une production de 13 à 15 millions de barils par jour en moyenne en 2020, faisant des États-Unis un “nouveau moyen-orient”.
Réduction par deux des importations
Les États-Unis, qui brûlent en moyenne l’équivalent de 18,7 millions de barils par jour, auront toujours besoin d’importer une partie de ce qu’ils consomment. Mais grâce à cette augmentation de la production domestique et aux progrès en matière de consommation de carburants des véhicules de transport, les importations pourraient chuter de moitié à la fin des dix prochaines années. Mais cela ne devrait pas avoir pour effet de faire baisser les prix à la pompe en raison d’une demande mondiale qui reste élevée, des coûts importants causés par les modes d’extraction utilisés. Cela devrait toutefois avoir pour effet de dynamiser l’économie américaine grâce aux créations d’emplois et au rééquilibrage de la balance commerciale.
Des méthodes d’extraction couteuses…
Cette hausse soudaine de la production américaine est le résultat de deux facteurs. Au début des années 2000 a été mis au point un nouveau mode d’extraction par fracturation hydraulique qui permet d’aller chercher le pétrole et le gaz prisoniers dans la roche. Principalement dans du schiste. Ce nouveau procédé, plus cher que les procédés traditionnels, a été rendu possible grâce à l’augmentation du prix du baril. D’ailleurs, selon les experts, ce procédé ne deviendrait plus rentable en dessous de 75 dollars le baril, et les foreurs seraient contraints de réduire leur production en conséquence.
… et très controversées
Il faut noter par ailleurs que l’extraction d’huile et de gaz par fracturation hydraulique, pourvoyeuse de nombreux emplois, n’est pas sans soulever un certain nombre de problèmes. Pour extraire les huiles et gaz du schiste, les pétroliers utilisent de l’eau, du sable et des produit chimiques sous pression qui font éclater la roche. Par ces fractures dans la roche s’échappe le gaz. Mais le risque est que certaines fractures atteignent les nappes phréatiques et polluent les sols. Depuis que les États-Unis ont autorisé ce nouveau système de forage, de nombreuses voix s’élèvent pour demander son interdiction.
Tout dépend du prix du baril et de l’Arabie Saoudite
En fait, tout va surtout dépendre de la stratégie qu’adoptera l’Arabie Saoudite en fonction de l’évolution des cours sur les marchés mondiaux. L’Arabie Saoudite est assise sur les plus grosses réserves de pétrole au monde, et a pour habitude d’augmenter ou de réduire sa production pour maintenir la stabilité du prix du baril. Toutefois, d’après l’Agence internationale de l’énergie, l’Arabie Saoudite devrait garder une production régulière au cours des 5 prochaines années. Quand à l’extraction par fracturation hydraulique, elle devrait continuer d’être rentable car le prix du baril ne devrait pas passer sous la barre des 89 dollars d’ici à 2017. Les États-Unis devraient donc rester divisés entre les pro et les anti-fratcuration hydraulique, mais aussi profiter de cette manne nouvelle, encore quelques temps.
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