Barack Obama l’a échappé belle. Le président des États-Unis en a été quitte pour une bonne frousse.
Sa victoire à l’arraché hier soir est moins spectaculaire qu’en 2008. Elle a aussi suscité moins d’enthousiasme chez les démocrates. Mais peu d’États-clés qui avaient appuyé M. Obama il y a quatre ans lui ont tourné le dos. Il s’agit d’un résultat impressionnant, compte tenu que son premier mandat s’est déroulé dans un contexte économique périlleux.
Fidèle à son habitude, l’Ohio a joué un rôle déterminant. En dernier ressort, c’est une décision que le président a prise en 2009 qui a facilité sa réélection: le sauvetage de l’industrie automobile. Les cols bleus qui en ont bénéficié ont renvoyé l’ascenseur à M. Obama, ce qui a fait la différence.
Malgré une reprise cahoteuse et un taux de chômage frôlant encore les 8%, les Américains ont reconduit le président à la Maison-Blanche pour un second mandat. C’est un exploit en soi. Certes, ils ne le font pas de gaieté de coeur. Cependant, ils préfèrent maintenir au pouvoir un président qu’ils connaissent bien plutôt que de confier les rênes du pays à un Mitt Romney aux promesses vagues et aux positions ambiguës. Les électeurs n’ont pas toujours endossé les décisions de leur président, mais ils apprécient l’homme. Leur vote est davantage pro-Obama qu’anti-Romney.
M. Obama se sera compliqué la tâche inutilement. Fin septembre, le président voguait vers une victoire facile. Mais sa performance décevante au premier débat a changé la donne: son incapacité à relever les lacunes de Mitt Romney a ouvert la porte à une remontée du candidat républicain. M. Obama a dû batailler ferme pendant le dernier mois de la campagne pour stopper l’hémorragie.
La consolidation des appuis du président dans la dernière semaine de la campagne laisse entendre que l’ouragan Sandy lui a donné un coup de pouce providentiel. La «surprise d’octobre» a interrompu l’élan de Mitt Romney tout en procurant une chance inespérée à M. Obama de montrer, à quelques jours de l’élection, la force de son leadership et sa profonde empathie en période de crise. Les louanges dithyrambiques à son endroit par le gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie, ont bien servi la cause du président et ont été perçues comme un coup de Jarnac au candidat républicain.
Trop occupé à dépeindre négativement son adversaire tout au long de la campagne, M. Obama ne s’est guère attardé à décrire ses projets pour les quatre prochaines années. Mais chose certaine, il n’aura pas le loisir de célébrer sa victoire très longtemps, car le spectre du «mur budgétaire» se profile déjà à l’horizon.
Or, le paysage politique n’a guère changé aux États-Unis à la suite du scrutin d’hier. Les républicains ont préservé leur majorité à la Chambre des représentants; les négociations s’annoncent pénibles entre la Maison-Blanche et le Congrès d’ici le 1er janvier.
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