Gun Control: The Obama Method

 .
Posted on December 21, 2012.

<--

Contrôle des armes: la méthode Obama

Deux discours chargés d’émotion… et on prend le temps de réfléchir. La réponse de la Maison Blanche à la tuerie de Newtown, qui est non pas la quatrième mais la huitième de la présidence Obama (en ne comptant que les tueries qui ont fait au moins 5 morts, c’est-à-dire celles de Fort Hood, Binghamton, Tucson, Oakland, Aurora, Oak Creek, Minneapolis et Newtown) est très révélatrice de la méthode Obama. Après avoir lui-même essuyé une larme dans son premier hommage aux victimes dès vendredi, Barack Obama a précisé dimanche à Newtown que la réponse prendrait des “semaines” et que son rôle serait surtout de mobiliser “l’effort de mes chers concitoyens, des forces de l’ordre aux professionnels de la santé mentale, aux parents et éducateurs”. Le “leading from behind” maintenant appliqué à la politique intérieure…

Lyndon Johnson, à qui les Etats-Unis doivent tout de même Medicare, Medicaid et des avancées clés pour les droits civiques, aurait procédé tout autrement, rappelait lundi matin son ancien conseiller Joseph Califano, dans cet oped publié par le Washington Post. “Nous n’avons que deux semaines, peut-être même que 10 jours, avant que le lobby des armes s’organise” avait prévenu Lyndon Johnson, ordonnant à son équipe et ses alliés au Congrès de légiférer au plus vite après l’assassinat de Robert Kennedy, qui avait suivi ceux de Martin Luther King et John F. Kennedy. Obama pourrait aussi agir immédiatement en profitant de la “session des canards boiteux”, la fin de course du Congrès sortant, plaide Califano.

Mais Obama n’est pas Johnson, rappelle encore cette tuerie de Newtown. La précipitation n’est certainement pas sa marque de fabrique, reconnait son entourage, soulignant plutôt combien le 44ème président américain préfère toujours prendre le temps de peser et repeser toutes ses options. Plutôt que de se précipiter au Congrès pour demander au moins l’interdiction des armes d’assaut (qui figurait parmi ses engagements de 2008), Obama a demandé à ses conseillers et ministres de lui présenter des propositions très larges, incluant la sécurité dans les écoles et l’amélioration des soins psychiatriques. Très avare de son capital politique et très frileux jusqu’à présent sur la question du contrôle des armes (1), Barack Obama prévoit surtout de laisser le Congrès et l’opinion publique, sous forme notamment de pétitions qui se sont multipliées depuis vendredi, engager le travail et sonder le terrain, avant de mettre son poids dans la bataille. La réponse de la Maison Blanche sera une question de “semaines” plutôt que de jours, n’a cessé de répéter lundi son porte-parole Jay Carney aux journalistes américains qui s’impatientent.

Si l’émotion est assez forte et si les élus au Congrès réussissent à s’entendre sur quelques restrictions au libre commerce des armes, Barack Obama pourra bien sûr ensuite rejoindre l’arène puis mettre le résultat à son crédit. Mais beaucoup aimeraient bien sûr un président un peu plus “courageux”. Excédé par cette méthode, Dana Milbank du Washington Post va jusqu’à soupçonner Obama ce mardi d’attendre… la prochaine tuerie.

(1) Jusque dans son discours à Newtown dimanche, Obama a même minimisé le problème de ces tueries en n’en évoquant que quatre durant sa présidence (celles pour lesquelles il s’est déplacé sur le terrain) quand elles sont au moins huit. Comme le rappelle aussi cet autre article du Washington Post, le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives, censé garder un oeil sur la prolifération des armes aux Etats-Unis est sans directeur depuis… six ans. Son patron par interim Todd Jones exerce actuellement ses fonctions à temps partiel depuis le Minnesota où il est aussi procureur fédéral.

About this publication