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Posted on December 8, 2012.
La Palestine à l’ONU : le rendez-vous manqué de Barack Obama
La Palestine vient d’accéder au statut d’Etat observateur non-membre de l’ONU, à la suite d’un vote durant lequel Barack Obama a marqué le refus des États-Unis de considérer la Palestine. Un geste extrêmement lourd de sens pour Daniel Salvatore Schiffer, qui se demande ce que le président américain a fait de son prix Nobel de la paix.
Israël et la Palestine, deux Etats vivant côte à côte dans une paix juste et durable : tel est, pour tout authentique démocrate, Juifs et Arabes confondus, le sens profond, uni à la véritable portée politique, du vote qui vient d’avoir lieu, ce 29 novembre 2012, à l’assemblée générale des Nations unies.
Cette admission de la Palestine au statut d’État observateur et non-membre de cette même Assemblée n’est, du reste, que légitime : cela faisait, très exactement 65 ans, depuis la partition de la Palestine advenue le 29 novembre 1947, que les Palestiniens attendaient ce jour devenu désormais historique pour eux.
La paix des braves
Dont acte ! Attention, cependant. Car cette admission de la Palestine à l’ONU, pour significative qu’elle soit, ne constitue encore là qu’une étape, aussi importante soit-elle, vers quelques chose de plus nécessaire et essentiel à la fois : la reprise, sans plus tarder, de négociations directes, afin d’aboutir enfin à cette véritable paix des braves, entre Israël et l’Autorité palestinienne, dont Mahmoud Abbas est, par la modération de ses discours théoriques comme par la sagesse de sa pensée politique, le plus digne et fiable, à l’heure actuelle, des représentants. C’est d’ailleurs à lui, bien plus qu’aux positions belliqueuses du Hamas, que la Palestine doit cet immense et très mérité succès diplomatique auprès du concert des nations.
Prudence, toutefois, là encore. Car il ne faudrait pas que cette très officielle et juste reconnaissance internationale de la Palestine ne devienne, à présent, une nouvelle pierre d’achoppement, source d’autres conflits latents ou déclarés, entre Juifs et Arabes.
Du coté palestinien, tout d’abord. Il doit s’abstenir, s’il ne veut pas ruiner ces efforts de paix, acquis de haute lutte, d’instrumentaliser, du point de vue juridique, cette reconnaissance : une mise en cause de l’État d’Israël, ou même d’un quelconque de ses dirigeants, devant la Cour pénale internationale anéantirait, a priori, toute ultérieure tentative de dialogue. De même doit-il renoncer définitivement à toute action terroriste (lancement de roquettes, attentats kamikazes, explosions…) à l’encontre d’Israël.
Du côté israélien, ensuite. Il doit éviter d’utiliser cette même reconnaissance internationale de la Palestine comme un prétexte pour sanctionner financièrement l’Autorité palestinienne, qui s’avère à la fois un facteur de paix, en cette turbulente région, et un gage de sécurité, par la modération de ses responsables politiques, pour Israël même, dont le gouvernement doit également mettre un terme, conformément à ses frontières internationalement reconnues depuis 1967, à l’extension de ses implantations, synonymes d’occupation, en Cisjordanie.
Ce n’est qu’ainsi, à force de sagesse politico-diplomatique et de solutions équitablement négociées, auxquelles il faut encore ajouter l’indispensable retour des réfugiés dans leurs territoires, que les dirigeants palestiniens et israéliens œuvreront définitivement pour cette paix tant désirée par les hommes et femmes, à travers le monde civilisé, de bonne volonté.
Barack Obama, que faites-vous de votre prix Nobel de la paix ?
Ainsi ne pourra-t-on que regretter très amèrement que l’actuel président des États-Unis, Barack Obama, que l’on dit démocrate et humaniste, ne s’associe pas à cette admission de la Palestine à l’ONU. C’est là une grave erreur politique, préjudiciable pour Israël même, pays toujours plus isolé sur l’échiquier international, en même temps qu’une non moins impardonnable faute morale au regard de sa propre personne, qui se montre là indigne, encore une fois, de ce prix Nobel de la paix dont il a été un peu trop vite, et inconsidérément, honoré.
Car, contrairement au courage politique tout autant qu’à la lucidité diplomatique dont firent preuve deux ses deux prédécesseurs, l’ex-Président Jimmy Carter lors des accords de Camp David (traité de paix, signé le 17 septembre 1978, entre l’Egypte et Israël) et l’ex-Président Bill Clinton avec les Accords d’Oslo (traité, signé le 13 septembre 1993, préconisant la résolution du conflit israélo-palestinien), Barack Obama ne répond, dans ce cas, qu’aux exigences, très ponctuelles et sans aucune vision d’ensemble pour l’avenir, d’une absurde et inconsistante “Realpolitik”, que l’on pourrait donc dire là, sans vouloir froisser personne, à l’aveugle solde d’un Israël demeurant incompréhensiblement sourd aux revendications, pourtant légitimes, des Palestiniens.
Et là, l’erreur, de la part du président américain, se révèle colossale sur le plan stratégique : celle de prendre le risque, en s’obstinant à vouloir priver les Palestiniens de leur Etat, de favoriser la guerre – une guerre sanglante et interminable – plus que la paix. Le paradoxe, pour un prix Nobel de la paix, est énorme…
Conclusion ? Oui : l’Amérique d’Obama a manqué là, en se refusant à admettre l’existence de la Palestine aux Nations-Unies, son rendez-vous avec l’Histoire !
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