Toutes nos félicitations au Parti libéral démocrate (si, comme moi, vous ne connaissiez pas : il se réclame d’Alain Madelin), qui doit être la seule formation politique française à souhaiter la victoire de Mitt Romney contre Barack Obama, ou en tout cas à le dire haut et fort.
Les membres du bureau national de ce parti ont courageusement affiché leur position dans les pages Rebonds de Libération la semaine dernière, et un communiqué envoyé ce mardi à la presse disait leur disponibilité à être interviewés sur leur soutien au candidat républicain.
Les signataires ne sont pas tout à fait des inconnus :
• Charles Beidbeiger, frère de… mais pas seulement, entrepreneur, également membre du comité national de l’UMP et de la direction du Medef ;
• Arnaud Dassier, lui aussi entrepreneur, ancien soutien de Nicolas Sarkozy en 2007, déçu de l’UMP qui lui a refusé l’investiture aux législatives en 2012 ;
• Philippe Karsenty, maire-adjoint de Neuilly, candidat dissident de l’UMP malheureux pour le siège de député des Français à l’étranger pour la circonscription incluant Israël, farouche partisan d’Israël et de la colonisation des territoires palestiniens ;
• Aurélien Véron, président du PLD, disciple d’Alain Madelin.
Dans leur tribune, ils affichent la couleur dès la première phrase :
« La victoire de Mitt Romney à l’élection présidentielle américaine du 6 novembre serait une heureuse nouvelle, non seulement pour l’Amérique, mais plus généralement pour le monde occidental, qui pourrait ainsi retrouver sa prospérité, sa grandeur, sa puissance et ses valeurs. »
Mais ils sont les premiers à constater, et à regretter, que « tous les dirigeants politiques français, y compris à l’UMP, souhaitent la victoire d’Obama »
Peut-être y a-t-il une raison à ce quasi consensus français. En 2008, la France était traversée par une Obamania délirante, qui attribuait toutes les qualités au tombeur de Georges Bush, y compris celles de faire la paix au Proche-Orient, de réconcilier l’Occident avec le monde arabo-musulman, de faire aimer de nouveau l’Amérique…
Pas de miracle « obamesque »
Quatre ans après, une évaluation plus sobre est de mise. Obama n’a pas fait de miracle, surtout pas au Proche-Orient… Pas plus qu’il n’est arrivé à fermer le camp de détention de Guantanamo comme il l’avait promis, ni à mettre fin à tous les travers extrajudiciaires de la « guerre contre le terrorisme ».
Mais le consensus français, et largement européen, porte sur le fait que l’actuel occupant de la Maison Blanche a rendu la politique étrangère américaine plus prévisible – un élément important en diplomatie –, plus rationnelle, plus « européo-compatible » – même si l’Europe est l’avant-dernier des soucis de Barack Obama, comme l’a montré le débat de lundi soir, où le vieux continent n’a même pas été mentionné.
Obama a retiré ses troupes combattantes d’Irak, s’est engagé à en faire de même en Afghanistan en 2014, et semble vacciné contre les aventures militaires agressives quand son rival républicain veut augmenter le budget de la défense et bombe le torse comme au bon vieux temps de l’hégémonie US.
Romney, non merci !
Alors, quitter le décevant-mais-raisonnable Obama pour un Mitt Romney dont la tournée « mondiale » l’été dernier a été une accumulation de gaffes, et dont l’inexpérience promet au mieux un long apprentissage et au pire une nouvelle ère calamiteuse pour la diplomatie américaine après celle de Bush Junior, non merci !
Vu que le choix américain est entre ces deux hommes, l’Europe choisit le moins pire, qui peut parfois être aussi le meilleur.
Si on conçoit que nos libéraux partagent les options idéologiques du candidat républicain, et en particulier son anti-étatisme primaire, on voit mal ce qui les séduit dans son programme de politique étrangère – sauf dans le cas de Philippe Karsenty, qui doit s’y retrouver dans son alignement sur l’aile dure de la coalition de droite et d’extrême droite israélienne.
Pas sûr que ce soit le meilleur moyen de crédibiliser une formation politique en quête de notoriété.
Bonus : le duel sur France Info
Le dernier débat de la nuit Obama-Romney sur la politique étrangère a été le thème du « duel » de France Info qui m’a opposé ce mardi matin à Jean-Sébastien Ferjou, du site Atlantico, dont sont actionnaires plusieurs des dirigeants du PLD.
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