The Puzzle of Guantanamo Bay

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Quand on lui parle de la prison de Guantanamo (photo: manifestation devant la Cour suprême de Washington/Saul Loeb/AFP), symbole des années de torture sous l’administration de George W. Bush, il ne mâche pas ses mots. Jeudi dernier, lors d’un débat au Congrès sur Guantanamo, le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham a même recouru à l’hyperbole pour exprimer ses sentiments: “La plupart des Américains pensent que les gens (détenus) à Guantanamo ne sont pas de simples cambrioleurs ou braqueurs de banques. Ils veulent notre destruction. Et comme le peuple américain, j’estime que nous sommes assiégés, que nous sommes attaqués, que nous sommes en guerre. Les Américains ne veulent pas fermer Guantanamo, un établissement militaire isolé, contrôlé par les militaires et apporter ces bâtards fous (crazy bastards) aux Etats-Unis car ils veulent tous nous tuer.” S’adressant à ceux qui pensent qu’il serait une bonne idée de fermer la prison sise sur la portion de territoire américain de Cuba, il relève qu’ils ont oublié un peu vite les attentats du 11 septembre 2001: “Vous avez perdu la raison? Nous sommes en guerre. Agissez comme si vous étiez en guerre.”

Lindsey Graham n’est pas n’importe qui. Ces jours, il est passé sur toutes les chaînes de télévision pour fustiger la candidate potentielle au poste de secrétaire d’Etat pour remplacer Hillary Clinton, Susan Rice. Le sénateur est une figure du Congrès qu’on a même souvent vu sillonner la planète avec les sénateurs John McCain et Joe Lieberman.

Récemment, le New York Times prenait une tout autre position dans un éditorial, relevant que la prison de Guantanamo reste une tâche qui souille la démocratie américaine. Le quotidien reconnaît que Barack Obama n’a pas eu la vie facile pour tenir sa promesse de fermer l’infâme prison au cours de sa première année à la Maison-Blanche. Durant la campagne électorale, il n’a quasiment jamais été question de Guantanamo. Lors du Daily Show de Jon Stewart, sur Comedy Central toutefois, le président a néanmoins manifesté sa volonté de toujours vouloir fermer la prison.

Aujourd’hui, c’est surtout le Congrès qui bloque toute évolution du dossier. Ce dernier pose des conditions impossibles pour le transfèrement des 90 prisonniers encore détenus à Cuba vers leur pays d’origine. En deux ans, il n’y a quasiment eu aucun transfèrement de ce type. Il est, à ce stade, encore moins probable que les prisonniers soient transférés vers des cours de justice sur sol américain. Les organisations de défense des droits de l’homme et des droits civiques s’insurgent. Elles déplorent le fait qu’on ne souhaite pas accorder les mêmes droits à la justice à des musulmans. Elles demandent à Barack Obama d’opposer son veto à l’adoption pour 2013 du National Defense Authorization Act qui posent les exigences à respecter pour de tels transfèrements.

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