A Global Tragedy

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«Il jugera entre les nations, il sera l’arbitre de peuples nombreux. Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre» Esaïe 2/4.

Le vendredi 14 décembre, un jeune homme de 20 ans rentre dans une école primaire de Sandy Hook dans le Connecticut, il fait un carnage tuant une vingtaine d’enfants de 6 à 7 ans ainsi que six enseignants de l’école. Il se donne ensuite la mort, auparavant il avait tué sa mère et s’est servi de trois pistolets et d’un fusil d’assaut. Sa mère lui a appris à tirer. Nous ne connaîtrons peut-être jamais les motifs réels; l’individu était issu d’un milieu sans histoire.

Singularité de la vie à l’américaine

Les Etats-Unis sont le pays des paradoxes. «In God we trust», lit-on sur les billets de banque, dans le même temps les Etats-Unis semblent être le pays le moins sûr au monde. La preuve magistrale nous est donnée d’une façon magistrale par la tuerie de Newtown. Sylvie Kaufmann nous raconte les dérives de cette politique sécuritaire au nom du deuxième amendement: «Un beau jour de 1995, George Bush, dans un geste de profonde indignation, renvoya sa carte de membre de la NRA, la National Rifle Association, à la puissante organisation de défense des armes à feu et le fit savoir. Un extrémiste en révolte contre l’Etat, Timothy McVeigh, venait de faire sauter un bâtiment fédéral à Oklahoma City, tuant 167 personnes. L’Amérique sous le choc, découvrait l’existence en son sein de milices de «patriotes» paranoïaques, obsédés par l’idée que l’Etat américain cherchait à les priver de leurs armes. Quelques jours avant l’attentat, la NRA avait eu le mauvais goût d’envoyer une circulaire à ses 3,4 millions d’adhérents dans laquelle les agents des forces de l’ordre fédérales étaient qualifiés de «nazis». Cette lettre, expliqua George Bush, «offense profondément mon sens de la décence et de l’honneur». Piquée au vif, la NRA dut acheter des pages entières de publicité dans les journaux pour répondre à l’ex-président George Bush.

Sylvie Kauffmann situe la paranoïa sécuritaire après le 11 septembre: «Le fils n’a pas eu cette «décence»-là. (…) La révolution sécuritaire qui s’est emparée des Etats-Unis après l’attaque du 11 septembre 2001, parallèlement aux deux mandats de George W.Bush, de 2000 à 2008, ont inversé la dynamique sur le contrôle des armes à feu et infligé une véritable régression à cette dimension très particulière de l’identité américaine, si incompréhensible pour le reste du monde.» (1)

Elle cite la tentative réussie de Bill Clinton de moraliser l’utilisation des armes à feu: «Le président Bill Clinton s’était fait le champion du “gun control” , expression qui a fini par désigner, en politique, les efforts visant à restreindre l’accès aux armes à feu. Car aux Etats-Unis, pas question d’interdire: le deuxième amendement de la Constitution consacre le “droit des gens à détenir et à porter une arme” . Les adversaires des armes à feu ne peuvent donc agir qu’à la marge. (…) Dans les années 1990, Bill Clinton et plusieurs élus, comme la sénatrice Dianne Feinstein, avaient réussi à faire pencher le balancier dans le sens d’un contrôle accru. La loi Brady, promulguée en 1993, qui imposait un contrôle des antécédents de tout acheteur d’une arme à feu, avait été promue par un collaborateur du président Reagan, Jim Brady, grièvement blessé d’une balle dans la tête lors de la tentative d’assassinat de Ronald Reagan en 1981. Puis en 1994, le vote d’un projet de loi interdisant 19 modèles d’armes semi-automatiques d’assaut, pour lequel M. Clinton s’était battu comme un lion, fut considéré comme un coup dur pour la NRA.» (1)

