Beyond the Obama-Romney Duel: The Death Penalty Soon to Be Abolished in California?

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Au-delà du duel Obama – Romney, la peine de mort bientôt abolie en Californie ?

LE PLUS. Le 6 novembre, les Américains décideront qui sera leur nouveau président. Ils devront aussi désigner le Congrès et répondre par référendum à des questions importantes pour le pays. L’abolition ou non de la peine de mort sera ainsi en jeu en Californie. Décryptage avec Marie Brunerie, auteur de “Menaces sur Barack Obama : l’Amérique conservatrice à la conquête de la Maison Blanche”.

On en parle peu mais le 6 novembre, les Américains ne votent pas que pour leur président et leur Congrès. Outre l’élection de représentants “locaux”, nombre de questions sont aussi soumises au vote, dans chacun des cinquante États, par voie référendaire.

En Californie cette année, les électeurs devront se prononcer par exemple pour ou contre des questions aussi variées qu’une réforme totale du budget (c’est la “Proposition 31”), mais aussi l’obligation d’utiliser des préservatifs pour les “acteurs jouant dans des films pour adultes” (oui, c’est la “proposition B” et c’est soumis au vote !)

Vendredi, c’est la “proposition 34” qui refaisait parler d’elle, cette proposition qui abolirait la peine de mort dans l’État en commuant les peines en “prison à vie sans possibilité de conditionnelle”.

Les Californiens changent d’avis

Un sondage du “Los Angeles Times” annonce pour la première fois un revirement total avec un gain de six points par rapport au mois de septembre dans le camp de l’abolition : 45% des électeurs californiens voteraient “oui” à la proposition (contre 41% des qui voteraient “non” pour conserver la peine de mort dans l’État).

Si les électeurs de l’État votent “oui” à la proposition, la Californie deviendrait le 18e État abolitionniste (après le Connecticut, en mai 2012). Bien que la dernière exécution remonte à environ sept ans, la Californie a le “couloir de la mort” le plus encombré des États-Unis : ils sont 724 actuellement et 13 prisonniers ont été exécutés depuis la réinstauration de la peine capitale en 1976 après quatre ans de moratoire (contre 308 au Texas, un État qui a cependant mené 472 exécutions depuis 1976).

Mais les arguments avancés ne sont pas toujours ceux qui nous viendraient immédiatement à l’idée en Europe. Bien sûr, ils sont avancés par les partisans de l’abolition. Immorale et inhumaine d’abord : sur les quelques 8000 prisonniers du couloir de la mort aux États-Unis, 16% ont été exécutés depuis 1976 (près de 1300 donc). La possibilité d’erreurs judiciaires bien sûr aussi : le Death Penalty Information Center a recensé 140 personnes condamnées à mort puis finalement reconnues innocentes et on ne peut que penser à Hank Skinner qui réclame un test ADN depuis 1994 pour prouver son innocence.

L’argument religieux se fait aussi entendre chez les abolitionnistes comme pour la sœur Hélène Prejean – que l’on connait en France par le film de Tim Robbins, “La dernière marche” avec Sean Penn, tiré de son autobiographie (son rôle était joué par Susan Sarandon).

Mais ces arguments ne sont rien comparés à un autre, bien plus crucial cette année dans cet État au bord de la faillite et dont la devise est “Eureka !”

L’argument économique

Ils ont trouvé, oui, l’argument choc, à l’image du dernier ralliement au camp abolitionniste jeudi : l’animateur agité de Fox News Bill O’Reilly, ultraconservateur cathodique pourtant pas réputé pour ses prises de position “libérales”. Son argument ? C’est finalement celui qui prévaut même chez les sondés californiens cette semaine : le coût de la peine de mort et donc les économies faites par l’État californien en cas de passage à la “prison à vie”.

Les chiffres varient : pour le Death Penalty Information Center, les couloirs de la mort coûtent 130 millions de dollars aux contribuables du Golden State. Selon une étude de la 9e cour d’appel, ce sont 185 millions de dollars qui seraient économisés par l’État. Car oui, la “prison à vie” coûte moins cher : 50.000 dollars par an par prisonnier, c’est – selon les chiffres – entre trois fois et demi et cinq fois moins que le coût total d’un condamné à mort (frais de justice beaucoup plus lourds, conditions d’emprisonnement très onéreuses, etc.)

Alors les deux camps s’affrontent par spots interposés. Voici ce qu’avancent ceux qui y seraient favorables :

Et les anti :

Pas un thème de campagne

Ce dimanche matin, c’est l’ancien président, et Prix Nobel de la paix, Jimmy Carter qui publie un éditorial sans ambiguïté dans le “Los Angeles Times” : “Oui à la Proposition 34”.

Qu’en disent les candidats 2012 ? Ce n’est pas un thème de campagne. Si Obama n’a jamais pris de position ouvertement tranchée sur le sujet – il se contente de dire qu’il la soutient dans les cas de “crimes particulièrement haineux” mais que c’est un sujet qui doit légitimement faire débat –, Romney, lui, soutient la peine capitale en garantissant qu’aucune erreur ne soit possible. En course pour le poste de gouverneur du Massachusetts en 2002, il avait promis de la rétablir dans l’État (qui l’avait abolie en 1984), sans succès.

Loi du Talion d’un côté – la justice doit être rendue au nom des victimes, an eye for an eye ! –, contre loi du portefeuille de l’autre – un dollar pour un dollar. Résultats le 7 novembre au matin pour les Californiens et pour les 724 prisonniers actuellement “on death row” aussi…

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