United States: From Roosevelt to Obama

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Posted on January 11, 2013.

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Novembre 2008 ne fut pas une victoire éphémère. Quatre ans plus tard, Barack Obama est réélu pour un second mandat. L’Amérique renvoie à la Maison Blanche un homme qui incarne sa diversité. Elle sanctionne un bilan, plutôt positif, et vote pour la continuité. Mais le scrutin de 2012 est surtout le reflet des bouleversements démographiques que connaît le pays. L’Amérique de ce début de XXIe siècle ne ressemble pas aux Etats-Unis de 1945, là où ce livre commence.

Les minorités d’origine “non européenne” pèsent de plus en plus : 15 % de Latinos dans la population (quelque 313 millions d’habitants) ; 13 % de Noirs ou Afro-Américains ; 5 % d’Asiatiques. A l’horizon 2050, ces “minorités” seront majoritaires… A l’élection présidentielle de 2012, elles se sont reconnues dans le premier président noir de l’histoire du pays – pas dans le couple d’hommes blancs qu’affichait le ticket républicain. Elles ont plébiscité Barack Hussein Obama. Le vote afro-américain est allé au candidat démocrate à 93 %, celui des Latinos à 71 %, celui des Asiatiques à 73 %. Dans l’ensemble de la population, les moins de 30 ans ont voté pour Barack Obama à plus de 60 %.

Par la grâce d’un découpage des circonscriptions favorisant les “sortants”, les 129 millions d’Américains qui ont voté, le 6 novembre 2012, ont pourtant renvoyé à la Chambre des représentants une solide majorité républicaine. Schizophrénie électorale ? Signe d’un certain désarroi politique ? Les politologues trancheront. La presse américaine diagnostique un moral peu assuré, pour ne pas parler de déprime. Elle dresse le portrait d’un pays qui doute face aux défis qui l’attendent.

Imperium politique ébranlé

A l’intérieur, la crise financière de 2008 a révélé les failles d’un capitalisme à la mode de Wall Street – spéculatif, déréglementé, prodigieusement inégalitaire. Obama s’est efforcé de recoller les morceaux. Mais la croissance reste des plus médiocres. Et la Maison Blanche et le Congrès, démocrates et républicains, sont toujours à la peine pour définir ensemble une stratégie sérieuse face à la pathologie qui mine l’Amérique : la dette – les abysses d’une dette accumulée par un pays qui consomme plus qu’il ne produit et un Etat qui dépense plus qu’il ne gagne.

Le défi est aussi extérieur. La plus grande des démocraties industrielles n’est plus assurée de sa première place : elle est concurrencée par la Chine, deuxième économie de la planète. Son imperium politique est ébranlé. Ce début de siècle vit à l’heure des puissances émergentes – Inde, Brésil, Indonésie, Turquie – qui, dans le sillage de la Chine, contestent le leadership américain.

L’humeur du pays n’est plus celle de l’après-guerre froide. Quand les Etats-Unis, sortis victorieux de leur face-à-face avec l’URSS, se voyaient en position d’hyperpuissance. Quand ils exerçaient une domination presque sans partage, qu’il s’agisse de l’économie, de la science, de la culture et, plus encore, de la puissance militaire. Le temps de la prépondérance quasi absolue a pris fin avec les attentats de septembre 2001. Les deux guerres qui suivent vont révéler aux Etats-Unis les limites de leur puissance militaire et l’explosion financière de 2008, les limites du capitalisme à l’américaine.

Habituellement portés aux anticipations optimistes, les Américains se réfugient volontiers dans la nostalgie du “bon vieux temps”. Ils embellissent les années 1950 et 1960, ils oublient les drames qui ponctuèrent la décennie 1970 ; ils pleurent les années Reagan (1980-1988) et se remémorent avec bonheur les deux mandats de Bill Clinton (1992-2000). En ce temps-là, les républicains n’étaient pas à la botte d’un groupe d’extrémistes et les deux grands partis finissaient par s’entendre peu ou prou sur les problèmes du pays.

C’en est fini de ce consensus, des grandes lois bipartites et d’un centrisme politique qui paraissait partagé dans les deux Chambres du Congrès. Quelque chose a été perdu en chemin, une manière empirique de faire de la politique.

M. Obama a promis d’y remédier. Arguments forts à l’appui, il ne croit pas au repli américain. Après tout, la peur du déclin hante les Etats-Unis depuis bien longtemps : elle affleure çà et là tout au long de ce moment d’histoire américaine que retrace ce livre.

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