Le bilan des tueries par armes à feu

Tout changea, dit-elle, avec George Bush Junior: «Mais la loi d’interdiction des armes d’assaut n’était en vigueur que pour dix ans. En 2004, l’humeur avait changé, le président aussi et le Congrès n’a pas jugé utile de la renouveler. (…) Barack Obama, a repris la Maison-Blanche en 2008, mais sur la question des armes à feu, il n’a jamais montré la fougue de Bill Clinton. Entre-temps, le nombre de membres de la NRA est passé de 3,4 à 4,3 millions.» (1)

Sept tueries de masse qui ont fait au total 68 morts, 2012 est «l’année la plus meurtrière qu’aient connue les Etats-Unis», souligne The New Republic. «Soixante-dix tueries de masse ont eu lieu depuis 1982 et elles ont fait 543 morts», souligne le site de l’hebdomadaire de Washington, «Or, sept de ces tueries ont eu lieu en 2012 et le nombre de victimes cette année s’élève à près du double de chacune des années précédentes.» «Si les scènes d’horreur comme celle de Newtown nous sont désormais familières, note The New Republic, c’est parce que les six dernières années ont été particulièrement sanglantes: 45% des victimes des tueries de masse aux Etats-Unis au cours de ces trente dernières années l’ont été depuis 2007. Il s’agit d’une véritable situation de crise.» (2)

Depuis 1999, 26 fusillades de masse dans 21 Etats différents ont causé la mort de 225 personnes et fait au moins un millier de blessés aux Etats-Unis. A chaque fois, écrit Sandra Jean, c’est la même chose. D’abord, l’horreur qui déboule sans crier gare. Ensuite, l’étalage de toutes ces vies détruites. Puis vient le temps des conjectures. Et invariablement, le débat. Faut-il réguler le marché des armes? On compte aujourd’hui plus de 300 millions d’armes à feu aux USA. Chaque mois, un million d’armes sont vendues. Toutes les 20 minutes, une personne meurt par balle, victime d’un homicide ou d’un suicide. Les enfants de 5 à 14 ans qui vivent aux Etats-Unis ont 13 fois plus de risque de se faire abattre qu’ailleurs dans le monde industrialisé. La litanie est connue. Mais la démonstration de causalité entre le nombre d’armes et la prolifération des tueries en tout genre n’est toujours pas suffisamment convaincante pour faire bouger les choses. (3)

Que faire?: renforcer le contrôle des armes à feu

Tout le monde s’accorde à dire qu’il faut réglementer. «Pour de nombreuses voix, Gilles Blassette du journal La Croix, il est urgent de renforcer le contrôle des armes à feu pour mieux encadrer l’accès aux armes dans un pays qui en compte près de 300 millions – soit une par habitant. (…) La NRA, qui revendique près de 4 millions de membres, est l’un des plus importants contributeurs lors des cycles électoraux. (…) La NRA a dépensé près de 20 millions de dollars (15 millions d’euros) lors des élections de cet automne. Chaque année, elle dépense en outre plusieurs millions pour faire avancer des textes qui lui sont favorables au Capitole. La puissance de ce lobby est aussi, sinon surtout, ailleurs. C’est aussi elle qui a réussi à mettre dans la tête de nombreux Américains que la solution n’est pas moins d’armes… mais plus d’armes! (….) En 2008, la Cour suprême a ainsi dénié à Washington le droit d’interdire les armes sur son territoire. «Or, pour modifier la Constitution, il faut un vote du Congrès des deux tiers des deux chambres, plus la ratification par trois quarts des États, rappelle Vincent Michelot. Enfin, cette question doit être replacée dans un contexte plus large: celui de la violence aux États-Unis. Le pays doit s’interroger sur ce qui, en son sein, la nourrit.» (4)

