A Scandalous New York Post: What Would We Do in the Photographer’s Place?

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Une scandaleuse du “New York Post” : à la place du photographe, qu’aurions-nous fait ?

Une scandaleuse du “New York Post” : à la place du photographe, qu’aurions-nous fait ?

Modifié le 05-12-2012 à 16h55

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Temps de lecture : 3 minutes

Par Marion de M.

citoyenne engagéeLE PLUS. C’est une couverture qui ne laisse personne indifférent. Le “New York Post” a publié mardi une photo d’un homme poussé sur les rails, juste avant le passage du métro new-yorkais. Depuis, la polémique ne cesse d’enfler. Fallait-il publier cette photo ? Bien sûr que non, répond notre contributrice Marion de M, moins sévère avec l’auteur du cliché.

Édité par Louise Pothier

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Une scandaleuse du New-York Post (Capture)

En matière de unes à scandale, on était habitués à l’humour graveleux de “Charlie Hebdo”, au grand méchant islam revu et corrigé par “L’Express” ou “Le Point”. Mais tous paraissent de bien petits joueurs à côté du “New York Post”.

Le tabloïd américain a publié une photo assez hallucinante, dure à regarder : un homme tombé sur les rails du métro, quelques secondes avant sa mort.

La photo ne laisse pas indifférent, et on peut le comprendre. Nous voilà spectateurs de l’horreur.

Après l’émotion, on se dit : mais que faisait le photographe ? Eh bien… il prenait des photos. Plutôt que d’essayer de remonter le pauvre homme, il actionnait son flash, espérant alerter le conducteur du train.

Une fois les faits posés, je me pose deux questions :

1. Le “New York Post” devait-il publier cette photo ?

2. Le photographe est-il la pourriture que certains décrivent, coupable de non-assistance à personne en danger ?

1. Sur le “New York Post”

Jusqu’où publier l’horreur ? C’est l’éternelle question, qui rappelle des cas précédents. Citons par exemple le “falling man” du 11 septembre 2001, cet homme que l’on voit tomber la tête la première dans le vide ; les images de l’accident mortel de luge aux JO de Vancouver en 2010 ; les photos du cadavre ensanglanté de Kadhafi… Et les exemples sont encore nombreux.

En général, la réponse est la même : les images sont dures, mais elles reflètent une réalité qu’il ne faut pas nier ; c’est le devoir d’information, etc. Pourquoi pas.

Mais dans le cas de l’homme tombé sur les rails du métro, peut-on m’expliquer quelle est la valeur ajoutée de la photo, si ce n’est nous donner envie de vomir ? En tant que citoyenne, consommatrice de journaux, je n’en vois pas l’intérêt, si ce n’est de nous offrir sur un plateau d’argent un spectacle glauque.

Comme le souligne ce journaliste (éditeur au “Guardian”), imaginez ce que peut ressentir la famille de la victime…

Le mot qui résume le mieux cette une, c’est “ordure”, pour reprendre l’expression employée par un autre Twitto.

Sur le photographe

Sur ce point, je serais un peu moins sévère. Le photographe a shooté. Il dit avoir voulu alerter le conducteur du train.

Face à nos écrans, tranquilles que nous sommes, nous nous disons : mais quel boulet, pourquoi ne lui a-t-il pas tendu le bras pour le sortir de là, plutôt que de le prendre en photo ?

Facile à dire. Dans cette situation, qui sait ce que nous ferions, comment nous réagirions ? Pris de peur, de panique, j’imagine la paralysie qui peut nous envahir. Ce n’est, rationnellement, pas la bonne réaction mais il doit être difficile de raisonner dans ces moments-là, d’avoir le sang froid, de se dire : j’ai trois secondes pour réagir sans commettre d’erreur, sinon la vie d’un homme en dépend.

Difficile de prédire comment nous aurions, chacun de nous, réagi.

En tout cas, ce qui pouvait se prédire, c’était le scandale que provoquerait cette une. Une couverture de la honte. Honte pour un journal qui ne mérite pas ce nom. Et honte à moi. Oui, à moi qui ai malgré tout regardé cette photo, prise d’une curiosité malsaine. Une curiosité que j’aimerais ne pas avoir mais contre laquelle je ne parviens pas à lutter. Quand je lis partout “la une qui fait scandale”, “la polémique” etc., j’ai envie de voir l’image pour me forger une opinion. Une image que j’aurais préféré ne jamais voir.

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