Les élections américaines auront été intéressantes à plus d’un point de vue.
La planète entière a été fascinée par le duel qui opposait deux hommes que tout séparait. Les valeurs défendues par les démocrates et les républicains étaient aux antipodes les unes des autres. La plupart des observateurs, qui ont suivi de près cette campagne présidentielle, ont souligné l’existence d’un clivage sociologique entre les deux partis.
La défaite de Mitt Romney s’explique grandement par son incompréhension des changements qui transforment la population de son pays. La base électorale des républicains reposait sur le «vieux mâle blanc» dont les idées ne sont plus partagées par le reste de la société.
Les républicains se sont aliénés les femmes et les jeunes par leurs positions bien arrêtées sur l’avortement et la contraception. Leurs politiques répressives en matière d’immigration ont déplu aux Latinos. Les homosexuels n’ont guère apprécié l’objection des républicains au mariage entre deux personnes de même sexe. L’électorat afro-américain a été consterné par l’attitude de Donald Trump qui n’a cessé de questionner la nationalité de Barack Obama.
Et que dire des propos de Mitt Romney qui a affirmé que 47% des Américains sont des assistés… Ce n’est certainement pas de cette façon que l’on gagne une élection!
Les démocrates ont fait tout le contraire. Au lieu de «diviser pour régner», ils ont su mettre en pratique l’adage qui veut que «l’union fait la force».
Le discours de Barack Obama, après sa victoire, se voulait rassembleur. Seul un président démocrate pouvait prononcer de telles paroles: «Je crois que nous pouvons tenir la promesse de nos pères fondateurs, l’idée que si vous êtes prêt à travailler dur, peu importe qui vous êtes, d’où vous venez, à quoi vous ressemblez ou qui vous aimez. C’est sans importance que vous soyez noir, blanc, hispanique, asiatique, amérindien, jeune, vieux, riche, pauvre, handicapé, valide, homosexuel ou hétérosexuel, vous pouvez le faire ici, en Amérique, si vous avez la volonté d’essayer.»
Les responsables du parti républicain devraient lire ce discours qui, sans aucun doute, pourrait les inspirer. Ces derniers doivent réaliser que dans quelques années leur pays sera composé de plusieurs minorités: une blanche, une asiatique, une latino et une afro-américaine. Ne pas le comprendre sera suicidaire.
Au niveau international, le hasard a voulu que les élections américaines se déroulent quelques jours avant le 18e congrès du Parti communiste chinois où ont été désignés les nouveaux dirigeants qui présideront aux destinées de l’empire du Milieu.
Deux puissances, deux façons de nommer leurs responsables politiques. Les internautes chinois qui ont suivi de près les élections américaines furent probablement émerveillés par ce système politique qui veut que des citoyens choisissent librement ceux qui vont les gouverner.
En démocratie, le suffrage universel permet aux individus, toutes classes sociales confondues, de façonner collectivement leur avenir.
C’est la beauté du vote: tous sont égaux lorsque vient le temps de faire un choix.
Claude Beauregard
L’auteur est chargé de cours en communication à l’UQO et à l’UQAM
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