Cela va même plus loin, c’est l’accusation à l’envers: «Si les profs avaient été armés: «Les partisans des armes mettent en avant deux arguments pour s’opposer à tout changement de la législation actuelle: ce ne sont pas les armes qui tuent mais les humains qui les manipulent; le problème provient non pas d’un sur-armement mais au contraire du sous-armement de ceux qui pourraient se défendre. (…) Ainsi, Larry Pratt, directeur de l’association Gun Owners of America (possesseurs d’armes aux Etats-Unis), estime que les professeurs, s’ils avaient été armés, auraient pu empêcher le drame: les partisans du contrôle des armes ont le sang de jeunes enfants sur leurs mains. Les lois fédérales et celles de l’Etat garantissent qu’aucun professeur, aucun responsable, aucun adulte ne puisse détenir une arme à l’école de Newtown où les enfants ont été tués. Cette tragédie souligne l’urgence de supprimer l’interdiction des armes dans les zones scolaires.» (5)

«Autre argument utilisé par Gun Owners of America et proclamé sur un T-shirt de l’association: «Si ce sont les armes qui tuent les gens, alors ce sont les stylos qui font des fautes d’orthographe, les voitures qui font conduire les gens ivres et les cuillères qui ont rendu Rosie O’Donnell [une animatrice de télévision américaine, ndlr] grosse.» (…) «Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un Etat libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé.» Lors de son adoption en 1791, cet amendement garantissait notamment le droit du peuple à participer à l’application de la loi et à lutter contre un gouvernement tyrannique.» (5)

Theophraste du site alternatif «Le Grand Soir» s’insurge: ««Les parents savaient-ils que cette personne à qui ils confiaient leurs enfants était une dingue de la gâchette? Ça leur fait quoi aux Étatsuniens de se lever le matin en se disant: «Tiens, aujourd’hui, trente-quatre personnes vont mourir d’une balle dans la peau?» C’est quoi ce pays où des millions de gens pensent que s’il y a des tueries, c’est parce que les citoyens ne sont pas Tous armés? C’est quoi cette nation de cow-boys qui n’envisage pas de supprimer de sa Constitution le deuxième amendement (voté en 1791) qui garantit à tout habitant le droit de porter une arme? À l’époque, les citoyens redoutaient que le gouvernement puisse les désarmer pour imposer une armée de métier ou une milice. En 2008, la Cour suprême ordonna que l’autodéfense était un élément central du droit.» (6)

Les autres causes possibles de ces tueries

A chaque tuerie et fusillade son lot de débats et de commentaires sur les causes qui ont pu provoquer le passage à l’acte du tueur. La tragédie de Newtown n’échappe pas à la règle. Dans le même ordre d’idées, des sites d’information comme celui d’Europe1, expliquent, au lendemain du drame, qu’Adam Lanza et ses amis «passaient de longs moments à jouer aux jeux vidéo», et que lui, plus particulièrement, «adorait ce qui venait du Japon, il collectionnait les cartes Pokemon et jouait sur sa console PlayStation à Dynasty Warriors, un jeu de combat avec armes à feu sorti dans les années 1990». Pour l’ancien gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee cité par Fox News: «On se demande pourquoi il y a de la violence dans nos écoles, mais nous en avons retiré Dieu d’une manière systématique. Doit-on être surpris qu’en conséquence, nos écoles deviennent des lieux de carnage? Nous n’avons pas de problèmes liés à la criminalité, à la circulation des armes ou à la violence. Nos problèmes, ce sont les péchés.»

Le massacre des innocents et la malhonnêtetédes médias main stream

En Iran, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, iranien, a «condamné le massacre des enfants américains […] et a présenté ses condoléances aux familles des victimes», tout en appelant «la société américaine à participer au mouvement de lutte contre la guerre et le massacre des innocents à travers le monde». Il a ajouté cette précision, pour être bien compris: «Il n’y a aucune différence entre les enfants victimes d’actions armées à Gaza, aux Etats-Unis, en Afghanistan, au Pakistan, en Irak ou encore en Syrie.» En Chine, l’agence de presse d’Etat Chine nouvelle a pris position clairement pour le contrôle des armes: «Le sang innocent exige sans délai un contrôle des Etats-Unis sur les armes à feu.» (7)

