Le mariage gay est d’actualité d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique en ce moment. Alors que la Cour Suprême hésite à se prononcer sur le sujet (réponse lundi ?), c’est même le grand sujet en dehors de la polémique budgétaire et du “fiscal cliff”. Et les Américains découvrent les manifestation anti-mariages qui ont lieu en France avec étonnement : “Les clameurs contre le mariage gay ont explosé à la face d’un pays qui aime tellement mettre en avance sa tolérance et son ouverture d’esprit en matière de sujets de société”, écrit Bruce Crumley, de “Time Magazine” dans un article intitulé “Le mariage gay est-il trop progressiste pour les Français ?”.
Il faut dire qu’au moment même où Serge Dassault évoquait l’homosexualité chez les Grecs comme source de décadence, le mariage gay était validé par référendum dans trois Etats américains: le Maine, le Maryland et Washington. Au total le mariage gay va donc être légal dans neuf Etats. Dix autres Etats ont mis en place des contrats de partenariat donnant les mêmes droits aux couples de même sexe. Pas mal pour un pays que les Français voient toujours sous l’emprise de bigots puritains.
Même s’il reste du chemin à faire, les mentalités ont considérablement évolué, toutes les enquêtes le montrent. En vingt ans, l’homosexualité est reconnue à peu près partout aux Etats-Unis. Jusqu’au si conservateur Texas : la maire de Houston est ainsi ouvertement lesbienne. “Alors, qui est prude, chers Français ? » (en français dans le texte) questionne Bruce Crumley.
Certes, pas question d’enjoliver le tableau. Ici aussi, des adolescents sont harcelés pour avoir avoué leur différence. Comme en France, certains vont jusqu’au suicide. Dans ces Etats ruraux hérissés de panneaux religieux omniprésents, dominés par une majorité de fondamentalistes chrétiens, il n’est certainement pas facile de dévier un tant soit peu des commandements bibliques. Mais de manière générale, la société américaine semble en avance sur la nôtre.
Non seulement dans les Etats les plus progressistes de la côte Est ou de Californie, mais aussi dans la plupart des grandes villes. Chez les jeunes, les campagnes anti “bullying” (harcèlement) menées depuis des années semblent porter leurs fruits, à en croire la facilité déconcertante avec laquelle de plus en plus de jeunes parlent ouvertement de leur homosexualité à leurs copains. Le carnet du “New York Times” comporte chaque jour des annonces de mariage homos, et les chroniques des bonnes manières abondent de conseils sur les subtilités du plan de table avec des couples du même sexe. Un peu partout, le droit à l’indifférence gagne manifestement du terrain.
Récemment encore, Barack Obama qui s’est prononcé au printemps dernier en faveur du mariage gay, a encore enfoncé le clou. En réponse à une petite fille lui disant avoir été élevée par deux papas, et lui racontant dans sa lettre que les autres enfants trouvaient ça bizarre, il lui a écrit : “En Amérique, il n’y a pas deux familles identiques. Nous célébrons la diversité, et nous savons que ce qui compte (..) c’est l’amour que nous montrons pour l’autre”. Rendue publique par la famille de la fillette, la lettre du président a crée le buzz, mais aucune polémique.
Le papier du “Times” en a crée un peu parmi les lecteurs, certains soulignant l’hypocrisie, sur les questions de sexualité comme de race, du pays de la “liberté, égalité, fraternité”. Conclusion d’un lecteur : “La société américaine est loin d’être parfaite, mais les Etats-Unis sont bien plus tolérants vis-à-vis des gays que la plupart des pays”.
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