Obama choisit des militaires pour rechercher la paix
Le feuilleton de la bataille entre l’administration Obama et les républicains sur le budget a occulté les grandes échéances internationales de l’année 2013. La communauté internationale attend pourtant des décisions – et un leadership – des Etats-Unis sur plusieurs dossiers restés en souffrance jusqu’à l’élection de novembre 2012 : le nucléaire iranien, le retrait d’Afghanistan, le processus de paix israélo-palestinien et, bien sûr, la Syrie.
Sans attendre son discours d’investiture du 21 janvier, les premières nominations auxquelles vient de procéder Barack Obama donnent déjà de clairs signaux sur l’action extérieure qu’il entend mener durant son second mandat. Elu en 2008 après moins de quatre ans passés au Sénat, le président américain avait eu la prudence de s’entourer de figures de poids : le républicain Bob Gates à la défense, Hillary Clinton aux affaires étrangères, Leon Panetta à la CIA.
Aujourd’hui, il s’estime en mesure de choisir “ses” hommes. Les trois candidats qu’il a désignés – le démocrate John Kerry au département d’Etat, le républicain Chuck Hagel au Pentagone et le professionnel John Brennan à la CIA – sont avant tout des proches. Et peu lui importe s’ils sont loin de faire l’unanimité au Congrès. M. Hagel provoque de sérieuses poussées d’urticaire chez les néoconservateurs pour sa propension à prendre ses distances avec l’AIPAC, le lobby pro-israélien aux Etats-Unis ; et son indépendance d’esprit l’avait conduit à refuser de cautionner le “surge” (les renforts) de 2009 en Afghanistan. Quant à M. Brennan, qui a passé vingt-cinq ans à la CIA et entériné le programme d'”interrogations renforcées” de George Bush, il déplaît à la gauche du Parti démocrate.
Mais la nomination de M. Kerry et de M. Hagel a un sens plus politique : Barack Obama a choisi deux anciens militaires multi-médaillés, qui ont rapporté à eux deux cinq “Purple Heart” du Vietnam. Ils savent, selon l’expression employée lundi 7 janvier par le président américain, que “la guerre n’est pas une abstraction”, contrairement à tous les va-t-en-guerre néoconservateurs qui n’ont jamais porté l’uniforme. Le choix de ces deux hommes le démontre donc : M. Obama entend donner toutes ses chances à la diplomatie et poursuivre le “reflux de la guerre” amorcé avec la fin du conflit en Irak.
Les taches prioritaires de Chuck Hagel seront l’accélération du retrait d’Afghanistan et la réduction de dépenses militaires qui continuent à représenter 20 % du budget. John Brennan, le “M. Drones” de la Maison Blanche, doit ramener la CIA sur une voie moins militaire et redonner toute sa place au renseignement. John Kerry sera sans doute moins flamboyant qu’Hillary Clinton. Mais son style – missions discrètes et diplomatie de l’ombre – pourrait être précieux pour gérer des dossiers aussi épineux que ceux de l’Iran ou du Proche-Orient.
Les républicains ont tort de considérer que le choix de Chuck Hagel ou de John Kerry est le signe que Barack Obama entend se dérober sur l’Iran. Au contraire. Rien de tel que l’assentiment d’une équipe de “guerriers malgré eux” si les circonstances finissaient par exiger une intervention militaire.
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