Justement à propos du massacre des innocents «Et si Obama y est allé de sa petite larme, il conviendrait, aussi, de lui rappeler que les tonnes de bombes qu’il a déversées sur l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie… ont tué des enfants, beaucoup d’enfants sans que le monde gangrené par la finance ne s’en émeuve et sans qu’il ne verse une larme. Et que dire de Ghaza… Ce documentaire britannique suit quelques familles américaines, passionnées par les armes à feu, et dont les enfants apprennent à les utiliser, qu’ils le veuillent ou non. (8).

Avec un rare cynisme, toutes les chaînes radio, et de télévisions ont rapporté des dizaines de fois les mêmes faits, sans qu’on ait vu réellement la réalité. C’est tout au plus des scènes de pleurs et de compassion envers ces enfants à qui on a volé la vie. Même l’Unicef qui est censée défendre les enfants quelles que soient leurs latitudes était aux abonnés absents, rappelant cruellement son mutisme quand des centaines d’enfants de Ghaza passèrent de vie à trépas eux aussi. Il est scandaleux de voir, d’entendre ad nauseam les médias occidentaux tourner en boucle les évènements et la détresse de cette petite ville sans naturellement apporter aucun élément nouveau quant aux mobiles profonds de ce crime de masse. Sans faire dans la concurrence victimaire, l’humanité nous ordonne dans le mouvement de compassion à citer aussi les multiples bavures de la coalition en Afghanistan le 8 février 2012. Dernière bavure en date, huit enfants ont été tués dans les attaques le 8 février.

Souvenons-nous aussi des 500 000 enfants morts de malnutrition du fait d’un embargo inhumain, ce qui à l’époque, avait fait dire à Madeleine Albright: «Si c’est le prix à payer pour faire partir Saddam Hussein ce ne serait pas cher payé» Et à Ghaza? Tout le monde des 400 «bourgeons fauchés juste après leur éclosion» en 2008-2009? Personne n’a eu des larmes de crocodile à sécher d’une façon théâtrale! Même le dernier raid du mois dernier a vu la mort de 161 morts Palestiniens 5 morts Israéliens! Plusieurs dizaines d’enfants comme tribut à la faucheuse et la victimisation est toujours du même côté. Ceux qui restent en vie sont traumatisés à vie et il n’y a point de psychologues à leur chevet pour les aider à se reconstruire!!! Plus largement, comment faire pour que des enfants des pays en guerre guérissent de leurs traumatismes??? Cette thérapie peut, elle doit être appliquée aux enfants ghazaouis rescapés des hélicoptères Apache, des Phantom F16 et des drones? Ce massacre a été sans doute un horrible évènement mais de là à en parler comme si c’est un marqueur spécifique et universel, trop c’est trop! Soyons justes, soyons humains, totalement humains peut-être serons-nous sauvés. Le prophète Isaïe nous invite à être utiles à l’humanité.

1.http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/12/17/tuerie-de-newtown-le-fusil-et-l-identite-americaine_1807444_3222.html

2.http://www.courrierinternational.com/breve/2012/12/17/2012-annee-meurtriere

3.http://www.lematin.ch/monde/

ameriques/newton-pleure-victimes/story/10598989

4.Gilles Blassette http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/La-Maison-Blanche-face-aux-partisans-des-armes-a-feu-_NG_-2012-12-17-888926

5.http://www.rue89.com/2012/12/15/tuerie-de-newtown-quen-disent-les-defenseurs-des-armes-237839

6.http://www.legrandsoir.info/spip.php?page=forum&id_breve=3128

7.http://www.rue89.com/2012/12/15/condoleances-diplomatiques-apres-newtown-liran-et-la-chine-font-passer-un-message-237843

8. http://www.oulala.info/2012/12/armes-a-feu-un-jeu-denfants/

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